Obésité, diabète, financement de la recherche : Coca-Cola Europe divulguera la liste de ses partenariats santé
Coca-Cola a répondu à la demande de foodwatch et promet de divulguer les informations sur sa stratégie de subvention de la recherche en Europe. Le financement par le géant des boissons gazeuses de nombreux « partenariats santé et bien-être » en dit long sur les tactiques de Coca-Cola pour orienter le débat sur l’obésité.
- Coca-Cola a investi plus de 100 millions de dollars dans des projets de recherche et des initiatives de santé aux États-Unis et au Canada.
- Coca-Cola mise sur ces investissements ciblés pour influencer le débat sur le rôle des boissons sucrées dans le développement de l'obésité.
- En réponse à une demande de foodwatch, Coca-Cola a annoncé qu'elle divulguera également ses « partenariats pour la santé et le bien-être » en Europe.
Sponsorings sportifs, initiatives sous le couvert de la santé, financement de la recherche… : Coca-Cola a dépensé plus de 100 millions de dollars pour influencer le débat sur l'obésité en Amérique du Nord et ainsi minimiser sa propre responsabilité dans l’épidémie mondiale d’obésité.
Suite aux récentes révélations du New York Times, Coca-Cola a été contrainte d'admettre qu'elle avait dépensé une fortune pour financer des recherches scientifiques et des partenariats « santé et bien-être » au cours des cinq dernières années en Amérique du Nord. Coca-Cola avait notamment fait don de 1,5 million de dollars à Global Energy Balance Network (*). Les scientifiques de cette société savante avaient conclu à l’absence de lien entre boissons sucrées et obésité…
Coca-Cola a réagi à la critique en publiant une liste des organismes de santé et des scientifiques qu'elle a financés de l’autre côté de l’Atlantique… mais rien sur les activités qu’elle subventionne en Europe !
En réponse à une demande expresse de foodwatch, Coca-Cola a promis de divulguer les informations sur le financement de recherches scientifiques et de projets santé en Europe également.
Coca-Cola Europe, par le biais de son directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales, Nikolaus Tacke, nous a répondu : « Nous suivrons cette initiative d’informer et améliorer notre approche dans les marchés à travers l’Europe ». foodwatch a appelé le géant des boissons gazeuses à publier cette liste d’ici fin janvier 2016.
En France, comme aux États-Unis, Coca-Cola est connue pour son parrainage d’événements sportifs, ses animations à destination des jeunes, son soutien à des associations de santé, et même ses projets avec plusieurs entités publiques. Exemples :
- La Fondation Coca-Cola soutient la Fondation française des diabétiques à hauteur de plusieurs centaines de milliers de dollars depuis 2012, notamment pour travailler sur « l’équilibre alimentaire et l’activité physique ».
- Le Centre National pour le Développement du Sport (CNDS), établissement public placé sous la tutelle du Ministre chargé des sports, reçoit de Coca-Cola 540 000 euros par an depuis 2014, d’après le site du CNDS (environ 618 000 euros en 2015 d’après le site de Coca-Cola) : somme consacrée à « la lutte contre l’obésité des jeunes de 12 à 25 ans ».
- Depuis 2008, Coca-Cola travaille avec les municipalités (plus de 1 250 villes participantes) et avec le soutien du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), sur son programme LE SPORT ÇA ME DIT pour sensibiliser jeunes et ados « aux bénéfices indispensables du sport ».
- Coca-Cola est « partenaire » - 275 000 euros en 2014 - de l’université de Poitiers et finance la création « d’une unité d’enseignement libre pour donner, aux étudiants de 1ère année, toutes les clefs d’une bonne hygiène de vie ».
- Coca-Cola sponsorise l’Euro 2016.
- La Fondation Coca-Cola, par son partenariat avec le programme EPODE (Ensemble Prévenons l’Obésité des Enfants), l’Éducation nationale et l’Agence du service civique prétend « encourager des modes de vie plus sains et plus actifs ».
- Le Crédoc, Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie - qui bénéficie d'une subvention de l'État et est sous tutelle du ministre chargé de la consommation et du commerce – réalise notamment des études sur le comportement et la consommation de boissons des Français et compte… Coca-Cola parmi ses clients.
« Il est évident que Coca-Cola utilise les mêmes tactiques de diversion en Europe qu’en Amérique du Nord. Son message à l’égard de l’obésité : ce ne sont pas les boissons gazeuses qui sont en cause, mais le manque d'activité physique. La recherche a pourtant montré clairement que les boissons gazeuses favorisent l'obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiaques », commente Oliver Huizinga, expert chez foodwatch.
L’excès pondéral et l’obésité des enfants comme des adultes ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les enfants en surpoids et obèses risquent de rester obèses une fois adultes et sont plus susceptibles de contracter des maladies non transmissibles telles que diabète et maladies cardiovasculaires à un âge plus précoce. Dans ce contexte, l’OMS et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) n’hésitent pas à qualifier l’obésité d’épidémie mondiale. Les experts de la santé publique considèrent que les boissons sucrées ont contribué à cette épidémie.
(*) Global Energy Balance Network a annoncé cesser ses activités le 1er décembre officiellement « par manque de ressources ».