Nestlé cède sous la pression des consommateurs
Le géant de l’agroalimentaire Nestlé vient de corriger l’étiquette de sa soupe Maggi « Bœuf-carottes, saveur à l’ancienne ». C’est la mobilisation sur une pétition foodwatch qui a contraint Nestlé à modifier un emballage jusqu’alors fort peu honnête. Le produit affichait un généreux morceau de bœuf mais ne contenait pas de viande. Après Triballat Noyal (Vrai), Liebig et e. Leclerc, Nestlé reconnaît enfin clairement qu’il n’est plus acceptable de se moquer les consommateurs. foodwatch salue ce changement mais rappelle que la désinformation sur les emballages alimentaires reste monnaie courante, faute de législation protégeant les consommateurs de tels abus.
Depuis juin 2014, des milliers de consommateurs inondaient la boîte mail du PDG de Nestlé pour dénoncer le scandale de cet étiquetage qui les dupait. La pétition foodwatch ciblait la soupe Maggi « Bœuf-carottes, saveur à l’ancienne » qui présentait un morceau de bœuf à l’avant de l’emballage mais n’en contenait pas. En guise de bonne recette de grand-mère – cette « Saveur à l’ancienne » - Nestlé proposait surtout un produit comptant plus de fécule, d’exhausteurs de goût artificiels, de sucre et de sel que de viande ou légumes. Ce genre de pratique, bien que légal, induit le consommateur en erreur.
En 2015, Nestlé avait timidement retouché la photo du morceau de bœuf. En fait, la soupe ne contenait toujours pas de viande mais à peine 1,1% de… jus de cuisson de bœuf. Aujourd’hui, l’emballage de la soupe bœuf-carottes a complètement changé : l’image de morceau de viande et la mention « Saveur à l’ancienne » ont disparu. foodwatch salue la décision du groupe d’avoir changé cet emballage, qui se rapproche (enfin) un peu plus de la vérité.
« Ce bluff sur les emballages est légal. Mais les consommateurs en ont assez que les fabricants se moquent d’eux impunément. Ils le font donc savoir par le biais des pétitions foodwatch. C’est un moyen de pression efficace puisque quatre grandes marques de l’agroalimentaire pointées du doigt par foodwatch en France ont ainsi modifié leur étiquetage. Il appartient désormais à nos politiques de mieux protéger les consommateurs en interdisant ces pratiques abusives », souligne Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch France.
Après Vrai, Liebig, et e.Leclerc, Maggi est le quatrième fabricant ciblé par foodwatch à céder sous la pression des consommateurs. Dans le cas de la soupe Maggi, il faut souligner que Nestlé a tenté de se justifier en répondant à foodwatch qu’elle respectait le Code de la soupe... Or ce code est édicté par les fabricants de soupe eux-mêmes. Pire, foodwatch a découvert que les autorités, dont la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF, Ministère de l’Economie) ont endossé ce code et l’utilisent comme référence… pour contrôler les fabricants de soupe !
Désinformer les consommateurs n’est pas anodin. La Cour de justice de l’Union européenne elle-même a statué l’an dernier sur les procédés malhonnêtes d’un fabricant alimentaire. foodwatch continue donc la mobilisation citoyenne, pour faire bouger les marques et les responsables politiques.