La Commission européenne vient de reconnaître que la présence d’huiles minérales dans les aliments peut constituer un risque pour la santé… mais ne prévoit aucune mesure concrète pour protéger les consommateurs. C’est ce qui ressort de la recommandation publiée la semaine dernière et que foodwatch juge insatisfaisante.
Les risques liés à la présence d’huiles minérales dans les aliments sont connus depuis des années. D’après l’autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, les MOAH (huiles minérales aromatiques) peuvent provoquer le cancer et altérer le patrimoine génétique. Quant aux MOSH (les huiles minérales saturées), elles s’accumulent dans les organes et peuvent les endommager. En France, six produits sur dix testés en 2015 par foodwatch contenaient des huiles minérales de la catégorie la plus dangereuse (MOAH). Face à ce constat alarmant, foodwatch avait lancé une pétition demandant au Commissaire européen en charge de la santé d’agir.
Les consommateurs européens toujours pas protégés
En guise d’action, la réponse de la Commission européenne n’est malheureusement pas à la hauteur de l’urgence de la situation. Dans une recommandation transmise aux Etats membres, la Commission reconnaît officiellement les risques sanitaires… sans pour autant envisager de mesures de protection. Elle se contente de proposer d’observer le problème dans les années à venir : « les MOAH peuvent agir comme des cancérogènes génotoxiques, tandis que certains hydrocarbures saturés d'huiles minérales (MOSH) s'accumulent dans les tissus humains et sont susceptibles d'avoir des effets néfastes sur le foie ». C’est pourquoi il faudrait « organiser la surveillance […] pour mieux comprendre la présence relative de MOSH et de MOAH dans les denrées alimentaires ». En somme, Bruxelles recommande aux Etats membres de recueillir d’ici février 2019 des données sur la détection des huiles minérales « avec la participation active des exploitants du secteur alimentaire ».
foodwatch déplore que les citoyen/nes européen/nes restent ainsi exposés à des dangers pour leur santé, en l’absence de mesures concrètes et contraignantes obligeant les fabricants à lutter contre cette contamination. Pourtant les résultats de tests ne manquent pas. Nombre d’analyses en laboratoire récentes, dont l’étude publiée par foodwatch fin 2015 notamment, ont prouvé la contamination persistante des aliments par ces dérivés d’hydrocarbures. Et c’est sans compter sur celles effectuées à la demande d’acteurs de l’industrie.
Plus de 110.000 personnes exigent des mesures
La Commission européenne doit agir enfin et fixer des limites à la quantité d’huiles minérales dans les aliments. Des « barrières fonctionnelles » sont aussi nécessaires à l’intérieur de tous les emballages en papier et carton, afin d’éviter la migration des huiles minérales dans les aliments. C’est ce que demandent les plus de 110.000 personnes qui ont signé la pétition européenne lancée par foodwatch. De toute évidence, la Commission européenne n’est pas pressée de mettre en œuvre ces mesures pourtant urgentes.
Nous faisons donc appel au gouvernement français : il doit agir sans tarder et imposer à l’ensemble des fabricants et distributeurs une réglementation stricte. Certains ont déjà pris les devants, mais la santé des consommateurs ne peut dépendre du bon vouloir de quelques acteurs de l’agroalimentaire.
Signez la pétition !