Malbouffe : foodwatch salue le rapport parlementaire sur l’alimentation industrielle mais appelle à aller plus loin et plus vite
Une Commission d’enquête parlementaire s’est penchée sur le cas de l’alimentation industrielle. Son rapport ne laisse pas de place au doute : « la malbouffe est une réalité ». D’après les informations de foodwatch qui a été auditionnée par les député∙e∙s , le diagnostic est documenté et alarmant : baisse de qualité nutritionnelle, rôle central dans l’épidémie de maladies chroniques dénoncée par l’OMS, discriminations sociales… La malbouffe et les produits ultra-transformés sont clairement pointés du doigt. Les député∙e∙s insistent aussi sur les limites et les échecs de l’auto-régulation et rappellent que « les pouvoirs publics ont un rôle à assumer ». Pour foodwatch, les recommandations de la Commission sont très utiles et font largement écho à des combats menés en France et en Europe par l’ONG, mais il faut aller plus loin. Par exemple en interdisant vraiment toute activité promotionnelle ciblant les enfants pour les produits trop sucrés, trop gras, trop salés, et en interdisant les additifs controversés pour la santé dans l’alimentation.
Le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur l’alimentation industrielle a le mérite de mettre les points sur les i : « la malbouffe est une réalité » et ses conséquences sont graves : baisse de qualité nutritionnelle, rôle central dans l’épidémie de maladies chroniques dénoncée par l’OMS, discriminations sociales, etc.
Au menu des solutions, les propositions de la Commission couvrent plusieurs sujets essentiels, et rejoignent des combats que foodwatch mène depuis des années en France et en Europe.
Sur la transparence, le rapport souligne qu’« il y a un immense besoin de transparence des consommateurs qui ont pris conscience de l’impact de ce qu’ils mangent sur leur santé » et liste des propositions claires pour rendre obligatoires sur les étiquetages des mentions comme l’origine des produits ou le Nutri-Score, ce que foodwatch défend en France et en Europe. Dont acte.
Sur le lien entre alimentation et santé, la Commission s’attaque à la malbouffe avec une proposition efficace : « Considérant l’échec avéré des mesures d’engagements volontaires, instituer règlementairement une limitation de la teneur en sel, en sucres et en acides gras trans des aliments transformés. »
Autre avancée de taille, les député.e.s n’oublient pas le sujet essentiel des « contaminants et résidus dans les aliments et les emballages », et soutiennent la demande que foodwatch pousse depuis la révélation des résultats de tests réalisés par l’ONG en 2015 : il faut prendre des mesures obligatoires contre la contamination des aliments par les huiles minérales, dérivés d’hydrocarbures dangereux pour la santé (potentiellement cancérogènes, mutagènes, perturbateurs endocriniens) et présents dans de nombreux aliments courants. Cela va tout à fait dans le sens des conclusions de l’Anses, l’agence française de sécurité des aliments, qui recommandaient que ce sujet soit traité en priorité. Les député.e.s recommandent d‘établir une limitation stricte de la présence d’huiles minérales dans les produits alimentaires : aucune présence détectable des hydrocarbures aromatiques (MOAH) et un maximum de 2 mg/kg de MOSH.
Le rapport prend aussi très au sérieux la question des publicités alimentaires visant les enfants et les adolescents ou les incitant à consommer des produits malsains, et insiste sur le besoin de « d’une règlementation spécifique » qui contienne « des dispositions restrictives ». Le débat avance. Mais pour foodwatch, il faut aller un cran plus loin : vers une interdiction de toute forme d’activité promotionnelle (publicité, réseaux sociaux, jeux, sponsoring, cadeaux gratuits, etc.) qui cible les enfants pour les produits trop sucrés, trop salés, trop gras et ce sur tous supports (télé, internet, étiquetage, etc.).
C’est aussi vrai sur les additifs. La Commission d’enquête propose une stratégie visant, d’ici 2015, à réduire la liste des additifs autorisés dans notre alimentation de 338 comme c’est le cas aujourd’hui à 48, qui correspond au nombre d’additifs autorisés dans l’alimentation biologique. Pour foodwatch, cette recommandation va dans le bon sens mais il faut là aussi aller plus loin. « Même dans le bio, nombre d’additifs aux effets controversés pour la santé sont autorisés, tel que le nitrite de sodium ou les carraghénanes (extraits d’algues). Réduire, c’est bien. Mais il faut carrément éliminer tous ces additifs controversés pour la santé, et ne plus permettre que les industriels fassent passer sur l’étiquetage pour sains des produits qui ne le sont pas », commente Karine Jacquemart, directrice de foodwatch.
« Tout est là, il faut s’assurer que les règles sont les mêmes pour toutes les entreprises, donc il faut légiférer et encadrer, par exemple pour interdire toute promotion de la malbouffe auprès des enfants, pour interdire les additifs controversés, pour instaurer des limites à la présence d’huiles minérales dans les aliments, etc. », insiste Karine Jacquemart, directrice de foodwatch. « C’est un rappel essentiel alors que le Gouvernement préfère le plus souvent botter en touche et s’appuyer sur les incitations et autres « engagements volontaires » inefficaces des entreprises, comme on l’a vu dans les débats sur la Loi Alimentation pour le glyphosate et l’interdiction de la publicité. »
Il faut maintenant veiller à ce que les propositions de la Commission soient suivies d’effets. Et, surtout, il faut aller plus loin. Pour toutes ces raisons, nous avons besoin en France d’une gouvernance plus efficace sur l’alimentation. Le contenu de nos assiettes concerne en effet à la fois le ministère de l’agriculture mais aussi celui de l’économie, de la santé et de l’environnement. foodwatch tiendra à l’œil, si elle se concrétise, la création d’un secrétariat interministériel dédié à l’alimentation pour s’assurer que le chef d’orchestre de ce secrétariat œuvrera réellement au profit des consommateurs et non des industriels de la malbouffe.