Les steaks hachés « façon bouchère » : une nouvelle arnaque au prix démasquée
Vous l’aurez peut-être constaté : de nombreuses enseignes proposent aujourd’hui des steaks hachés « façon bouchère ». Cette mention est-elle la garantie d’une meilleure qualité de la viande, d’un procédé de production plus coûteux, d’un temps de maturation plus long ? Rien de tout cela ! foodwatch a mené l’enquête avec Le Parisien et découvert… une belle arnaque au prix.
Steaks hachés « façon bouchère » : quelles sont les promesses ?
Les rayons viande de nos supermarchés se remplissent d’une nouvelle sorte de steaks hachés « façon bouchère ». Présentés à côté des steaks hachés classiques, ils sont a priori plus attractifs visuellement. Ils sont aussi vendus plus chers au kilo.
En effet, l’aspect des steaks « façon bouchère » diffère de celui des steaks hachés striés : la présentation se veut plus artisanale, comme s’ils étaient tout juste hachés par le boucher du coin. L’objectif des marques est évidemment de faire écho au besoin de plus en plus pressant des citoyens de consommer local, frais, circuit-court. Sur le papier, rien de choquant : on imagine naturellement que la qualité de la viande diffère, que le processus de production n’est pas le même, et qu’il s’agit bien de deux sortes de steaks différents – ce qui justifierait une différence de prix de près de 15% pour le consommateur.
Deux marques qui jouent au petit jeu du « façon bouchère » ont particulièrement retenu notre attention : Auchan et Charal.
Auchan : deux produits quasi identiques, un écart de prix conséquent
Chez Auchan, les deux steaks hachés classiques marque distributeur (5% de matière grasse) sont vendus à 13,60 euros le kilo. Leurs voisins « façon bouchère » le sont à 15,60 euros le kilo. Nous nous sommes penchés de plus près sur ces deux produits. Le grammage ? Identique. Le pourcentage de matière grasse ? Identique. La liste des ingrédients ? Identique. Le tableau nutritionnel ? Identique. La qualité de la viande ? Identique. La réponse du service consommateurs est stupéfiante : Auchan explique que le coût de production pour les deux produits est sensiblement le même, et que la seule différence pour le steak façon bouchère est que la viande est plus aérée et moins comprimée.
Rien donc qui justifie une augmentation de 15% du prix par rapport à un steak haché classique.
Charal : une viande moins pressée pour un prix plus pressant
Chez Charal, même combat et même résultat. Au final, les steaks hachés pur bœuf (15% de matière grasse) sont vendus à 12,52 euros le kilo chez Carrefour, par exemple. Quant aux steaks hachés « façon bouchère », ils atteignent 14,61 euros le kilo. Là encore, aucune différence flagrante entre les deux produits au niveau de la qualité de la viande. Également contactée, la marque justifie l’écart de prix par une viande moins pressée, et un procédé de hachage légèrement distinct avec un diamètre un peu plus gros. Pourtant, à la vente chez Carrefour, l’augmentation du prix pour le consommateur atteint ici plus de 16 % ! Une belle arnaque sur l’étiquette.
Une élévation du prix qui ne repose sur aucun fondement
Le constat est sans appel : la mention « façon bouchère » sur les étiquettes ne justifie pas à elle seule une augmentation du prix. Son utilisation par les fabricants ne repose sur aucun critère transparent et n’a d’autre but que d’induire les consommateurs en erreur. Concrètement, la distinction entre les deux sortes de steak réside simplement dans un aspect plus aéré. Bref, la viande, avant d’être emballée, est moins compressée. En évoquant l’univers du boucher artisan, ces enseignes ne se gênent pas pour augmenter leurs marges. Le tout au détriment des consommateurs et des consommatrices !
Vous avez aimé cet article ? On a encore plein de sujets sur le feu : aidez-nous à continuer !
foodwatch est une association 100% indépendante qui refuse tout financement public ou dons d’entreprises qui pourraient présenter le moindre conflit d’intérêt. Ce sont donc vos dons qui garantissent notre liberté de parole et d’action pour enquêter, lancer l’alerte et faire bouger les choses. Ensemble, notre voix compte. Merci !