Communiqués de presse 06.05.2014

L’industrie alimentaire induit les consommateurs en erreur… en toute légalité. foodwatch, une nouvelle organisation de défense de consommateurs, révèle certaines pratiques discutables de cinq grandes entreprises

Quand il passe la porte du supermarché, le consommateur est victime des ruses légales de l’industrie alimentaire. En France, pays de la gastronomie, la volaille est mélangée à de l’eau et des arômes artificiels. La soupe à l’ancienne promet un savoir-faire et des ingrédients de qualité alors que ses additifs feraient la fierté des chimistes. Même le bio ne tient pas toujours ses promesses. Sous l’emballage flatteur, certaines grandes entreprises cachent l’essentiel… en toute légalité.

foodwatch, organisation de défense des consommateurs spécialisée dans les questions d’alimentation, a tenu sa première conférence de presse aujourd’hui à Paris. L’ONG a dénoncé ces pratiques inacceptables.

« Difficile pour les consommateurs d’y échapper, explique Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch. Ces ruses de l’industrie alimentaire sont parfaitement légales. Les fabricants en profitent, confortés par des réglementations laxistes et le laisser-faire de la plupart des pouvoirs publics. Là est le véritable scandale. Pour que cela cesse, foodwatch appelle les consommateurs à réagir et à faire pression en signant sa pétition. »

foodwatch révèle les pratiques critiquables, selon elle, de cinq entreprises :

  1. E.Leclerc, blanc de dinde Tradilège, Marque Repère. L’emballage mentionne « qualité supérieure » et « 100% filet », ce qui ne signifie pas 100% de viande. En réalité, le produit contient 16% d’eau qui inclut du gélifiant à base d’algue, du colorant et d’autres additifs, soit l’équivalent de presque une tranche sur six. Le fait que les produits de la Marque Repère soient bon marché n’est en rien une excuse.
  2. Maggi (Nestlé), soupe bœuf-carottes aux vermicelles, saveur à l’ancienne. Avec cette soupe, Nestlé fait référence aux saveurs d’un plat de la tradition culinaire française. Bien que le visuel sur l’emballage présente un généreux morceau de bœuf, le produit n’en contient pas : on y trouve juste 1,1% de jus de cuisson de bœuf. Cette soupe compte plus de fécule, d’exhausteurs de goût artificiels, de sucre et de sel que de viande. Le « Code de la soupe », une réglementation rédigée par l’industrie elle-même, rend de telles pratiques possibles et ne protège pas les consommateurs de ces comportements abusifs.
  3. Lustucru (Panzani), tortellini jambon cru parmesan. Lustucru, appartenant au groupe espagnol Panzani, est l’une des marques de pâtes préférées des Français. Une confiance qui n’est, à nos yeux, pas méritée. Bien que l’emballage mette en avant du jambon cru et du parmesan dans des tortellini « plus généreux », le paquet de pâtes contient en réalité à peine une petite cuiller de parmesan. Il y a 24% de jambon cru ; le reste de la farce n’est que remplissage à base d’ingrédients standards voire bon marché : eau, flocons de pommes de terre, crème fraîche, semoule de blé dur et poitrine de porc fumée.
  4. Vrai (Triballat Noyal), yaourt arôme naturel fruits rouges. Le slogan des produits laitiers biologiques Vrai est : « Le bonheur est dans le Vrai. » Avec son yaourt arôme naturel fruits rouges, Vrai choisit l’ambiguïté en présentant le produit pour ce qu’il n’est pas. Ce laitage ne contient pas de morceaux de fruits mais seulement un arôme à hauteur de 1,1%... et cet arôme n’est même pas bio. 
  5. Puget (Lesieur), vinaigrette huile d’olive extra, vinaigre balsamique, tomates séchées. Puget est la marque d’huile d’olive préférée des Français. Forte de cette réputation, Puget vend une vinaigrette qui annonce être à base d’huile d’olive extra, vinaigre balsamique et tomates séchées. Mais ces ingrédients a priori de qualité ne constituent qu’un tiers du produit. La vinaigrette Puget est surtout composée d’ingrédients meilleur marché : eau, huile de colza, vinaigre blanc et rouge, purée de tomates. Et à peine 1% de tomates séchées !

Méthodologie

foodwatch a identifié ces produits comme exemples représentatifs des pratiques critiquables de l’industrie agroalimentaire. Nous avons vérifié les réglementations qui, en France, s’appliquent à l’étiquetage et à la manière dont ces aliments sont présentés (publicités, emballages, photos) par les entreprises qui les fabriquent. Nous avons écrit aux fabricants en leur demandant des explications sur ce qui nous semblait constituer des stratégies de communication peu respectueuses du consommateur, de la part d’entreprises qui jouissent d’une notoriété auprès du public. Nous leur avons demandé des informations sur les ingrédients, leurs origines, le processus de fabrication et des précisions sur la dénomination du produit. Nos lettres et les réponses reçues sont disponibles sur notre site Internet.

Pétition

www.foodwatch.fr/leclerc

A propos de foodwatch

foodwatch est une organisation européenne de défense des consommateurs financièrement indépendante des États et qui refuse toute aide ou subvention de l’industrie agroalimentaire. Elle entend représenter les intérêts des consommateurs français et européens, appuyer leurs revendications et attirer l’attention sur les pratiques critiquables de l’industrie.

foodwatch a été créée en 2002 à Berlin par l’ancien directeur de Greenpeace International, Thilo Bode, en réponse à la crise de la vache folle.

« foodwatch est le mouvement des consommateurs qui exerce un contre-pouvoir face à l’industrie agroalimentaire et ses puissants lobbyistes », affirme Thilo Bode.

Aujourd’hui plus de 28 000 membres contribuent à foodwatch par leurs dons (budget annuel d’environ deux millions d’euros). En 2010, foodwatch a ouvert un deuxième bureau à Amsterdam, aux Pays-Bas. foodwatch France, située à Paris, a officialisé son lancement aujourd’hui. L’organisation compte bien continuer à grandir. Car les réglementations qui régissent notre alimentation ne se décident plus seulement au niveau national, mais bel et bien à Bruxelles. 

foodwatch France est déterminée à informer les consommateurs et à susciter le débat. Outre la prévention des pratiques abusives, l’organisation milite pour plus de transparence – un principe fondamental en démocratie – et pour une alimentation sans risque, car ce sont là des questions d’intérêt général.