Michel-Edouard Leclerc a cédé sous la pression de près de 98.000 consommateurs qui lui réclamaient un étiquetage honnête. La mobilisation a payé : la mention « 100% filet » sur ce produit qui ne contient pas 100% de viande a enfin disparu. Le fabricant reconnaît ainsi clairement qu’il n’est plus acceptable de nous prendre pour des dindes.
E.Leclerc vient de modifier l’étiquette de son blanc de dinde Marque Repère. C’est un énorme succès pour tous les consommateurs : près de 98.000 d’entre eux ont signé la pétition foodwatch adressée à Michel-Edouard Leclerc pour réclamer un étiquetage honnête sur change.org et foodwatch.fr.
Le produit affichant 100% filet en grand ne contenait pas 100% de viande. Cette mention a enfin disparu. Michel-Edouard Leclerc, qui avait d’abord choisi de répondre par le mépris sur son blog, reconnaît ainsi qu’il n’est pas acceptable de prendre les consommateurs pour des dindes. foodwatch salue ce changement de la part du distributeur.
L'emballage du blanc de dinde Marque Repère induisait bel et bien en erreur. Il promettait – en grandes lettres – une viande « 100% filet ». En réalité, cette dinde comportait une quantité non-négligeable d'eau et divers additifs très dispensables, dont un gélifiant à base d’algues qui permet de « gonfler » le produit et d’utiliser moins de viande. Une ruse qui permet à Leclerc de s’enrichir en vendant de l’eau (l’équivalent d’une tranche sur six) tout en la faisant passer pour de la dinde de « qualité supérieure ».
Après Triballat Noyal (Vrai), Maggi et Liebig, E.Leclerc est le quatrième fabricant à apporter des modifications à ses emballages. Exercer une pression sur les fabricants en mobilisant les consommateurs est donc une méthode efficace.
« Ce bluff sur l’étiquette est légal. Mais les consommateurs en ont assez que les fabricants se moquent d’eux impunément. Ils le font donc savoir par le biais des pétitions foodwatch. C’est un moyen de pression efficace puisque quatre grandes marques de l’agroalimentaire pointées du doigt par foodwatch en France ont récemment modifié leurs emballages. Il appartient désormais à nos politiques de mieux protéger les consommateurs en interdisant aux industriels de ruser sur l’étiquetage », souligne Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch France.
Michel-Edouard Leclerc avait d’abord cherché à minimiser l’indignation massive des consommateurs (51.000 signatures dès le troisième jour de la pétition) en affirmant que le micro-trottoir de la vidéo foodwatch était de la mise en scène. Un an après le lancement de la pétition sur change.org et sur foodwatch.fr, il a fini par prendre ces critiques au sérieux et par faire machine arrière.
Nous pensons que Michel-Edouard Leclerc peut mieux faire encore. En cette fin d’année scolaire, nous avons imaginé à quoi ressemblerait son bulletin :
En effet, la mention « qualité supérieure » à l’avant du paquet reste très discutable : l'équivalent d'une tranche sur six dans ce produit n’est pas de la viande mais un mélange d’eau, d’arôme, d’algues et d’autres additifs.
En France, la mention « qualité supérieure » ne se réfère à aucune législation. C’est le « Code des bonnes pratiques des produits à base de dinde et de dindonneau » rédigé par les professionnels du secteur de la dinde eux-mêmes qui définit les règles de fabrication de tels produits et permet ces abus. Accepté comme document de référence par l’autorité publique de contrôle, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), ce Code ne protège absolument pas les consommateurs de la désinformation.
Les pratiques qui permettent de désinformer le consommateur ne sont pas anodines. foodwatch s’étonne de l’inertie de nos politiques à ce sujet alors que la Cour de justice de l’Union européenne elle-même a récemment statué sur les procédés malhonnêtes d’un fabricant alimentaire.
foodwatch milite pour une législation qui protège mieux les consommateurs de ces pratiques abusives en attirant l’attention des décideurs politiques sur les nombreuses ruses des fabricants.