Au lieu d'introduire un étiquetage nutritionnel clair et compréhensible par tous, le Ministère a cédé à la pression des lobbies en leur confiant une "expérimentation" dont ils sont juges et parties. foodwatch demande l'arrêt de cette mascarade orchestrée par la grande distribution et l'industrie alimentaire. A l'instar de nombreux professionnels de santé, nous dénonçons ce processus entaché de conflits d'intérêts et dépourvu de crédibilité scientifique.
La loi de Santé 2016 devait être l’occasion d’introduire un logo à l’avant des emballages, permettant d’identifier grâce à des couleurs les qualités nutritionnelles des aliments, les comparer en un clin d’œil, et opérer des choix éclairés pour manger plus sainement.
En voyant le résultat, on ne peut que déchanter. Au lieu de s’appuyer sur des avis scientifiques pour choisir un système d’étiquetage clair, la Ministre de la Santé a lancé une expérimentation pour évaluer en conditions réelles quatre de ces logos nutritionnels. Sauf que… cette expérimentation est mise en oeuvre par le Fonds français pour l’alimentation et la santé. Or le FFAS représente les intérêts de l’industrie agroalimentaire.
C’est cette même industrie qui s’oppose à tout système d’étiquetage qu’elle n’aurait pas elle-même conçu. Les déclarations du Président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), tout comme l’intense lobbying mené auprès des députés et du gouvernement le prouvent. Comment croire dès lors à l’impartialité du FFAS qui fait aujourd’hui mine de jouer le jeu ?
Il y a urgence à agir : l’Organisation mondiale de la Santé alerte sur l’épidémie des maladies chroniques, première cause de mortalité dans le monde. L’alimentation est un facteur de progression de ces maladies chroniques (ou affections de longue durée, ALD) telles que l’obésité ou le diabète. En France, les ALD touchent déjà 15 % de la population - 10 millions de personnes - et ce taux devrait grimper à 20 % en 2025, selon la Direction générale du Trésor.
Six experts renommés, dont les spécialistes en nutrition, ont claqué la porte du Comité scientifique de l’expérimentation et le directeur de l’Inserm en a fait de même. Le Monde, Openfoodfacts, le magazine Linéaires, l’Inserm/Inra/Cnam/Université Paris 13, ont relevé de nombreux problèmes dans la mise en œuvre de l’expérimentation qui illustrent son manque de fiabilité : erreurs, absence de pictogramme sur les produits pourtant concernés, grandes marques non-étiquetées, etc. De plus, une pétition citoyenne demande depuis plusieurs mois à la Ministre d’écarter les logos « poudre aux yeux » de l’industrie.
La ministre de la Santé doit mettre un terme à cette mascarade. Pour signer la pétition .