Actualités 19.02.2013

Acheter moins cher n’est pas le problème !

  • Scandale Viande de cheval
  • Scandale Fipronil

La viande de cheval est vendue comme étant du bœuf et la faute reviendrait aux consommateurs car ils voudraient toujours acheter moins cher ? Selon foodwatch, ce raisonnement perfide est scandaleux. Le secteur agroalimentaire et les politiciens essaient de blâmer les consommateurs afin de détourner l’attention de leurs propres négligences. Le véritable problème se situe ailleurs.

 Que ce soit de la viande avariée dans le kebab, de la dioxine dans les œufs ou du cheval dans les lasagnes au bœuf, pour chaque scandale lié aux produits alimentaires, on entend inévitablement le même refrain : c’est de la faute du consommateur avec sa mentalité « plus radin, plus malin ». A force de vouloir acheter moins cher, il ne faut pas s’étonner d’obtenir des produits de piètre qualité, d’être floué et trompé.

Comme si c’était aussi simple que cela ! Ce raisonnement ne tient pas debout et détourne l’attention loin des véritables problèmes. Les industriels et les politiciens mettent volontiers leurs propres erreurs sur le dos des consommateurs. En vérité, sur le marché des produits alimentaires, le client n’est en aucun cas le roi. Il ne peut influer sur l’offre et la manière de produire.

  • La tromperie n’est pas une question de prix : la viande de cheval non déclarée est autant apparue dans les produits de grandes marques que dans les produits de distributeurs.
  • La qualité n’est pas fonction du prix : les produits alimentaires chers ne sont pas nécessairement bons et les produits économiques mauvais. Il n'y a parfois aucune différence entre une lasagne économique sans marque et une lasagne chère d’une marque, car il s’agit parfois du même produit provenant de la même usine.
  • La qualité n'est pas transparente : les producteurs de produits alimentaires sont avares d’informations sur la composition des produits. Il n‘est par exemple pas indiqué sur l’emballage comment et où sont élevés les animaux qui entrent dans la composition. Lorsqu’ils effectuent leurs achats, les consommateurs ne peuvent savoir si la viande au prix plus élevé est « meilleure ». Par manque d’informations adaptées, ils ne peuvent comparer la qualité de deux produits autrement que par le prix. Choisir le produit plus économique est de ce fait souvent plus raisonnable.
  • La concurrence se situe au niveau du prix et à de la qualité : : toute entreprise, quel que soit le segment de prix sur lequel elle vend ses produits, veut réduire ses coûts et maximiser son profit. Tant que la tromperie restera impunie et que la qualité ne devra pas être transparente, les produits de moindre valeur vendus à des prix élevés grâce à de fausses informations resteront une conséquence logique d’un marché qui s’égare.
  • La tromperie et la qualité ne sont pas une question d’origine : un paysan de la région ne traite pas nécessairement mieux les animaux qu’un autre. La tromperie se retrouve également et précisément dans les produits « régionaux »… fabriqués en Chine ou en Europe de l’Est, par exemple.
  • • Ils ont payé cher mais ont tout de même été trompés :bien que les Français consacrent un budget plus important que leurs voisins européens aux dépenses alimentaires, ils ont également été trompés par les lasagnes au cheval, tout comme leurs voisins belges, britanniques ou allemands.
  • Les consommateurs sont prêts à dépenser plus pour une meilleure qualité : ils achètent, par exemple, des yaourts de marque à un prix exorbitant car ils supposent une qualité supérieure en raison des indications prometteuses relatives à la santé.
  • Le client devient roi grâce à l’information : les consommateurs n’ont pu se détourner des produits issus de l’élevage intensif que depuis l’obligation de l’indication du type d’élevage sur l’emballage. Concernant les œufs, la mention du type d’élevage n’est toujours pas obligatoire sur les produits transformés (pâtes, pâtisseries, etc.) où l’industrie continue à avoir largement recours à l’élevage intensif. Cet exemple prouve que le client ne sera à nouveau roi que lorsqu’il disposera de toutes les informations nécessaires lui permettant de juger de sa qualité.