Actualités 02.10.2015

Sonder les consommateurs, c’est bien ; les entendre, c’est mieux

Plus de la moitié des Français (54%) pensent que les entreprises de l’industrie agroalimentaire n’informent pas honnêtement les consommateurs. C’est ce que nous enseigne le récent sondage réalisé par l’ANIA (Association des industries agroalimentaires).  Le principal lobby de l’agroalimentaire français s’intéresse aux attentes des consommateurs, c’est la moindre des choses. Mais dans les faits, l’ANIA – et donc les fabricants - s’oppose à plus de transparence sur le contenu de nos assiettes.

D’après le sondage, 79% des Français se déclarent prêts à payer plus pour un produit contenant des ingrédients de très grande qualité. Problème : les ruses des industriels leur permettent bien souvent d’induire les consommateurs en erreur, et il devient difficile de faire la différence entre les produits « de qualité » et les autres. C’est le cas du filet de dinde E.Leclerc « à l’eau » et aux additifs, qui a mobilisé plus de 98 000 consommateurs en colère autour de la pétition lancée par foodwatch. Ce produit de qualité industrielle, puisqu’il contient 1/6 d’eau et toute une série d’additifs, affiche sans complexe la mention « qualité supérieure ».

Quant aux qualités nutritionnelles, elles ne sont pas toujours évidentes à reconnaitre. De fait, les consommateurs doivent parfois se muer en détectives pour comprendre ces informations présentées de façon opaque. Pourtant, foodwatch milite depuis des années donc pour la mise en place d’un « feu tricolore » à l’avant de l’emballage : un code vert, orange, rouge. Ainsi, au premier coup d’œil, le consommateur serait informé des qualités nutritionnelles réelles d’un produit. Ce système est d’ailleurs plébiscité par une majorité de consommateurs français : 80% souhaitent l’apposition d’un logo d’information nutritionnelle, de préférence sous la forme d’un feu. Mais l’ANIA s’y oppose fermement.

On apprend également que la provenance des produits est un élément important pour 42% des Français. Pourtant, l’ANIA s’est illustrée par son opposition systématique à l’étiquetage de l’origine des ingrédients. Sous la pression de FoodDrinkEurope, principal lobby de l’industrie alimentaire à Bruxelles - dont fait partie l’ANIA - que l’étiquetage de l’origine de la viande dans les plats préparés a été remis aux calendes grecques. Autre exemple : cette même association se félicitait il y a encore quelques mois que l’indication d’origine pour les produits laitiers ne soit pas obligatoire.  

Enfin, une écrasante majorité de Français (81%) se dit prête à payer davantage pour un produit régional. Or trouver l’origine réelle d’un produit associé à une région peut s’avérer compliqué, tant les dénominations douteuses pullulent. Le « Jambon Aoste », industriel, et fabriqué en Isère est un cas d’école . Des labels et mentions « régionales » peuvent être utilisés à tort et à travers dans le seul but de vendre des produits dont certains ingrédients viennent parfois de l’autre bout du monde.  Est-ce le cas de la « Soupe de poissons à la Méditerranéenne » de Liebig ? foodwatch avait interpellé son fabricant, en lui demandant d’où provenaient précisément les poissons utilisés dans ce produit. De Méditerranée, comme le laissait penser l’emballage ? Sans doute gêné, il a changé son packaging… et hop, la mention « à la Méditerranéenne » a disparu. 

Le principal lobby de l’agroalimentaire français s’intéresserait aux attentes des consommateurs ? Pourtant, lorsqu’il s’agit d’imposer plus de transparence, l’ANIA se range rarement du côté des consommateurs. Alors, à quand une réelle prise en compte de nos intérêts ?