L’industrie alimentaire édicte ses propres règles et se moque de nous. foodwatch s’insurge contre cette autorégulation qui sert les intérêts des industriels mais pas ceux des consommateurs. Cas flagrant avec Nestlé et sa soupe Maggi « bœuf-carottes » qui ne contient même pas le morceau de bœuf promis sur l’emballage. Nestlé se défend en arguant qu’elle respecte le Code de la soupe... qu’elle a elle-même rédigé avec les autres grands fabricants de soupe. Inquiétant : ce Code sert de référence à la DGCCRF depuis l’abrogation du décret qui réglementait la fabrication de la soupe en France.
Pour dénoncer cette ruse tout à fait légale, foodwatch lance une nouvelle pétition et une vidéo qui ciblent Nestlé.
Nestlé, libre de désinformer, prétexte un bas prix
Avec l’exemple flagrant de la soupe Maggi « bœuf-carottes », foodwatch démontre que l’industrie a le champ libre pour désinformer le consommateur. Nestlé, comme tant d’autres fabricants, n’est pas contrainte de tenir les promesses faites sur l’emballage.
Si vous espérez trouver un morceau de viande dans la soupe Maggi bœuf-carottes, saveur à l’ancienne qui présente pourtant un généreux morceau de bœuf sur son emballage, vous allez être très déçus. La soupe Maggi « bœuf-carottes » ne contient pas de morceau de viande du tout ! On y trouve à peine 1,1% de… jus de cuisson de bœuf.
L’entreprise tente de contourner le problème en invoquant un bas prix : ce n’est pas une excuse valable pour induire les consommateurs en erreur sur les qualités intrinsèques du produit. Il ne s’agit pas d’un cas isolé, puisque d’autres soupes Maggi de la gamme « Saveur à l’Ancienne » – Bœuf-Tomate ou Pot au Feu, par exemple – présentent le même morceau de viande prometteur. Bon marché ou pas, les soupes instantanées se devraient d’afficher un étiquetage fiable et pourraient tout à fait contenir des quantités décentes de viande, de légumes ou de vraies épices. Or celle-ci compte plus de fécule, d’exhausteurs de goût artificiels, de sucre et de sel que de viande. De plus, tant que la recette ne sera pas conforme à une véritable recette « A l’ancienne », expression dont l’usage est réglementé, la présentation du produit ne devrait pas y faire allusion.
Ruses légales mais pas légitimes pour autant
Autre « excuse » pour abuser le consommateur : Nestlé affirme que ce produit répond aux critères spécifiés dans le code des usages des soupes, bouillons et consommés. Mais Nestlé, avec les autres fabricants du Syndicat national des fabricants de bouillons et potages (Knorr, Liebig, Campbell), a édicté elle-même les règles mentionnées dans ce Code. Nestlé se targue donc de respecter ses propres règles. Ce Code protège, certes, les intérêts des fabricants, mais pas ceux des consommateurs qui s’estiment abusés. Il s’agit là d’une ruse parfaitement légale puisque nos autorités ont validé ce Code et l’utilisent pour leurs contrôles. Légal mais pas légitime pour autant car rien ni personne ne contraint Nestlé et consorts à tenir les promesses faites sur l’emballage.
Les réglementations européenne et française stipulent que toute publicité comportant des indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur est interdite. Ce qui ouvre la voie à beaucoup d’interprétations. Il nous faut donc des lois plus contraignantes pour empêcher les fabricants d’entretenir la confusion chez le consommateur avec des images ou dénominations exagérées.
Actuellement les autorités de contrôle (dont la DGCCRF) et les tribunaux s’en remettent aux pratiques les plus courantes sur le marché pour trancher et non à des textes de loi précis. Le Code de la soupe, très peu contraignant, permet à l’industrie de tirer les standards de qualité de notre alimentation vers le bas tout en promettant monts et merveilles aux consommateurs.