Relance de la production Lactalis : foodwatch ne laissera pas l’entreprise s’en sortir à bon compte
Le scandale Lactalis serait-il déjà en train de retomber comme un soufflé ? La tournure des événements indique que le premier groupe laitier mondial pourrait bien s’en sortir à bon compte. Le Ministère de l’Agriculture a annoncé la reprise de la production à l’usine Lactalis de Craon « sans commercialisation » pour le moment. Mais Emmanuel Besnier, patron de Lactalis, dit vouloir redémarrer la production du lait infantile « d’ici quelques semaines, dès cet été ». Pourtant, l’enquête judiciaire préliminaire censée faire toute la lumière n’est pas terminée ! Rien ne permet d’affirmer qu’on peut désormais faire confiance aux acteurs impliqués dans cette affaire.
Six mois après le début du scandale Lactalis, foodwatch dénonce la précipitation dans la relance de la production de poudres de lait dans l’usine de Craon. Emmanuel Besnier, patron de Lactalis, prévoit même la production de lait infantile « dans quelques semaines, dès l’été ». Pourtant, l’enquête judiciaire préliminaire censée faire toute la lumière n’est pas terminée et la Commission d'enquête parlementaire chargée de tirer les leçons de l'affaire du lait contaminé, qui auditionne Emmanuel Besnier ce jeudi 7 juin, n’a pas encore rendu ses conclusions. L’enquête fouillée de foodwatch et sa plainte déposée avec plusieurs parents montrent que les acteurs impliqués dans ce scandale ont failli à leurs obligations et continuent de manquer de transparence. Depuis, rien ne permet d’affirmer qu’on peut désormais leur faire confiance.
Le scandale Lactalis serait-il déjà en train de retomber comme un soufflé ?
La tournure des événements indique que le premier groupe laitier mondial pourrait bien s’en sortir à bon compte. Le Ministère de l’Agriculture a annoncé la reprise de la production à l’usine Lactalis de Craon « sans commercialisation » pour le moment. Mais E. Besnier annonce vouloir redémarrer la production du lait infantile « d’ici quelques semaines, dès cet été », dans une interview accordée à RTL.
A la veille de l’audition du patron de Lactalis à l’Assemblée nationale, foodwatch s’inquiète du climat d’impunité renforcé par la reprise des activités de l’entreprise. En effet, foodwatch, avec plusieurs parents, a porté plainte au pôle santé publique du parquet de Paris en février avec un objectif affiché très clair : éviter que le scandale sanitaire Lactalis ne se solde, comme trop souvent, par l’impunité, des zones d’ombre jamais éclaircies ou une molle réaction politique. L’organisation avait relevé douze infractions graves.
L’enquête judiciaire préliminaire n’est pas terminée et l’on attend toujours la nomination d’un ou d’une juge d’instruction. Et la Commission d'enquête parlementaire à l’Assemblée nationale n’a pas encore remis son rapport. Aucun acteur impliqué dans cette affaire Lactalis n’a à ce jour répondu à nos questions ni donné des garanties solides sur la sécurité sanitaire : ni les autorités, ni Lactalis, ni les distributeurs, ni le préfet de la Mayenne, premier concerné par les contrôles de l’usine de Craon. C’est bien simple : nous n’avons pas confiance. Pourquoi cette précipitation à relancer l’activité ? L’Etat semble faire primer les intérêts économiques de Lactalis sur la santé publique.
Le préfet de la Mayenne, peu transparent, décidera de la reprise de la production de lait pour bébés
foodwatch rappelle que l’usine de Craon avait déjà été touchée par une contamination à la même salmonelle en 2005, qui avait rendu malades plus de 140 bébés. Les contrôles sanitaires de l’usine de Craon sont sous l’autorité du préfet de la Mayenne, Frédéric Veaux. Il a refusé de communiquer à foodwatch le détail des documents demandés dès décembre 2017, notamment sur les mesures mises en place depuis 2005 pour éviter une nouvelle contamination. François Lafforgue, avocat de foodwatch France, s’étonne « de l’absence d’informations disponibles quant aux conditions de la reprise d’activité. Ce flou entretenu par l’administration est d’autant plus regrettable que la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) vient de donner raison à foodwatch pour la communication des documents dans le cadre de cette affaire ». foodwatch souligne que c’est ce préfet peu transparent qui va donner le feu vert à la reprise de la production de lait pour bébés. Mais quelles garanties nous donne-t-il ?
Enfin, foodwatch s’inquiète des futurs autocontrôles de Lactalis dans le cadre du « plan d’autocontrôle renforcé » annoncé par les autorités. Mais plan renforcé par rapport à quoi ? On ne sait rien pour l’instant des autocontrôles menés par Lactalis durant toutes ces années où la salmonelle était présente dans l’usine.
Qu’est-ce qui nous garantit à présent que nous pouvons faire confiance au premier groupe laitier mondial qui a joué avec la santé des nourrissons de 86 pays pendant des années ?