Aujourd'hui il est impossible de savoir d'où provient la viande présente dans la plupart les lasagnes et autres plats cuisinés. Même chose pour le lait qui sert de base au fromage, aux yaourts ou encore au beurre. Car pour le moment, rien n’oblige les fabricants à l’indiquer. Mais cela va bientôt changer. A partir du 1er janvier 2017 et pendant deux ans, les plats préparés contenant de la viande et les produits laitiers (fabriqués en France) devront afficher sur l’étiquette l’origine de ces ingrédients. C’est un pas dans le bon sens vers plus de transparence vis-à-vis des consommateurs.
A l’issue de cette phase d’expérimentation, cette mesure pourrait être étendue au reste de l’Union européenne.
Car l’étiquetage de l’origine des ingrédients se décide normalement à Bruxelles. La France a ainsi dû demander une dérogation afin de mettre en place ce projet. Si la Commission européenne, puis le Conseil d’Etat, ont tous deux donné leur feu vert, il appartient désormais au gouvernement de décider des modalités concrètes. Et c’est là que cela se complique.
Le diable se cache dans les détails
Il n’est pas encore établi à partir de quelle proportion de viande cet étiquetage d’origine deviendra obligatoire. Certains industriels souhaitent fixer le seuil à 50%. Une aberration, puisque cela exclurait de fait l’essentiel des aliments concernés. Les lasagnes préparées par exemple, qui contiennent en moyenne 8% de viande, ou encore les poulets basquaise accompagnés de riz, qui dépassent rarement les 20% de volaille dans la liste des ingrédients.
Les négociations se poursuivent et il semblerait que dans l’état actuel du texte, il n’est pas non plus prévu qu’une pizza contenant du jambon ou des lardons indique l’origine de la viande, sous prétexte qu’elle est transformée avant d’entrer dans la composition du plat cuisiné.
Il faut donc rester vigilant afin que cette demande de transparence de la part des consommateurs – 93% des Français estiment « nécessaire » de connaître le lieu d’élevage de l’animal dont est issue la viande qu’ils consomment – ne reste pas lettre morte. Or pour le moment, la loi demeure très insuffisante en la matière : seules les viandes non transformées sont concernées par l’étiquetage d’origine. Alors qu’il était précédemment limité à la viande bovine, cet étiquetage a été étendu en avril 2015 aux viandes de porc, de mouton, de chèvre et de volaille vendues crues.
Ce pas vers plus de transparence est une bonne nouvelle pour les consommateurs. Il restera toutefois vain si l’expérience n’est pas, à terme, étendue au reste de l’Europe. La Commission européenne peut, et doit, rendre obligatoire l’étiquetage d’origine de la viande et du lait dans l’ensemble de l’UE.