Feuilletée, brisée, pizza… : les pâtes ménagères ont la cote. Mais gare aux arnaques ! Car si les fabricants n’hésitent pas à mettre en avant des produits soi-disant de qualité – recettes traditionnelles, ingrédients issus de l’agriculture biologique ou durable -, la réalité est quelque peu différente. foodwatch s'est penchée sur le business des pâtes industrielles. Verdict : dans ces pâtes à tarte qui n'ont souvent de traditionnel que le nom, on trouve pêle-mêle de l'huile de palme et des additifs, dont certains sont controversés pour la santé.
Les fabricants de pâtes prêtes à l'emploi n’hésitent pas à mettre en avant la qualité de leurs ingrédients et la soi-disant authenticité de leurs recettes. Des mentions telles que « trésor de grand-mère » ou « tout simplement », un drapeau bleu-blanc-rouge alors que tous les ingrédients ne sont pas nécessairement français, des produits qui contiennent de l’huile de palme et/ou des additifs sont autant de pratiques qui induisent les consommateurs en erreur. En effet, difficile d’imaginer notre grand-mère faire sa pâte feuilletée avec de l’huile de palme ou des additifs… Les marques leaders du marché, Herta (Nestlé) et Marie sont les champions de cette « arnaque à la tradition ».
Des pâtes à tarte « traditionnelles » contenant de l'huile de palme durable : arnaque !
La plupart des pâtes ménagères que l’on trouve dans les rayons de supermarché contiennent de l’huile de palme – exception faite des pâtes « pur beurre ». Cette matière grasse végétale – la plus consommée au monde – est quasi 10 fois moins chère que le beurre, ce qui fait l’affaire des industriels.
L’huile de palme est autant critiquée pour ses conséquences désastreuses sur l’environnement que sur la santé des consommateurs et consommatrices. L’huile de palme se distingue par sa forte teneur en acide gras saturés (AGS) avec une teneur moyenne de 49,3% en AGS. La présence importante de graisses saturées dans l’huile de palme explique que sa consommation excessive soit associée à une augmentation des risques de développer des maladies cardio-vasculaires qui sont la première cause de mortalité dans le monde.
Selon le Dr Laurent Chevallier : « Un excès de consommation d’acides gras saturés pourrait participer à engendrer une forme de résistance à l’insuline, favorisant le diabète (de type 2). Ils peuvent aussi être source d’une augmentation dans le sang de mauvais cholestérol (LDL Cholestérol) ».
Afin d’adopter une alimentation saine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille ainsi de privilégier les graisses insaturées aux graisses saturées et d’éliminer les acides gras trans industriels.
L’autre problème avec l’huile de palme, c’est que sa production est accusée de nuire à l’environnement mais aussi aux droits des populations des pays exportateurs. A première vue pourtant, si l’on se fie aux promesses des fabricants, l’huile de palme utilisée dans les pâtes Herta et Marie est issue d’une production durable à la « traçabilité garantie » comme il est indiqué sur l’emballage des pâtes « Tarte en Or » et « Trésor de grand-mère » d'Herta. Marie par exemple revendique « soutenir l’huile de palme durable » en participant à la « Table ronde pour une huile de palme durable » dite RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil).
Mais cela ne signifie pas pour autant que l’huile contenue dans la pâte est elle-même issue d’une production durable ! Plusieurs ONG - comme Greenpeace et Amnesty - et chercheurs ont ainsi pointé du doigt les limites du label RSPO qui se révèle incapable de garantir la traçabilité et la durabilité de l’huile de palme. En résumé, il n’est donc pas exclu que l’huile de palme utilisée dans votre pâte à tarte ait contribué à la déforestation ou au travail des enfants.
Des pâtes à pizza levées au phosphore : bon appétit !
De la farine, du beurre ou de l’huile d’olive, de l'eau et du sel : ces quatre ingrédients suffisent à réaliser une pâte maison. Non seulement les industriels remplacent souvent le beurre par de l’huile de palme, mais en plus ils n’hésitent pas à ajouter des additifs dans leur recette soi-disant « traditionnelle ». foodwatch a ainsi recensé la présence d’additifs controversés pour la santé dans plusieurs pâtes industrielles.
C’est le cas des pâtes à pizza Herta qui contiennent du E450. Sous ce code souvent méconnu, se cache les diphosphates. Cet additif contenant du phosphore, utilisé comme poudre à lever, est sujet à controverse car il contribuerait à l’augmentation des risques cardio-vasculaires. On trouve également un additif contenant du phosphore, le phosphate de calcium (E341), dans les pâtes à pizza bio Auchan et Carrefour. Le phosphore est un minéral essentiel au corps humain que l’on retrouve dans une grande variété d’aliments mais la surconsommation de phosphore sous la forme d’additifs pourrait représenter un risque pour la santé. L’utilisation des phosphates comme additifs alimentaires devrait être réévaluée par l’Autorité européenne de sécurité des Aliments (EFSA) d’ici fin 2018, avec une priorité qu’elle estime « très importante ». Les industriels devraient donc supprimer ces additifs controversés pour la santé, au nom du principe de précaution.
Liens
- Lettres de foodwatch à l'entreprise Marie
- Echange de courriers entre foodwatch et Herta
- Un rapport d’Amnesty International (2016) relate la manière dont des multinationales comme Nestlé tirent profit de l’exploitation des travailleurs des plantations d’huile de palme en Indonésie.
- Déclaration de l’EFSA concernant la publication d’un article scientifique qui suggère un lien entre la consommation de phosphate sous forme d’additifs et l’augmentation des risques cardiovasculaires dans la population.
- Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé pour une alimentation saine.