Œufs contaminés au fipronil en France aussi ? Les autorités « ne l’excluent pas »
Alors que le scandale des œufs contaminés au fipronil en Europe a déjà conduit au retrait de millions d’œufs suspectés de contenir des traces de cet insecticide dans cinq pays (Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Suisse et Suède), la France poursuit ses investigations. Les autorités se veulent pour l’instant rassurantes à propos des élevages français mais n’excluent pas que des œufs contaminés aient pu être utilisés par l’industrie agroalimentaire. Avons-nous mangé du fipronil sans le savoir ? foodwatch exige sans tarder la totale transparence de la part de l’ensemble de la filière alimentaire mais aussi des autorités, informées de l’alerte sanitaire depuis près de trois semaines maintenant.
Le scandale des œufs contaminés au fipronil épargne-t-il la France ? foodwatch pose la question et exige des réponses, au nom des consommateurs qui ont le droit de savoir. En effet, aux Pays-Bas, 200 élevages environ sont concernés par la contamination au fipronil, un anti-poux interdit d’utilisation sur les animaux destinés à la consommation. Selon l’agence néerlandaise chargée de la sécurité alimentaire et sanitaire, NVWA, des dizaines d’entreprises auraient fourni des œufs à teneur en fipronil supérieure au seuil journalier toléré pour les enfants. L’achat de ce fipronil pour traiter les poules remonterait à 2016, d’après les révélations de NRC (média néerlandais). En Allemagne, au moins trois millions d’œufs contaminés auraient pénétré le marché selon un circuit encore obscur. Tandis que la Belgique a admis être informée du problème sanitaire depuis… juin dernier.
Quid de la contamination en France ? Selon la Direction générale de l’Alimentation (DGAL, Ministère de l’Agriculture), les informations lui parviennent au fil de l’eau de Belgique et des Pays-Bas où une enquête judiciaire est en cours. La DGAL, en collaboration avec les services vétérinaires, poursuit ses investigations. Le seul élevage concerné et situé dans le Pas-de-Calais serait à l’arrêt. Mais foodwatch s’inquiète de savoir si la contamination touche l’industrie agroalimentaire française, via des produits transformés, viandes de volaille et autres ovoproduits. Lundi 7 août au matin, la DGAL affirmait en effet que : « Ce risque n’est pas exclu pour le moment ».
Pour Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez foodwatch : « Au vu de l’ampleur de la contamination en Europe, foodwatch exige sans tarder la transmission des informations complètes aux consommateurs. Près de trois semaines après que l’alerte ait été donnée au niveau européen, on peut s’étonner que les autorités françaises et les agro-industriels n’aient rien communiqué à ce jour sur la traçabilité dans notre alimentation. »
Du côté des éleveurs et fabricants français, aucune information ne perce pour l’instant. La Fédération du Commerce et de la Distribution (distributeurs) dit « rester en alerte ». Pour Mégane Ghorbani, c’est insuffisant : « Nous exigeons transparence, preuves, traçabilité, vigilance et réactivité. On ne peut rester dans l’incertitude. Les consommateurs attendent des réponses et des garanties ».
foodwatch exige des autorités françaises et des industriels toutes les informations sur tous les produits concernés dans ce dossier au plus tôt et de manière transparente. En cas de contamination, les aliments devront être retirés de la vente et publiquement rappelés. En l’absence de contamination, foodwatch demande les éléments de traçabilité permettant de l’attester.
« Ce scandale européen révèle encore une fois un système où persistent la fraude et les défauts de contrôles sanitaires systématiques, au mépris de l’information publique et de la santé des consommateurs. Si la présence de fipronil avait été testée en amont, ces œufs n’auraient certainement pas été commercialisés », conclut Mégane Ghorbani.
Note : Le fipronil, un insecticide, est considéré comme "modérément toxique" pour l'homme par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il est dangereux pour les reins, le foie et la thyroïde, indique le NVWA. C’est également un perturbateur endocrinien, selon le Réseau Environnement Santé.