Contamination du thon au mercure : réactions en chaine à tous les niveaux
- Contaminants
Il a suffi de quelques jours pour que la campagne de BLOOM et Foodwatch, basée sur l’enquête de BLOOM, fasse de nombreux remous. Les distributeurs comme les industriels incapables de prendre leurs responsabilités, se sont cachés derrière la règlementation, pourtant loin d’être suffisante pour effectivement protéger notre santé. Côté politiques, la tempête médiatique et la mobilisation citoyenne ont forcé les politiques à réagir. Retour sur ces 20 jours de campagne depuis le lancement, qui montrent que nous avons encore tapé juste, et que la bataille est loin d’être terminée.
Industriels et distributeurs réagissent... mais n’agissent toujours pas
Le matin même du lancement, Michel-Edouard Leclerc , interpellé dans Télématin par des journalistes, annonçait vouloir regarder de très près la contamination des boites de thon présente dans ces rayons et à « les retirer s’il faut ». Pourtant depuis, aucune réponse : c’est silence radio du côté du plus grand distributeur français, malgré l’interpellation des directrices de BLOOM et de foodwatch directement en bas du siège social de E. Leclerc.
Pas de poison dans le thon : faisons changer les règles !
De leur côté Lidl ou encore Intermarché ont répondu. Principalement, pour nous dire qu’ils respectent la règlementation actuellement en place, qu’ils n’ont donc rien à se reprocher mais que la santé des consommateurs est leur priorité. Malgré ces paroles, aucun d’entre eux – à ce jour - n’a eu le courage de prendre des engagements concrets sur le sujet, préférant faire front ensemble pour leurs intêrets propres plutôt que de se ranger du côté de la santé publique. Pourtant, l’enquête de BLOOM a montré à quel point la réglementation ne suffisait pas à protéger notre santé, en particulier pour les publics les plus sensibles.
Rappelons que la norme est un seuil maximum à respecter : rien n’empêche d’aller plus loin pour mieux protéger les consommateurs et consommatrices. Ne pas appliquer en urgence des mesures plus protectrices est donc un choix de la part des distributeurs qu’ils devront assumer publiquement.Directeur des campagnes
Foodwatch et BLOOM exigent donc que les pouvoirs publics renforcent la réglementation et, sans attendre, que les distributeurs ne commercialisent que des produits en dessous du seuil le plus protecteur. En tant que dernier maillon de la chaîne, ils ont la responsabilité des produits qu’ils mettent dans leurs rayons.
- Ne plus vendre de produits à base de thon dépassant la norme la plus protectrice déjà appliquée sur d’autres poissons (0,3 mg/kg)
- Informer les consommateur·rices des risques sanitaires liés à la contamination des poissons au mercure via un étiquetage visible appliqué sur les produits à base de thon vendus dans leurs supermarchés et sur les sites de vente en ligne.
- Cesser toute publicité et promotion pour le thon.
Des déclarations politiques et des rendez-vous à venir
Du côté des politiques, un député a interpellé le gouvernement l’après-midi même du lancement. La secrétaire d'État chargée de la consommation, Laurence Garnier, a répondu dans les médias qu’elle attendait “que les deux ONG nous communiquent de manière précise et détaillée les éléments de leur enquête, et nous porterons le sujet plus loin, et au niveau européen s'il y a lieu. Soyez en tous cas assuré de la mobilisation totale du gouvernement sur ce sujet", a-t-elle ajouté.
Evidemment, Foodwatch et BLOOM ont (re)partagé l’intégralité des informations nécessaires. De nombreux rendez-vous en haut lieu sont prévus dans les prochaines semaines. Nous espérons ainsi amorcer le changement de réglementation nécessaire à la protection de notre santé.
Contamination du thon au mercure : un scandale de santé publique
Frais ou en conserve, le thon est le poisson le plus consommé en France. Malheureusement, c’est aussi le poisson le plus contaminé au mercure, un métal lourd toxique pour la santé. Son dérivé présent dans l’alimentation, le méthylmercure, est classé cancérogène possible par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC). C’est aussi un puissant neurotoxique : de faibles doses consommées régulièrement suffisent pour entraîner de graves troubles du développement neuronal chez les enfants et attaquer le fonctionnement cérébral des adultes. Les femmes enceintes doivent absolument éviter d’en ingérer.
Une norme qui ne protège pas la santé
Vis-à-vis des contaminants, les agences de santé fixent des doses hebdomadaires tolérables (DHT) – c’est-à-dire la quantité du dit contaminant que vous pouvez ingéré par semaine sans prendre de risque. Si l’on croise la DHT du mercure et la norme maximale de 1mg/kg, un individu de moins de 70kg dépasse la dose « tolérable » après 100g de Thon. Sur Marmiton 100g de thon c’est une portion individuelle de salade ou de quiche. Pour finir, si vous viviez aux états unis ou la DHT retenue est deux fois plus basse, 50g de thon par semaine à 1mg de mercure suffirait à la dépasser.
L’association BLOOM, dans un rapport détaillé, a analysé 148 boîtes de thon provenant des 10 plus grandes chaînes de supermarchés en France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie. Les résultats font froid dans le dos : toutes les boîtes, sans exception, sont contaminées au mercure, alors que c’est l'une des 10 substances jugées les plus préoccupantes par l'Organisation Mondiale de la Santé (avec l’amiante et l’arsenic, c’est dire !). Ces résultats démontrent une contamination du thon au mercure qui semble généralisée, et à des hauteurs inquiétantes (10% au-dessus de la norme sur le thon frais de 1mg de mercure par kilo) et plus de 50% au-dessus de la norme la plus protectrice de 0,3 que nous réclamons.
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