En été aussi, l’industrie agroalimentaire nous raconte des salades, prévient foodwatch
Qui dit forte chaleur pense salades, aliments légers, rafraîchissants… mais prudence. Les ingrédients qui composent nos salades maison ne sont pas nécessairement plus sains ni plus honnêtes sur l’étiquette, alerte foodwatch. L’organisation experte des questions d’alimentation a repéré 10 arnaques sur l’étiquette : des lardons bio au nitrite de sodium en passant par les crudités made in France venues de loin, ou encore des olives provençales importées, des knacki 100% poulet composés de peau et de restes de volaille grattés sur les carcasses, du melon charentais qui n’a jamais vu la Charente… Les exemples ne manquent pas pour se faire avoir aussi cet été. Pour foodwatch, ces arnaques sur l’étiquette pratiquées doivent cesser. Elle invite donc les consommateurs à signer sa pétition ciblant Coraya pour ses suprêmes goût homard… sans la moindre trace de homard.
foodwatch a décrypté l’étiquetage de dix produits que l’on retrouve sur nos tables estivales. Aux rayons frais, sec ou sous-vide, l’enquête de foodwatch montre que les fabricants – grandes marques comprises – ne se gênent pas pour embrouiller les consommateurs sur la véritable composition de leurs produits à coup d’arnaques sur l’étiquette.
« L’été, on prend souvent le temps de préparer soi-même nos salades. Malheureusement, c’est souvent sans savoir quels sont réellement les ingrédients qui les composent. Les pratiques inacceptables des industriels qui nous induisent en erreur sont encore trop répandues dans les rayons des supermarchés, et pas seulement en été. La campagne ‘Arnaque sur l’étiquette’ de foodwatch est là pour les dénoncer. », explique Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez foodwatch.
Voici les dix marques épinglées par foodwatch, susceptibles de composer une sacrée salade d’arnaques :
- Crudités Mélangées Florette, chou blanc, carotte & céleri branche : le drapeau tricolore et la mention « préparées en France » induisent en erreur. En réalité, Florette se fournit en France, certes, mais aussi en Espagne et en Grande-Bretagne. Ces crudités ne sont donc pas nécessairement françaises. Près de 8 consommateurs sur 10 sont prêts à payer plus cher un aliment fabriqué en France. Mais s’il est juste emballé en France ? Attention donc à l’arnaque au drapeau bleu blanc rouge.
- Cranberries séchées Ocean Spray : des canneberges et rien d’autre ? Erreur ! Ce produit contient deux tiers de cranberries et surtout pas mal de sucre ajouté. Résultat : 74% de ce produit n’est autre que du sucre ! On se dit qu’on paie cher (20 euros le kilo), du coup, pour manger essentiellement du sucre.
- Knacki Herta 100% poulet fumage traditionnel au Bois de Hêtre : 100% poulet, vraiment ? Ce produit est en réalité composé de 75% de peau de poulet et de viande séparée mécaniquement – grattée sur la carcasse de la volaille. Bonus : il contient du nitrite de sodium, un additif controversé pour la santé. Grosse arnaque.
- Olives vertes dénoyautées « provençale », Herbes de Provence, Tropic Apéro en Provence : cette Provence mentionnée trois fois à l’avant de l’emballage n’est qu’un leurre. Car les olives de ce produit sont importées. Et les herbes de Provence vantées en gros caractères ne représentent en réalité que 0,1% du produit.
- Allumettes fumées Bio -25% de sel, Fleury Michon : des lardons supérieurs issus de l’agriculture biologique avec -25% de sel mais qui sont plus salés que le même produit en gamme non bio et contiennent davantage d’acides gras saturés. Surtout, ces allumettes bio contiennent des nitrites – un additif controversé pour la santé mais autorisé dans le bio. Pour « Aider les hommes à manger mieux chaque jour », comme le revendique Fleury Michon, on repassera.
- Le « melon charentais » est un grand classique de nos tables estivales. Mais ne vous y trompez pas : c’est une dénomination purement commerciale. Rien ne garantit que ce type de melon vienne de Charentes. Il peut être cultivé en France, comme à l’étranger. Il faut donc se référer à la mention d’origine – obligatoire – pour connaître sa véritable provenance.
- Moutarde vinaigrette légère Amora, produit dans la région de Dijon : l’étiquette affiche en grandes lettres la mention ‘moutarde’, mais cette vinaigrette ne contient que 0,7% de moutarde… qui ne vient pas nécessairement de Dijon. L’immense majorité des graines de moutarde utilisées pour la production française de moutarde est importée. Enfin, le premier ingrédient est de l’eau.
- Champignons Blancs de Paris : cette appellation ne garantit en rien l’origine des champignons, qui peuvent venir de partout dans le monde, y compris très loin de Paris... Il faut là aussi se référer à la mention d’origine pour connaître sa provenance.
- Viande des Grisons, Aoste : la viande de bœuf de ce produit ne vient pas forcément du canton des Grisons en Suisse. L’emballage indique « fabrication au cœur du canton des Grisons, en Suisse ». Mais à y regarder de plus près, l’origine de la viande utilisée par Aoste est « UE ou hors UE ». Potentiellement du monde entier…
- Suprêmes au goût frais de Homard, Coraya – PÉTITION : ce produit affiche en grandes lettres le mot ‘homard’ à l’avant de son emballage, mais n’en comporte pas la moindre trace, pas même sous forme d’arôme. Il coûte presque deux fois plus cher au kilo que le surimi Coraya « L’Original » et contient du glutamate, additif controversé. La marque, sollicitée par foodwatch, n’y voit pas de problème.
Près de 9.000 consommateurs ont déjà signé la pétition dénonçant cette arnaque au goût amer.
Liens
- Pétition foodwatch ciblant Coraya
- Visuels libres de droit dans l’espace téléchargement en tapant « salade »
- Sondage Ifop sur le “made in France” (2016)
- Nitrite : classé « cancérogène probable » (groupe 2A) pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer car les nitrites utilisés dans la charcuterie peuvent contribuer à la formation de groupes de composés appelés les nitrosamines, dont certains sont cancérigènes
- Glutamate : Selon l’EFSA (autorité européenne de sécurité alimentaire), « d'après les résultats de notre évaluation de l'exposition, nous recommandons de réviser les niveaux maximum d'acide glutamique et de glutamates ajoutés aux aliments, en particulier pour les produits de boulangerie fine, les soupes et les bouillons, les sauces, la viande et les produits à base de viande, les assaisonnements et condiments, ainsi que les compléments alimentaires. »