Shrinkflation : une réglementation en préparation pour plus de transparence dans les rayons

La shrinkflation – ces produits qui rapetissent et dont le prix augmente en catimini – a encore fait la une de l’actualité en ce début d’année 2024. Après plus d’un an et demi de mobilisation pour plus de 50 000 citoyen·nes aux côtés de foodwatch, le gouvernement planche sur une réglementation visant à afficher les changements de format en rayon. foodwatch vous partage ces avancées politiques et enfonce le clou en épinglant des produits victimes d’inflation masquée… de marques distributeurs !

Pour les arnaques au prix qui se jouent de votre pouvoir d’achat, le vent tourne ! Après les annonces du ministre de l’Économie Bruno Le Maire  début septembre sur la shrinkflation, le gouvernement continue d’avancer pour encadrer cette pratique. Concrètement, les plus grands supermarchés auront à afficher en rayon la réduction du format des produits concernés : un pas en avant pour proposer une information plus claire aux consommateurs et consommatrices en période d’inflation.

Après avoir consulté les associations de consommateurs et représentants de l’agroalimentaire, le ministère de l’Economie a notifié comme il se doit à la Commission européenne le texte prévu pour encadrer l’inflation masquée. Prochaine étape si Bruxelles donne son feu vert : une entrée en vigueur de l’arrêté début avril.

En savoir + sur la shrinkflation

En attendant, foodwatch continue d’épingler des produits en rayons. En septembre, notre association pointait du doigt la communication très opportune des supermarchés qui sous le coup de l’annonce du ministre de l’Economie Bruno Le Maire de mettre fin à l’inflation masquée, s’étaient précipités pour afficher les pratiques malhonnêtes des concurrents de leurs marques distributeur : les industriels….

Vous pensez bien que nous ne sommes pas dupes : notre enquête nous avait déjà conduit à épingler Carrefour pour cette pratique, on remet le couvert avec des produits de marques distributeurs victimes de shrinkflation :

Et ça ne s’arrête pas là : d’après les informations obtenues par foodwatch, derrière la communication des distributeurs qui disent vouloir faire la transparence dans leurs rayons, certains s’opposent en coulisses à l’obligation d’étiquetage de la shrinkflation… Industriels et distributeurs continuent de se renvoyer la balle et les responsabilités, sans véritable considération pour l’information des consommateurs et consommatrices.

Cela démontre, s’il le fallait encore, combien une réglementation des pouvoirs publics est nécessaire pour mettre fin aux arnaques au prix.

On ne le dira jamais assez : c’est bien à l’Etat de fixer des règles plus strictes et plus claires pour protéger les consommateurs et consommatrices, sur la qualité des produits vendus, sur les stratégies marketing débridées et sur les prix en rayon. Voilà pourquoi nous suivons de près le projet d’arrêté du gouvernement, pour nous assurer qu’il sera à la hauteur de l’enjeu.

Shrinkflation ou cheapflation , c’est la même chanson : pas vus, pas pris. Pas vus, parce que le manque de transparence permet aux industriels de faire comme bon leur semble de l’évolution de la composition des produits à la construction des prix, avec à la clé des profits non négligeables. Pas pris, parce qu’en l’absence de réglementations contraignantes, les industriels évoluent dans un secteur où l’impunité est de mise.

Démonstration en images dans le documentaire « Alimentation : à qui profite la hausse des prix ? » diffusé le mardi 16 janvier 2024 sur France 2, réalisé en collaboration avec foodwatch.

Pour foodwatch, ces pratiques sont le signal que notre système alimentaire doit changer : comment peut-on accepter qu’en plus des marges colossales réalisées par les fabricants et les supermarchés, ces mastodontes du secteur fassent du profit dans le dos des consommateurs et consommatrices, déjà frappé·es de plein fouet par l’inflation depuis 2 ans ?

À chaque bout de la chaîne, le constat est dramatique : des millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire en France.  D’un côté, un agriculteur ou une agricultrice sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France (INSEE). De l’autre, près d’1 personne sur 3 déclare devoir sauter un repas par manque d’argent et des millions de personnes sont confrontées à la précarité alimentaire (Ipsos / Secours populaire).

Pour foodwatch, il est temps de mettre fin à ce système mis en place par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution à la faveur de leur quasi-monopole économique qui leur bénéficie très largement, au détriment des personnes, notamment les plus précaires, qui paient l’addition en bout de course.