Communiqués de presse 15.01.2025

Supermarchés : les aliments les moins chers sont aussi les plus sucrés, dénonce foodwatch

La nouvelle enquête de foodwatch  braque les projecteurs sur le sucre ajouté dans les produits les moins chers vendus en supermarchés. Le verdict est sans appel : sur les 12 catégories d’aliments étudiées, les produits les moins chers sont en grande majorité plus sucrés que les produits les plus chers, et les produits de marques distributeurs sont les premiers concernés. Résultat, les consommatrices et consommateurs avec un budget réduit n’ont donc d’autre choix que d’acheter des produits plus sucrés. L’association de défense des consommateurs a passé au crible le sucre ajouté dans plus de 400 produits - dans lesquels on ne s’attend pas à en trouver (conserves de petit pois, pains de mie, pizzas, mayonnaises ou biscottes, etc.) - vendus dans les cinq plus grandes chaînes de supermarchés en France. Avec une pétition , foodwatch demande à E. Leclerc, Auchan, Carrefour, Coopérative U et Intermarché de revoir à la baisse la quantité de sucré ajouté dans leurs produits, surtout dans les premiers prix. Ces géants de la grande distribution sont responsables de la qualité des produits qu’ils mettent dans leurs rayons et à quel prix. Le choix le plus sain devrait être accessible à toutes et tous. Manger trop sucré ne doit pas être une fatalité. 

Paris, le 15 janvier 2025. Dans les supermarchés, les consommatrices et consommateurs ont-ils accès aux produits les moins sucrés du rayon s’ils achètent les petits prix ? D’après la nouvelle enquête de foodwatch, c’est non. En bref, sur les plus de 400 produits analysés, moins c’est cher, plus c’est sucré ; plus c’est cher, moins c’est sucré. 

Conserves de petit pois, pain de mie, cordon bleu, pesto, pizza, guacamole, mayonnaise, ou encore biscottes : foodwatch a comparé la quantité de sucre en fonction du prix de plus de 400 produits dans 12 catégories alimentaires dans lesquelles on ne devrait pas s’attendre à trouver du sucre ajouté. Le constat est aberrant : c’est parmi les produits les moins chers qu’on trouve en moyenne les plus sucrés, majoritairement des marques distributeurs. À l’inverse, pour les produits contenant en moyenne moins sucre, il vous faudra choisir parmi les plus chers.

Pour Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch : « Avec cette enquête, foodwatch sonne l'alerte : non seulement l’offre alimentaire est trop sucrée, mais si votre budget est serré, vous ne pourrez pas faire le meilleur choix pour votre santé. Les distributeurs portent la responsabilité de cette offre, biaisée et discriminante, et de ses conséquences : ils doivent changer la donne. Nous leur demandons d’aligner leurs recettes avec leurs discours car il ne suffit pas de vendre des produits à prix bas, il faut aussi qu’ils soient sains. »

Quand on regarde les produits les moins chers en supermarché, 99% sont des produits de marques distributeurs. Foodwatch cible donc E. Leclerc, Auchan, Carrefour, Coopérative U et Intermarché, acteurs majoritaires du secteur avec une pétition  les appelant à un changement radical de leur offre. 


Ainsi, par exemple : 
•    Les 5 conserves de petits pois les moins chères contiennent en moyenne 43% de sucre en plus que les 5 conserves de petits pois les plus chères (soit près de 1,5 fois la quantité de sucre des 5 produits les plus chers) 
•    Les 5 pots de mayonnaise les moins chers contiennent en moyenne 417% de sucre en plus que les 5 pots de mayonnaise les plus chers (soit plus de 4 fois la quantité de sucre des 5 produits les plus chers). 
•    Les 5 paquets de biscottes les moins chers contiennent en moyenne 24% de sucre en plus (près d’un quart) que les 5 paquets de biscottes les plus chers.  
•    Les 5 pots de guacamole les moins chers contiennent en moyenne 127% de sucre en plus que les 5 pots de guacamole les plus chers, (soit plus de 2 fois la quantité de sucre des 5 produits les plus chers)

« Avec leurs marques distributeurs, Carrefour, Auchan, E. Leclerc, Intermarché et Coopérative U ne laissent pas d’autre choix aux personnes qui ont un budget contraint que d’acheter des produits trop sucrés. C’est insupportable : les produits plus sains doivent être abordables pour toutes et tous », dénonce Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch.

Les distributeurs ont une énorme responsabilité dans les rayons alimentation. Il est scandaleux qu’ils ajoutent (significativement, dans certains cas) plus de sucre dans les produits les moins chers quand ils savent s’en passer dans d’autres produits. Que les produits les moins chers soient si souvent les plus sucrés, tandis que les moins sucrés sont les plus chers est une discrimination intolérable. Alors que dans leur communication, les géants de la grande distribution s’affichent comme les soi-disant « alliés » du pouvoir d’achat des consommateurs et consommatrices, ils créent en fait de toutes pièces un marché à deux vitesses où seul·es celles et ceux qui ont les moyens peuvent accéder à des produits plus sains. 

Aujourd’hui, l’offre alimentaire est trop sucrée. Selon une étude de l’ANSES portant sur 54 000 produits alimentaires transformés, 77 % d’entre eux – soit plus de trois sur quatre – contiennent au moins un ingrédient sucrant ou un vecteur de goût sucré. On le sait, l’industrie agroalimentaire utilise largement le sucre, une matière première peu coûteuse, et incite à la consommation en habituant les consommatrices et consommateurs à ce goût sucré. Cela ne peut plus durer.

Méthodologie

foodwatch a collecté les prix et teneurs en sucre de 463 références dans 12 catégories de produits alimentaires (biscottes, cacahuètes enrobées, cordons bleus, crackers, guacamoles, mayonnaises, pains de mie, pestos, petits pois, pizzas, pizzas surgelées et sandwichs au pain de mie) dans lesquelles on ne devrait pas s’attendre à trouver du sucre ajouté, dans des supermarchés de même taille et d’enseignes différentes (E. Leclerc, Intermarché, Carrefour, Auchan, U), dans plusieurs régions de France. L’enquête de foodwatch n’a pas vocation à être exhaustive, mais à pointer du doigt un dysfonctionnement, avec une rigueur et un sérieux factuel, et d’interroger la responsabilité des acteurs de la distribution.   
A partir de ces jeux de données, nous avons isolé les 5 produits les plus chers et les 5 moins chers dans chaque catégorie de produits et avons comparé leur teneur en sucre et leur prix pour déterminer : 

  • La quantité moyenne de sucre dans les 5 produits moins chers ; 
  •  La quantité moyenne de sucre dans les 5 produits plus chers ; 
  • La proportion de produits plus sucrés parmi les moins chers ;
  • La proportion de produits moins sucrés parmi les plus chers.

La méthodologie complète est disponible ici.
 

Sources