FAQ Aspartame : ce « faux sucre » qui peut-être cancérogène selon l’OMS

Foire aux Questions - foodwatch répond à vos questions.

En juillet 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé l'aspartame comme cancérogène possible pour l'homme. Cet édulcorant, utilisé comme substitut du sucre dans de nombreux aliments ou boissons, reste controversé pour la santé. Faut-il cesser d’en consommer ? S’inquiéter ? foodwatch répond à vos questions. 

Nos réponses à vos questions concernant l'aspartame dans l'alimentation

L'aspartame est un édulcorant artificiel hypocalorique, dont le pouvoir sucrant est environ 200 fois supérieur à celui du sucre. Il se présente sous la forme d'une poudre blanche inodore. Il est largement utilisé dans les produits dits « light » tels que les boissons, les desserts, les sucreries, les produits laitiers, les chewing-gums, les produits de contrôle du poids, ainsi que comme édulcorant de table. Dans la liste des ingrédients, il est aussi appelé « E951 ». 
Cet édulcorant intense est composé de deux acides aminés : l'acide aspartique et la phénylalanine. Son utilisation est autorisée en Europe depuis 1994. 

L'aspartame est utilisé comme substitut du sucre dans plus de 2 500 aliments et boissons en Europe. On le retrouve dans du Coca-Cola Zero, Pepsi Max, Sprite Zero mais aussi dans des yaourts Yoplait 0%, des produits laitiers Lindahls de Nestlé ou des chewing-gums Mentos.  La base de données libre sur les produits alimentaires Open Food Facts propose une liste de produits contenant de l'aspartame/E951. (attention cela étant une plateforme collaborative, toutes les informations ne sont pas forcément à jour).

Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l'aspartame est présent dans une grande variété d'aliments tels que les boissons, les desserts, les sucreries, les produits laitiers, les chewing-gums, les produits hypocaloriques et les produits de contrôle du poids, ainsi que comme édulcorant de table. L'aspartame est présent dans de nombreux aliments et boissons "diététiques" ou "light". Cependant, on le trouve également dans des produits plus étonnants comme les condiments, les plats préparés, les sauces et les pâtes à tartiner pour sandwichs. 

Des études scientifiques récentes ont établi un lien entre l'aspartame et de graves problèmes de santé, notamment un risque accru de cancer, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. En juillet 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé l'aspartame comme cancérogène possible pour l'homme.  En mai 2023, l'OMS a conseillé de ne plus consommer d'édulcorants non sucrés dans le but de perdre du poids. Ce conseil s'applique également à l'aspartame. L'examen par l'OMS des preuves scientifiques actuelles suggère que la consommation d'édulcorants non sucrés, dont l’aspartame fait partie, est associée à un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. 

Les produits contenant de l'aspartame doivent contenir une information sur la phénylalanine. Il s'agit d'un produit de décomposition de l'aspartame, dangereux pour les personnes atteintes de la maladie génétique de la phénylcétonurie (PCU).

Autres problèmes possibles :

Source Organisation mondiale de la Santé : WHO advises not to use non-sugar sweeteners for weight control in newly released guideline - WHO new guideline, 15 May 2023.

  • Aspartame et risque accru de cancer  : Les scientifiques ont constaté que, par rapport aux personnes qui ne consommaient pas d'édulcorants artificiels, celles qui en consommaient les plus grandes quantités, en particulier l'aspartame et l'acésulfame-K, présentaient un risque accru de développer un cancer, quel qu'en soit le type. Des risques plus élevés ont été observés pour le cancer du sein et les cancers liés à l'obésité.

Source Inserm : Artificial sweeteners : Possible Link to Increased Cancer Risk, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 24 mars 2022.
 

Si l'aspartame est utilisé dans un aliment ou une boisson dans l'Union européenne, il doit figurer dans la liste des ingrédients. Sur l'étiquette, le terme "édulcorant" est suivi de "aspartame" ou "E951". Pour les denrées alimentaires et les boissons contenant un ou plusieurs édulcorants, le nom technique de la denrée alimentaire (celui qui est écrit en petit juste avant la liste des ingrédients) comprendra également "avec édulcorant(s)" ou "avec sucre(s) et édulcorant(s)".

Astuce: pour les repérer, vous pouvez scanner votre produit avec l’application yuka qui vous permettra rapidement d’identifier l’additif sans avoir à sortir votre loupe pour lire la liste des ingrédients.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS classe les agents qu'il étudie en quatre groupes. Son programme de monographies identifie les risques de cancer, mais n'évalue pas les risques associés à des niveaux ou à des circonstances d'exposition spécifiques. 

En juillet 2023, le CIRC a classé l’aspartame comme « peut-être cancérogène pour l’homme », dans le groupe 2B. Ses experts ont toutefois déploré le nombre limité d’études scientifiques disponibles. Le CIRC et l’OMS ont d’ailleurs « encouragé les groupes de recherche indépendants à réaliser d’autres études sur l’association potentielle entre l’exposition à l’aspartame et les effets sur la santé des consommateurs ».

Voici la classification du CIRC avec quelques exemples :

1 - Cancérogène pour l'homme : tabagisme, rayonnement solaire, consommation de boissons alcoolisées, consommation de viande transformée, rayonnement ionisant.

2A - Probablement cancérogène pour l'homme : émissions de friture à haute température, DDT, consommation de viande rouge, travail de nuit.

2B - Peut-être cancérogène pour l'homme : gaz d'échappement des moteurs à essence, exposition professionnelle en tant que coiffeur ou barbier, plomb, aspartame.   

3 - Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'homme : consommation de café, pétrole brut, mercure, paracétamol.

La liste complète de tous les agents classés peut être consultée sur le site web du CIRC.

En savoir plus sur la classification par le CIRC.

La dose journalière admissible (DJA) d'aspartame dépend du poids corporel de chacun. La DJA actuelle fixée dans l'Union européenne par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est de 40 mg par kilo de poids corporel. 

Le Comité mixte d’experts des additifs alimentaires de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le JECFA, a réaffirmé la dose journalière admissible de 40 mg par kilogramme de poids corporel par manque de nouvelles données. Mais cette valeur est aujourd'hui remise en cause car les études scientifiques récentes mettent en évidence de nouveaux risques pour la santé qui sont pour la plupart résumés dans les évaluations du JEFCA et du CIRC de juillet 2023. 

Dans Le Monde (14/07/2023), la directrice de recherche de l’Inserm CRESS/EREN, Mathilde Touvier, nuance : « Les doses d’exposition problématiques que nous avons pu mesurer dans NutriNet-Santé sont nettement plus basses que la recommandation du JECFA, entre une demi-canette et une canette par jour. C’est également le cas dans les trois études qui ont permis de mettre en évidence le lien entre aspartame et cancer du foie ». 

Un additif lié à un risque possible de cancer sans bénéfice clair pour le consommateur : la seule dose acceptable pour le consommateur est zéro. Ainsi, conformément au principe de précaution le traité de l'UE et le règlement général sur la législation alimentaire (EC 178/2002), la Commission européenne doit interdire cet édulcorant. 

Le principe de précaution dans le règlement européen (CE) n° 178/2002, est mentionné dans les articles 7 et 14 : « Dans des cas particuliers où une évaluation des informations disponibles révèle la possibilité d'effets nocifs sur la santé, mais où il subsiste une incertitude scientifique, des mesures provisoires de gestion du risque, nécessaires pour assurer le niveau élevé de protection de la santé choisi par la Communauté, peuvent être adoptées dans l'attente d'autres informations scientifiques en vue d'une évaluation plus complète du risque » .

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) évalue la sécurité des additifs avant qu'ils ne soient autorisés par la Commission européenne. Néanmoins, la dernière évaluation de l'aspartame remonte à dix ans : en 2013. Depuis lors, de nouvelles études scientifiques ont été réalisées. Par conséquent, l'avis de l'EFSA sur la sécurité de l'aspartame est dépassé, tout comme la dose journalière admissible (DJA).

En 2020, au Royaume-Uni, deux scientifiques ont ouvertement demandé à l'EFSA pourquoi elle avait réapprouvé l'aspartame en 2013 en tant qu'additif sûr et/ou n'avait pas abaissé la dose journalière admissible (DJA), alors qu'il existait 16 études sur 21 concernant les effets négatifs et néfastes de l'aspartame sur la santé.

En juillet 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé l'aspartame comme cancérogène possible pour l'homme. 

Dans l'Union européenne, tous les additifs alimentaires dont l'utilisation était déjà autorisée avant le 20 janvier 2009 devaient faire l'objet d'une réévaluation de sécurité par l'EFSA. L'échéance était fixée à 2020, mais elle n'a pas été respectée.

À notre connaissance, l'aspartame/E951 n'a pas été interdit dans un pays membre de l’Union européenne ni ailleurs dans le monde. 

L’évaluation de l'OMS/FAO sur l'aspartame est un avertissement clair, mais il est important de ne pas en déduire que les autres édulcorants artificiels ne posent pas de problèmes. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) examine actuellement la génotoxicité de plusieurs édulcorants, mais le processus est trop lent. Tout édulcorant ou additif alimentaire potentiellement dangereux pour la santé devrait être retiré du marché européen jusqu'à ce que son innocuité soit prouvée.

Il se peut que l'histoire se répète. Par exemple, le colorant blanc et agent d'enrobage E171/dioxyde de titane était un additif censé être sûr, jusqu'à ce que l'EFSA et la Commission européenne concluent qu'il ne l'était plus. Son utilisation a d'abord été suspendue en France, notamment grâce au travail de foodwatch et de nombreuses autres organisations.  Le E171 a été interdit en 2021 à l’échelle européenne.

Non, vous ne devriez probablement pas vous tourner vers des sodas sucrés. Les deux variétés – sucrées ou à base d’édulcorants (« faux sucre ») - présentent un risque potentiel pour la santé humaine lorsqu'elles sont consommées en quantités et sur une longue période. 

Beaucoup d'édulcorants ne sont pas aussi innocents qu'ils le paraissent, et ils ne sont même pas bénéfiques pour la réduction du poids, comme l'a récemment annoncé l'OMS. Une consommation excessive de sucres ajoutés peut augmenter la pression artérielle et accroître l'inflammation chronique, deux facteurs susceptibles de provoquer des maladies cardiaques.  Selon l'OMS, le consommateur ne devrait pas avoir à choisir entre un soda avec du sucre et un soda avec des édulcorants. « Il devrait y avoir un troisième choix : l'eau », a affirmé le Dr Francesco Branca de l'OMS.

En 2022, L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a estimé que la consommation de sucres ajoutés doit être aussi faible que possible.

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