Affaire Lactalis : les parlementaires tirent des conclusions utiles mais la justice se fait encore attendre…
La Commission d’enquête parlementaire sur l’Affaire Lactalis a publié ses conclusions. Ses propositions sont utiles, et certaines font écho à des recommandations de foodwatch, mais attention : elles ne sont qu’une petite pièce du puzzle pour éviter de nouveaux scandales alimentaires. Il faut bien sûr renforcer les contrôles et la législation, mais il faut surtout que le climat actuel d’impunité vole en éclat : foodwatch réclame la nomination d’un juge d’instruction dans l’affaire Lactalis pour donner suite aux plaintes de l’association et des familles. Tant que la lumière n’est pas complètement faite sur cette affaire et que des sanctions dissuasives ne sont pas actées, les enseignements de la crise ne pourront être réellement tirés. S’arrêter aux recommandations politiques et laisser Lactalis commercialiser de nouveau des produits infantiles fabriqués dans l’usine de Craon serait tout simplement inacceptable pour foodwatch, qui a porté plainte au mois de février.
La Commission d’enquête parlementaire sur l’Affaire Lactalis publie aujourd’hui ses conclusions et met le doigt, comme foodwatch l’avait fait dans son rapport en février, sur les dysfonctionnements et les défaillances de tous les acteurs impliqués. La Commission a d’abord en ligne de mire les auto-contrôles des industriels et les laboratoires, pour renforcer le dispositif. Elle souligne aussi que les auto-contrôles ne sont pas suffisants et recommande une autorité unique pour la sécurité alimentaire et une taxe payée par les industriels pour renforcer les moyens des autorités de contrôle. Il est en effet nécessaire de renforcer les moyens et l’efficacité des autorités publiques, avec une plus forte coordination interministérielle, en rappelant que c’est bel et bien l’Etat qui in fine porte la responsabilité de la protection des consommateurs et de leur santé. Les industriels ne doivent pas être déresponsabilisés, mais ils doivent être davantage contrôlés. Les parlementaires n’oublient pas les distributeurs, qui ont également failli à leurs obligations dans l’affaire Lactalis, et font des propositions pour améliorer les retraits et rappels, dont un site internet unique accessible à tous.
Par ailleurs, il est nécessaire de muscler davantage la législation sur l’alimentation. Le rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire, Gregory Besson-Moreau, devrait présenter une proposition de Loi à l’automne. Cela constituera une très bonne occasion pour adopter des mesures passées à travers les mailles du filet de la Loi Agriculture et Alimentation. foodwatch propose par exemple que tous les résultats de contrôles des services de l’Etat sur les produits alimentaires soient rendus publics.
La Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Lactalis a donc réussi à mener sa mission à bien – en dépit des tentatives de torpillage par Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis. Mais soyons clairs : il ne s’agit que d’une petite pièce du puzzle pour prévenir efficacement d’autres scandales alimentaires.
Pendant ce temps, laisser Lactalis commercialiser de nouveau des produits infantiles fabriqués dans l’usine de Craon serait tout simplement inacceptable.