Actualités 01.10.2014

Pires pratiques marketing : et le gagnant est…

Cette année encore, foodwatch braque les projecteurs avec humour sur les plus culottés des fabricants alimentaires, ceux qui n’hésitent pas à faire miroiter monts et merveilles pour vendre toujours plus. Pour la sixième année consécutive en Allemagne, et la cinquième aux Pays-Bas, foodwatch remet un trophée au produit de l’année dont le marketing malhonnête a le plus choqué les consommateurs.

Après quatre semaines de suspense et plus de 184.000 votes en Allemagne et aux Pays-Bas, le verdict est tombé ce 1er octobre. Nestlé et Coca-Cola raflent les prix du marketing mensonger avec deux de leurs produits destinés aux enfants mais loin d’être exemplaires.

Alete (Nestlé) et Capri-Sun (Coca-Cola), gagnants 2014

Outre-Rhin, le lait aux céréales « Alete » de Nestlé pour bébés à partir de 10 mois l’a emporté haut la main, avec 46% des voix. Ce produit a été mis en cause par la société des pédiatres allemands car il est beaucoup trop riche pour des enfants en bas âge : sa consommation quotidienne favorise donc prise de poids excessive et autres caries. Dès 2007, ces professionnels ont alerté les géants de l’agroalimentaire, les invitant à retirer de la vente ce type d’aliment. Du côté de Nestlé, on reste sourds aux recommandations des médecins. Alete est toujours estampillé « bon pour la santé », et promet même une « croissance saine » pour les bébés.

Les enfants sont également en première ligne aux Pays-Bas, où le marketing de Capri-Sun en direction des bambins a scandalisé 38% des votants. Cette boisson que le distributeur Coca-Cola aimerait faire passer pour un simple mélange de jus et d’eau de source contient en réalité presque autant de sucre qu’un Coca ! Un marketing totalement irresponsable dans un contexte où le nombre d’enfants en surpoids ne cesse d’augmenter, notamment à cause de régimes alimentaires trop sucrés.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la récompense décernée par foodwatch n'a fait plaisir ni à Nestlé, ni à Coca-Cola : les deux entreprises ont refusé le prix. 

En Allemagne, aux Pays-Bas comme en France, le constat est accablant : les ruses légales sont bel et bien la règle, et non pas l’exception.
Capri-Sun et Alete sont deux exemples de marketing mensonger parmi beaucoup d’autres. Des biscuits ultra-sucrés sont fréquemment vantés comme garants d’un petit déjeuner équilibré, des yaourts tout ce qu’il y a de plus banal sont présentés comme la panacée pour rester en bonne santé, la confiture la plus standard est élevée au rang de produit haut de gamme… Les rayons de nos supermarchés sont remplis de ces produits qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas, à grand renfort de publicité.  

Le palmarès est éloquent, et les marques d’agroalimentaire épinglées depuis 2009 ne sont pas des débutantes : Danone, Ferrero, Coca-Cola… Parmi les produits en lice cette année, certains sont également vendus en France, où les fabricants recourent aux mêmes ruses inacceptables que chez nos voisins allemands et néerlandais.
 

Le vote des consommateurs oblige l’industrie à revoir sa copie

Ces campagnes ont d’ores et déjà porté leurs fruits, la pression de dizaines de milliers de consommateurs obligeant certains fabricants à revoir leur copie. Et non des moindres : en Allemagne, Danone a retiré les mentions indiquant que son yaourt Activia était bon pour la digestion ; et Bongrain n’affirme plus que la croûte de son fromage Saint-Albray  est comestible, car celle-ci contient de la natamycine, un fongicide industriel. En cinq ans, 40% des produits incriminés ont vu leur composition et/ou leur étiquetage modifié, ou ont été retirés de la vente.

Du côté des fabricants, on n’apprécie pas vraiment de se voir décerner le prix de l’ « enfumage de l’année ».  Au contraire, ceux-ci préfèrent faire porter le chapeau aux consommateurs, estimant en quelque sorte qu’ils « l’ont bien cherché ». Ainsi en Allemagne, l’ex-chef de file du lobby agroalimentaire, Matthias Horst, n’a pas hésité à déclarer lors d’une interview accordée à un grand magazine (der Spiegel) que « lorsqu’on cherche à manger toujours moins cher, il ne faut pas s’attendre à pouvoir consommer des produits d’une qualité particulière. »

Ce cynisme n’est pas seulement une insulte envers les consommateurs qui ne peuvent, ou ne veulent pas dépenser des sommes astronomiques pour se nourrir. C’est aussi et surtout une façon de détourner l’attention des vrais responsables de ce scandale : les fabricants. A travers foodwatch, les consommateurs s’insurgent contre ces combines inacceptables, et mettent les entreprises d’agroalimentaire face à leurs responsabilités.