Dérivés de pétrole dans l’alimentation : les autorités françaises confirment l’alarme lancée par foodwatch. Danone et Nestlé font l’autruche. L’Europe doit dire la vérité aux consommateurs
La Commission européenne réunit ce vendredi 21 février les Etats membres pour décider des suites de l’épineux dossier des dérivés de pétrole dans l’alimentation : les huiles minérales toxiques. Peut-on compter sur nos autorités pour nous protéger – et nos bébés - de la contamination par des substances dangereuses pour la santé ? foodwatch note en tout cas que la France prend le sujet très au sérieux et s’est montrée réactive, après l’alerte lancée par foodwatch en Europe en octobre dernier, tests en laboratoire à l’appui, sur la contamination de laits infantiles par des hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH). Ces substances toxiques sont reconnues potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens : un produit Nestlé et un produit Danone étaient pointés du doigt en France. La Répression des fraudes française avait immédiatement notifié le réseau d’alerte européen. Les autorités françaises ont également mené des tests qui confirment la contamination par des MOAH de laits infantiles. Dans plusieurs autres pays en Europe, les résultats confirment l’alarme lancée par foodwatch : ils feront l’objet des discussions ce vendredi à Bruxelles. foodwatch réclame toujours une règlementation européenne pour protéger les consommateurs de cette contamination et exhorte la Commission et les Etats membres qui ont réalisé des tests sur les laits infantiles, y compris la France et l’Allemagne, à publier sans tarder leurs résultats. Nous avons le droit de savoir.
Les révélations de foodwatch en octobre dernier ont provoqué une réaction politique quasi immédiate aux niveaux français et européen. Le sujet est à nouveau à l’agenda d’une réunion des Etats membres ce vendredi à Bruxelles. Pour foodwatch, c’est l’occasion pour que la Commission européenne et les Etats membres disent enfin la vérité aux consommateurs européens car plusieurs pays européens ont effectué des tests qui confirment la contamination de laits infantiles par les MOAH, substances dangereuses pour la santé.
Car les premiers résultats sont maintenant tombés : en Allemagne, d’après nos informations, 9 laits en boîte en métal sur 12 testés par les autorités fin 2019 étaient contaminés par les dérivés d’hydrocarbures les plus dangereux. Au Luxembourg, les autorités ont indiqué à foodwatch que 2 produits sur 19 testés sont également contaminés. En Belgique, un rapport montre que 12% de produits testés (pas uniquement du lait en poudre) sont contaminés par des MOAH. En France aussi, la Répression des fraudes (DGCCRF) a pris le sujet très au sérieux et effectué des prélèvements dans une usine d’un des deux fabricants incriminés par les tests de foodwatch. Verdict : les autorités françaises confirment bien la présence d’hydrocarbures aromatiques d’huile minérale toxiques.
Pour rappel, les décideurs en Europe n’ont pas tardé à réagir après la publication par foodwatch le 24 octobre de tests en France, en Allemagne et aux Pays-Bas qui ont révélé que des laits en poudre pour bébés étaient contaminés par des dérivés de pétrole dangereux pour la santé – les MOAH. Le dossier est alors devenu prioritaire au point de figurer dès novembre tout en haut de l’agenda d’une réunion de la Commission européenne avec les Etats membres à Bruxelles. Pour ce faire, l’EFSA - agence européenne de sécurité des aliments - avait été mobilisée en urgence pour remettre un rapport d’évaluation des risques (rapid risk assessment) qui soulignait plus d’une trentaine de fois l’importance de l’enquête de foodwatch.
« Tous les tests confirment l’alerte lancée par foodwatch : il est temps que ces informations soient rendues publiques de façon transparente par les autorités, et qu’une réglementation soit décidée pour protéger les consommateurs de la contamination de l’alimentation par ces huiles minérales, insiste Karine Jacquemart, directrice de foodwatch France. Quant à Danone et Nestlé, leur silence est irresponsable ».
La réaction des deux fabricants dont les produits sont pointés du doigt dans l’enquête de foodwatch en France - Danone et Nestlé – est totalement à côté des enjeux, selon l’organisation. Alors que les hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH) sont reconnues comme potentiellement cancérogènes, mutagènes, perturbateurs endocriniens et que l’agence française de sécurité des aliments (Anses) considère depuis 2017 qu’il est « nécessaire de réduire la contamination des denrées alimentaires par ces composés en priorité et de prendre des mesures adaptées », Danone et Nestlé assuraient en octobre dernier aux parents qu’il n’y avait aucun risque et refusaient de rappeler les deux produits incriminés : Nidal Lait en poudre 1er âge, de 0 à 6 mois pour Nestlé et Gallia Galliagest Croissance sans lactose, de 12 mois à 3 ans pour Danone. Depuis, c’est la politique de l’autruche.
Plus de 55 000 personnes ont signé la pétition demandant le rappel des produits contaminés.