Communiqués de presse 16.11.2023

Le glyphosate en passe d’être prolongé de 10 ans parce que les Etats membres, dont la France, ont manqué de courage pour s’y opposer

Paris, le 16 novembre 2023. Quatre mois après la publication du rapport de l’EFSA, et un mois après un premier vote qui avait permis de bloquer la réautorisation du glyphosate en Europe, les États membres ne sont pas parvenus à exprimer un vote à majorité qualifiée aujourd’hui. La Commission européenne “va maintenant procéder au renouvellement de l'approbation du glyphosate pour une période de dix ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions” avant le 15 décembre. 

Pour foodwatch, WeMove Europe et Générations futures : “On peut penser que la France s’est abstenue lors du vote aujourd’hui, comme annoncé par la voix de son ministre de l’Agriculture Marc Fesneau mardi sur France info; ce qui équivaut de fait à un « Oui à la ré-autorisation  ». Alors que plus de 626 000 citoyens réunis autour de plus de 30 organisations de la société civile demandaient à la France de s’y opposer clairement, cette position est une trahison, sans surprise, de la promesse faite par le président de la République en 2017”. 

D’une durée de 10 années, cette décision, dès qu’elle sera confirmée, va à nouveau à l'encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler et que le dossier d’évaluation de cette substance présente de très nombreux biais (non-prise en compte d’études universitaires, non-évaluation de certains effets sur la biodive rsité, non-prise en comptes de certains effets sanitaires avérés, etc.).
Forts de notre mobilisation et de l’accumulation des preuves amenées par la science, nous continuerons à nous mobiliser et à nous battre pour bannir le glyphosate. Les organisations de la société civile n’excluent pas un recours en justice au niveau européen.

Sources : 

  • No qualified majority reached by Member States to renew or reject the approval of glyphosate, 16/11/2023, communiqué de presse de la Commission européenne.  
  • Marc Fesneau sur France Info – 15/11/2023 – 11 :05 -  la France se dirige vers une nouvelle abstention lors de la consultation des États membres sur le glyphosate 
  • Lien de la pétition  -  Foodwatch France, Générations Futures, WeMove Europe ; Greenpeace France, Agir pour l'Environnement, Ligue contre le cancer, WECF, France Nature Environnement, FNE Auvergne-Rhône- Alpes, Amis de la Terre, ATTAC France, BLOOM, Combat Monsanto, Justice Pesticides, Confédération paysanne, CCFD-Terre-Solidaire, Réseau Action Climat, Union Nationale de l'Apiculture Française, Syndicat national d'apiculture, Terre d'abeilles, Terre & Humanisme, Cantine sans plastique France, Réseau Environnement Santé, FNAB, Mouvement de l'Agriculture Bio-Dynamique, SOL, Institut Veblen, Commerce équitable France, UFC Que Choisir, Ligue des droits de l’Homme, Ingénieurs sans frontières agriSTA, ActionAid France, Secrets Toxiques, WWF, SumOfUs, Campagne Glyphosate, Alerte des Medecins sur les Pesticides, RESOLIS, Notre Affaire à Tous, Bio Consom'acteurs, Fondation pour la Nature et l'Homme 


La coalition d’une trentaine d’organisations de la société s’appuie pour cela sur de récentes études scientifiques accablantes :
•    Étude multi-institutionnelle, coordonnée  par l'Institut Ramazzini, novembre 2023, sur la cancérogénicité du Glyphosate : découvertes inquiétantes sur la leucémie chez les rats.

•    Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (ONU) a comme « cancérogène probable classé le glyphosate » pour l’homme en 2015 . Pour le CIRC, le glyphosate génère un stress oxydant et est génotoxique. 

•    Des données scientifiques attestent également du potentiel génotoxique du glyphosate - dans son analyse de 2021 , l’INSERM affirme qu’“une analyse des études toxicologiques montre que les essais de mutagénicité sur le glyphosate sont plutôt négatifs, alors que les essais de génotoxicité sont plutôt positifs, ce qui est cohérent avec l’induction d’un stress oxydant. 

•    L'INRAE, dans une étude de mai 2023  portant sur la pollution des sols par les pesticides, démontre que « les molécules les plus fréquemment détectées sont le glyphosate et l’AMPA, son métabolite principal, présents dans 70 % et 8 3% des sols prélevés ».

•    L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a alerté en 2022 sur les conséquences du glyphosate  sur plusieurs générations de truites, suggérant un effet perturbateur endocrinien.

•    L’EFSA a identifié des risques pour les espèces vertébrées non ciblées suite à l'exposition aux produits à base de glyphosate en 2015.

•    L’Inserm a souligné en 2021 que « le glyphosate peut présenter des propriétés de perturbation endocrinienne qui ont un impact sur la fonction de reproduction ». Ces propriétés ont été mises en évidence dans plusieurs études (ici  et ici ) faisant le lien entre une exposition durant la grossesse et la hausse des naissances prématurées, un faible poids à la naissance et le développement anormal des organes reproductifs des nourrissons.

•    L’Agence européenne des produits chimiques  (ECHA) a, elle, souligné la toxicité chronique de la substance sur les espèces aquatiques en 2022.