Shrinkflation et arnaque au prix : le gouvernement doit contraindre les industriels
Bonne nouvelle : depuis nos enquêtes, les choses bougent sur le front des arnaques au prix ! Pourtant, distributeurs et fabricants continuent de bouder l’importante mobilisation citoyenne. Face à l’inaction des marques, foodwatch continue de révéler de nouvelles arnaques au prix afin de démontrer combien l’action du gouvernement est nécessaire pour mettre fin à ces arnaques sur l’étiquette qui impactent notre pouvoir d’achat. La ministre déléguée du Commerce, Olivia Grégoire, a de nouveau réagi et a officiellement ouvert la porte à la mise en place d’un cadre règlementaire strict. Explications.
Le 8 juin dernier, invitée du fauteuil rouge de l’émission Complément d’enquête , Karine Jacquemart, Directrice générale de foodwatch France, a remis les points sur les « i » sur les arnaques au prix, dans un contexte d’inflation alimentation record : pour protéger les consommateurs et consommatrices en période d’inflation, une action du gouvernement est nécessaire, les engagements volontaires des industriels ne suffiront pas.
Cette abnégation paie : la ministre déléguée du Commerce, Olivia Grégoire, qui a été invitée à réagir par l’émission, a réitéré dans une allocution officielle sa volonté d’encadrer fermement cette pratique. La ministre va saisir le Conseil national de la consommation, un organisme consultatif qui sera chargé d’ici la fin de l’année d’émettre un avis sur le meilleur moyen d’y mettre fin. Forte de notre mandat d’association agréée de protection des consommateurs, nous y porterons votre voix via notre pétition et nous utiliserons vos témoignages et nos enquêtes pour montrer qu’il est temps de mettre de l’ordre dans la jungle des étiquettes dans les rayons des supermarchés.
En exclusivité, @oliviagregoire annonce la saisine du Conseil national de la conso à la rentrée afin d'évaluer si le renforcement d'un "arsenal réglementaire" est nécessaire sur #shrinkflation & arnaque au prix sur formats spéciaux. Une bonne nouvelle que nous suivrons de près ! https://t.co/4FnqSbsU9k
— foodwatch France (@foodwatchfr) June 9, 2023
Face à l’inaction des marques, foodwatch poursuit son rôle de vigie citoyenne et dévoile de nouveaux cas de shrinkflation : le gouvernement doit mettre fin à cette pratique, encore trop répandue dans les rayons !Chargée de campagnes foodwatch France
En février 2023, la marque Ben’s (groupe Mars Food) a réduit le format de ses sachets de riz à la méditerranéenne de 250g à 220g. En prenant en compte l’inflation, son prix au kilo a augmenté de 35% alors que le nouveau format contient 12% de produit en moins. Ce changement est toujours en cours, illustrant mieux que jamais cette pratique insidieuse.
En septembre 2022, la marque Lindt a réduit le format de ses tablettes Maître Chocolatier Double lait de 9%, passant de 2 x 110g à 2 x 100g. 20g de moins de chocolat pour un prix au kilo qui augmente de 15% (en tenant compte de l’inflation) : la suite de la saga Lindt, déjà épinglée pour cette pratique dans notre enquête en septembre 2022 , et qui n’a pas répondu à nos (nombreuses) sollicitations.
Le groupe Carrefour a réduit le poids de ses sachets de fruits rouges surgelés Classic’ de 650g à 500g en avril 2021, un produit pourtant mis en avant dans le cadre du trimestre anti-inflation du distributeur. Pour ce produit, la shrinfklation, c’est 23% de fruits en moins et une augmentation du prix au kilo de 30%. Un changement quasiment imperceptible, emblématique de cette pratique, car le prix à l’unité sur votre ticket de caisse n’a pas bougé.
foodwatch révèle de nouveaux cas de formats spéciaux plus chers que les formats classiques
Même un centime de plus au kilo entre format familial et un format classique, c’est un centime de trop. Le gouvernement doit siffler la fin de la récréation dans les rayons des supermarchésChargée de campagnes foodwatch France
Invitée de C dans l’air, Audrey Morice, chargée de campagnes à foodwatch, est allée dans les rayons des supermarchés afin d’identifier de nouvelles arnaques au prix sur les formats spéciaux. Et il ne lui a pas fallu longtemps pour mettre la main sur des formats classiques moins chers que des formats spéciaux : les Herta tendre croc’ en format maxi plus cher de 1,5%, le format généreux de Margarine Fruit d’Or Omega 3 dont le prix explose de 79% par rapport à son format classique, ou encore l’Ice Tea saveur pêche dont le format familial est plus cher de 15,85% que son format canette.
Découvrez la chasse aux arnaques au prix d’Audrey dans cet extrait de C Dans l’air :
Jungle des prix et impunité : une règlementation est nécessaire
Malgré l’inflation alimentaire record – plus de 15% en un an – dont on ne voit pas la fin, les supermarchés comptent encore de trop nombreuses arnaques au prix.
Ces derniers mois, nous avons dénoncé sans relâche deux pratiques malhonnêtes : la shrinkflation , cette inflation masquée qui réduit la taille des produits et augmente le prix au kilo ou au litre en catimini ; les formats spéciaux – maxi, familial ou en lot – vendus plus chers au litre ou au kilo que leur format classique.
En septembre 2022, nos révélations sur la shrinkflation faisaient l’effet d’une bombe : cette pratique insidieuse vous a plus qu’indigné. Portée par votre large mobilisation – près de 50 000 d’entre vous ont signé notre pétition et nous avons reçu des centaines de témoignages – nous avons pu maintenir la pression, publier de nouveaux exemples et obtenir des réactions politiques.
En avril 2023, la publication d’une nouvelle enquête sur les formats spéciaux a mis de nouveau en lumière qu’encore trop souvent, les consommateurs et consommatrices sont induit·es en erreur sur le véritable prix des produits qu’ils et elles achètent.
L’inaction des distributeurs et des fabricants dans ces deux dossiers nous a poussé à interpeller directement le gouvernement, afin d’encadrer strictement ces deux arnaques au prix et de mieux protéger notre pouvoir d’achat en période d’inflation.
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