En cette rentrée, c’est une nouvelle qui fâche : le 4 septembre 2024, Danone a annoncé faire marche arrière sur le Nutri-Score. Le groupe va progressivement retirer le logo nutritionnel de certains de ses produits. Cette manœuvre inadmissible est aussi inquiétante, car elle ne pourrait donner des idées à d’autres industriels. C’est pourquoi foodwatch demande que Danone mais aussi aux géants du secteur récalcitrants – Unilever, Mondelez, Lactalis, Ferrero, ou encore Bjorg, qui a supprimé le Nutri-Score de ses produits en 2023 – affichent le logo nutritionnel sur leurs emballages, avec un message clair : on vous a l’œil et on ne vous laissera pas faire, jusqu’à ce que le Nutri-Score soit obligatoire en Europe.
Avec le nouvel algorithme, Danone fait marche arrière sur le Nutri-Score
Les rumeurs inquiétantes qui enflaient depuis plusieurs mois se sont confirmées ce mercredi 4 septembre : Danone fait marche arrière et annonce retirer progressivement le Nutri-Score de ses yaourts à boire sucrés et de ses laits végétaux, moins bien notés depuis les modifications apportées à l’algorithme du Nutri-Score l’année dernière, dont on vous parlait déjà dans cet article de juin 2023.
À ce jour, Danone n’a pas communiqué la liste précise des marques concernées par le retrait du Nutri-Score et, au téléphone, a refusé de nous répondre à ce sujet. Du côté de l’Agence France Presse, un porte-parole du groupe a mentionné les marques Actimel, Danonino, Hi-Pro, Danone ou encore Activia.
Aperçu des produits sur lesquels vous pourriez ne plus voir le Nutri-Score affiché à l’avenir :
Il est inadmissible que Danone décide de faire marche arrière sur le Nutri-Score parce que les produits de certaines de ses marques auraient une moins bonne note. Le Nutri-Score sert à aider les consommatrices et consommateurs à faire des choix plus clairs : pourquoi les priver de cette information sinon pour préserver leur image de marque au détriment de la santé ? Ce rétropédalage montre que Danone retourne sa veste quand ça l’arrange.Chargée de campagnes foodwatch France
Les arguments anti-Nutri-Score de Danone sont irrecevables pour foodwatch
Si on résume, Danone, mécontent des changements apportés à l’algorithme du Nutri-Score par des scientifiques indépendant·es, abandonne le logo nutritionnel comme il l’entend sur certaines de ses marques. Or, la santé et la science ne sont pas à la carte.
Revenons un peu en arrière pour éclaircir cette histoire : en 2022, le comité européen en charge du suivi et de l’amélioration du Nutri-Score a révisé le mode de calcul derrière la note et la couleur attribuée aux produits. Un objectif unique : améliorer son efficacité et sa cohérence avec les recommandations publiques en matière de santé. En bref, grâce à ces évolutions, le logo est plus pertinent et permet aux consommatrices et consommateurs de faire des choix encore plus simples et sains dans les rayons des supermarchés.
C’est donc tout bénéfique, mais cela ne plaît pas à Danone, car la note de certains de ses produits passeraient du vert à l’orange ou au rouge, étant – légitimement – plus sévèrement notés par l’algorithme. Ainsi, les yaourts à boire sont passés dans la catégorie des boissons (puisqu’ils sont… à boire !) plutôt que des aliments : les yaourts à boire sucrés sont surtout consommés par des enfants et des adolescent·es qui peuvent parfois le consommer en grande quantité au goûter. Les scientifiques nous disent qu’on ne peut pas comparer son usage à celui d’un yaourt classique : c’est un yaourt à boire, sa note est donc calculée comme celui d’une boisson.
Mais soyons bien clair·es : Danone n’a pas son mot à dire sur les modifications apportées à l’algorithme du Nutri-Score, qui ont été faites et validées en toute indépendance par un ensemble de médecins, de nutritionnistes et de scientifiques.
Mettre à jour l’algorithme du Nutri-Score vise à améliorer son efficacité, en prenant en compte les progrès des connaissances scientifiques en matière d’alimentation, les évolutions des produits dans les supermarchés et l’utilisation réelle, par les consommatrices et consommateurs, du logo dans les rayons. En bref, l’objectif de la révision de l’algorithme est d’obtenir une meilleure classification des aliments, en cohérence avec les recommandations nutritionnelles de santé.
Le désengagement de Danone, une manœuvre permise par l’inaction politique
La décision inacceptable de Danone montre bien une chose : dès lors que les industriels ne sont pas contraints par une obligation réglementaire, ils s’accordent le droit de se désengager de leurs responsabilités – rappelons que Danone avait soutenu le Nutri-Score aux niveaux français et européen et s’était engagé à l’afficher sur ses produits il y a quelques années. Tant que le Nutri-Score ne sera pas rendu obligatoire partout en Europe, la porte reste ouverte à une marche arrière des industriels sur le Nutri-Score, notamment quand ses évolutions ne vont pas dans leur sens.
En France, foodwatch attend les responsables politiques au tournant : le décret d’application du nouvel algorithme a été validé par la Commission européenne depuis un moment déjà, mais attend le feu vert du gouvernement pour entrer en vigueur. L’inaction politique jette un flou autour du Nutri-Score : le gouvernement doit d’urgence lui réaffirmer son soutien.
Nutri-score en Europe, pourquoi est-ce important qu'il devienne obligatoire?
Pour aider les consommateurs et consommatrices à faire des choix d’alimentation plus sains, foodwatch se bat pour rendre le Nutri-Score obligatoire en Europe. Pourquoi? Quels sont les enjeux ?
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