Ferrero cache-t-il la vérité ? La question se pose clairement après nos nouvelles révélations. D’une part, l’enquête de foodwatch montre que Ferrero a été alerté dès le 23 mars par les autorités britanniques d’un premier lien entre l’épidémie de salmonelle et les produits Kinder. C’est seulement 12 jours après que le groupe a commencé un rappel de quelques lots en France. Autre révélation de notre association : certains chocolats spécial Noël de Kinder sont concernés par les rappels de chocolats Ferrero potentiellement contaminés par la salmonelle. Pourtant, la communication du groupe s’est concentrée, en France, sur les chocolats au packaging de Pâques… Pourquoi ces rappels en catimini ? Face à une telle opacité, signez notre pétition.
Kinder contaminés : alerte britannique dès le 23 mars, pourquoi Ferrero attend 12 jours pour rappeler ses chocolats en France ?
Pour voir l’étendue du scandale, reprenons un peu sa chronologie en gardant en tête qu’après Noël, Pâques est la période qui enregistre le plus de ventes de chocolats.
Selon l’aveu tardif Ferrero, le groupe a détecté dès le 15 décembre la présence de salmonelles sur son site d’Arlon en Belgique, l’usine au cœur du scandale alimentaire des chocolats Kinder.
- Le 21 décembre, l’épidémie de salmonellose débute, infectant une première personne en Grande Bretagne selon les informations dévoilées le 12 avril par l’EFSA, autorité sanitaire européenne.
- Un peu plus de trois mois plus tard, le 23 mars, les autorités sanitaires de Grande-Bretagne, enquêtant sur une épidémie, ont prévenu et échangé avec Ferrero pour les alerter de la possible contamination de leurs produits. Cette information, c’est foodwatch qui la révèle.
- Le 25 mars, toujours selon les révélations de notre association, une alerte est lancée au niveau européen sur un lien possible entre l’épidémie qui touche plusieurs pays du continent et les chocolats de la marque. Malgré ces deux alertes, les Kinder s’écoulent toujours dans les rayons de supermarchés français. Les ventes sont boostées par l’approche de Pâques.
- Le 28 mars, Ferrero écoule toujours ses Kinder. Au même moment, « les autorités de santé publique des quatre nations du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande du Nord, ndr), de l'Europe et du réseau international de sécurité alimentaire (INFOSAN) ont poursuivi les enquêtes et des informations supplémentaires reçues le 28 mars ont indiqué un lien plus fort avec un produit Ferrero » confie à foodwatch Tina Potter, responsable des incidents sanitaires de la Food Standards Agency britannique.
L’épidémie de salmonellose prend de l’ampleur en Europe. Le foyer en Grande Bretagne est le plus important.
- Le 2 avril, les autorités britanniques alertent leurs concitoyen.nes. En France, week-end d’achat de Kinder sans que personne ne soit averti du danger que cela représente pour les enfants.
- Le 4 avril, enfin, la première procédure de retrait des produits des rayons et le rappel de Kinder est lancée par Ferrero en France, soit 12 jours après la première alerte britannique. Les autorités françaises recensent alors 21 malades dont 8 hospitalisations. En France, l’âge médian des personnes infectées est de… 4 ans.
- Le 6 avril, Ferrero élargi la gamme de produits rappelés en France.
- Le 8 avril, les autorités belges décident de la fermeture de l’usine. Au final, ce sont tous les produits sortis de l’usine Ferrero d’Arlon, quelle que soit la date limite de consommation, qui sont rappelés et ce, faute d’avoir pu obtenir des informations solides en termes de sécurité sanitaire de la part de l’entreprise. La Belgique l’a annoncé vendredi 8 avril au soir et la France lui a emboîté le pas quelques heures après.
Ce même 8 avril, l’alerte sur des Kinder potentiellement contaminés par de la salmonelle touche 77 pays. 150 contaminations sont recensées par l’EFSA à l’échelle de 9 pays européens. Bien souvent, il s’agit d’enfants âgés de moins de 10 ans.
Face à une telle inaction, la question se pose : pourquoi avoir attendu autant d’enfants malades pour agir et alerter les autorités de leur découverte de salmonelle ? A l’approche de Noël, puis de Pâques, Ferrero semble avoir voulu maintenir coûte que coûte ses ventes. Seulement, en réagissant plus tôt, des contaminations, des hospitalisations auraient pu être évitées.
Et plus les informations arrivent, plus la désinformation organisée par la multinationale Ferrero pour préserver ses affaires saute aux yeux.
Les Kinders spécial Noël eux aussi contaminés à la Salmonelle ?
Car notre association vient de révéler autre chose sur les produits de Noël Kinder : plusieurs lots sont concernés par les rappels de chocolats mais Ferrero se cache derrière le code barre pour ne pas afficher clairement ces produits vendus depuis longtemps.
L’enquête menée par foodwatch a en effet permis de détecter que des chocolats à l’habillage de Noël, les Kinder Maxi 100g et les Kinder Maxi Mix 133g et 193g, sont bel et bien concernés par le rappel. Une information confirmée par le service consommateurs de la marque.
En Allemagne, les client·es sont informé·es visuellement de ce rappel et savent donc qu’ils ont pu manger, dès décembre, des chocolats Kinder potentiellement contaminés.
En France, c’est bien caché. D’après les vérifications de foodwatch en magasin, ces Kinders à l’habillage de Noël n’apparaissent pas visuellement sur les rappels. Seul le code barre permet de deviner qu’ils sont également potentiellement contaminés. Pourquoi se montrer aussi discret ?
Ferrero, qui a fait appel à une agence de communication de crise, fait mine d’être transparente à coup de communiqués.
Quand les autorités belges ordonnent la fermeture de l’usine incriminée, Ferrero annonce ‘la suspension temporaire de ses activités’ reconnaissant des ‘retards dans la récupération et le partage d’informations dans les délais impartis’. En réalité, la Belgique a été très claire : Ferrero a été incapable de fournir les garanties nécessaires liées à la sécurité sanitaire des aliments, raison pour laquelle absolument tous les produits Kinder de cette usine sont rappelés. Les autocontrôles de Ferrero n’auraient rien détecté depuis des mois et la marque n’était pas au courant ? On a du mal à le croire...Directrice de l'information foodwatch France
Réclamez plus de transparence sur les scandales alimentaires, signez la pétition
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