Le 18 avril, la mobilisation contre le traité transatlantique prend une nouvelle dimension : des centaines d’événements sont organisés en France et en Europe pour dire non à ce déni de démocratie. foodwatch sera au rendez-vous, pour dénoncer un traité qui piétine les droits des citoyens et menace notre environnement.
Avec le traité de libre-échange (TAFTA) en cours de négociation entre l’Europe et les Etats-Unis, l’industrie espère prendre la main sur nos choix collectifs. Pour défendre le TAFTA, plusieurs fédérations d’industriels allemands n’ont pas hésité à gonfler leurs chiffres. En multipliant par dix les promesses de croissance générée par l’accord, ou en faisant miroiter une augmentation fantaisiste du revenu des ménages, elles espéraient sans doute convaincre les citoyens d’abandonner la bataille contre le TAFTA. C’était sans compter sur foodwatch, qui vient de révéler la supercherie et a poussé l’industrie à revoir sa copie. La Commission européenne elle-même n’ose plus fanfaronner et a retiré toute mention d’une amélioration du pouvoir d’achat due au traité.
En France, les responsables politiques nous assurent que le poulet au chlore n’atterrira pas dans nos assiettes, et que les indications géographiques protégées (IGP) comme le Bordeaux ne seront pas remises en cause. Or il ne s’agit là que la partie émergée de l’iceberg TAFTA. Ce qui est en jeu est bien plus grave : le traité transatlantique n’est rien de moins qu’un déni de démocratie. Commission européenne, négociateurs et industrie choisissent d’enfumer les citoyens, au moment même où leurs droits sont mis en cause. foodwatch et des centaines d’autres organisations se mobilisent ce samedi 18 avril pour dire non au traité transatlantique. Des événements sont programmés en Europe et dans toute la France pour faire entendre la voix des citoyens.
Démocratie contre profits
La pétition européenne lancée par le collectif « Stop TAFTA » a d’ores et déjà recueilli plus d’1,6 million de signatures en Europe, et ce n’est qu’un début. La mobilisation se poursuit, car il est inacceptable qu’un traité de libre-échange vienne saper le droit des citoyens européens et américains à faire des choix collectifs démocratiques.
Le TAFTA, ou du moins ce que l’on en sait – les négociations sont loin d’être transparentes et peu d’informations filtrent – traduit la volonté des grands groupes d’établir une législation à leur avantage, à nos dépens. Toute nouvelle réglementation pour mieux protéger les citoyens sera dans le viseur du traité, et de la « convergence réglementaire » qu’il imposera entre Europe et Etats-Unis. En clair, cela signifie que de nouvelles règles, pourtant urgentes et nécessaires, ne pourraient entrer en vigueur qu’en s’inscrivant dans le cadre du TAFTA. C’est-à-dire en préservant les bénéfices des grands groupes américains et européens. Les multinationales disposeront également de nouveaux droits et privilèges pour mieux faire valoir leurs intérêts commerciaux.
La coopération entre les autorités de régulation de part et d’autre de l’Atlantique ouvrira largement les portes au lobbying des entreprises, avec l’opportunité pour les grands groupes d’influencer la législation avant même qu’elle n’arrive dans les parlements. Les tribunaux d’arbitrage privés protégeant les investissements leur donneront le pouvoir énorme de poursuivre un Etat qui adopterait de nouvelles règles en faveur de l’intérêt général.
Les lois qui protègent notre environnement, qui garantissent les droits des consommateurs et des travailleurs, ou qui assurent le bien-être animal ont évidemment un coût. Mais leurs bénéfices sont incommensurables. Nos parlements ne devraient pas être soumis aux diktats des trésoriers de grandes entreprises. Il est capital que nos législateurs gardent la liberté de voter des lois même si elles ont un « coût », lorsqu’il s’agit d’améliorer nos standards.