Nestlé fait l’autruche, Danone tourne autour du pot. Décidément, c’est un vrai bras de fer pour que ces mastodontes s’engagent clairement à ne commercialiser que des produits garantis sans MOAH détectables – des hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales. Pourtant, cela devrait être une évidence, puisque ces substances sont reconnues potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens. Elles n’ont donc rien à faire dans nos assiettes, et encore moins dans les biberons !
MOAH saison 2, épisode 2 : on vous raconte
Plusieurs centaines de foodwatchers se sont mobilisé·e·s depuis la semaine dernière pour envoyer des messages aux dirigeants de Danone et de Nestlé. Un millier de mails aux services consommateurs et près de 400 tweets pour demander le rappel de laits infantiles potentiellement contaminés et surtout pour qu’ils prennent un engagement clair de ne commercialiser que des produits sans MOAH détectable. Votre mobilisation et la couverture médiatique de nos actions en justice les ont poussés à réagir.… Leurs réponses restent très en-dessous des enjeux de cette contamination et de leur responsabilité.
Danone tourne autour du pot
Les premiers à réagir ont été les dirigeants de Danone, avec une réponse par tweet et un communiqué de presse dès le 2 juillet. Le géant de l’agroalimentaire a raté l’occasion de remplir sa mission de transparence et du respect du principe de précaution. Remettre en question nos tests plutôt que prendre les mesures et engagements nécessaires pour pouvoir totalement protéger la santé des consommateurs et les rassurer est inacceptable.
foodwatch a donc immédiatement écrit à Emmanuel Faber, le PDG de Danone, qui se veut entreprise « à mission », pour insister sur l’insuffisance de leur réponse, en rappelant notamment que :
- les résultats des tests effectués par foodwatch ne laissent aucun doute, et montrent qu’il y a bel et bien un problème répandu de contamination des laits infantiles par les MOAH, ce que reconnaissent les autorités européennes
- Danone n’a jamais répondu au courrier de foodwatch du 30 octobre 2019 dans lequel on demandait à l’entreprise de communiquer les résultats et la méthodologie de leurs propres tests. Or Danone s’appuie sur ces résultats pour prétendre que tous les produits sont sûrs
- l’absence de règlementation ne doit en aucun cas être une excuse pour une entreprise comme Danone, qui se veut « entreprise à mission » de ne pas prendre un engagement clair et précis de ne commercialiser que des produits sans présence détectable de MOAH.
Depuis, Danone a confirmé dans un courrier que le produit ciblé, lait en poudre Galliagest croissance 3 sans lactose, n’était plus commercialisé. Soit.
Mais si Danone est si sûr de son système de contrôles et de la fiabilité de ses tests (l’entreprise parle de « plus de 600 contrôles de qualité et de sécurité » sur ses produits de nutrition infantile), pourquoi ne pas s’engager publiquement à ne vendre que des produits sans huiles minérales aromatiques (MOAH) détectables ?
Nestlé reste la tête dans le sable
Côté Nestlé, c’est vraiment la politique de l’autruche. A part un communiqué scandaleusement vide de sens, auquel nous nous sommes fait un plaisir de répondre, rien. Silence radio.
Pourtant, difficile pour Nestlé de nier le problème de la contamination de plusieurs de leurs laits infantiles, car côté tests, c’est le jackpot : non seulement les tests de foodwatch en Europe ont révélé la contamination de trois laits infantiles du géant suisse, dont un commercialisé en France, mais les autorités de Münster en Allemagne ont aussi confirmé la contamination de 6 laits infantiles de Nestlé. Même la répression des fraudes en France (DGCCRF) nous a dit avoir testé des produits Nestlé et confirmé la présence de MOAH.
Avec vous, nous ne lâcherons rien !
Votre mobilisation de cette dernière semaine, et depuis six mois, nous ont permis de nous lancer dans un bras de fer avec les géants de l’agroalimentaire en Europe, et particulièrement Danone et Nestlé en France, ainsi qu’avec les autorités.
Tandis que l’on attend prochainement une décision de la Commission européenne pour enfin prendre des mesures contre la contamination des aliments par les MOAH, continuons, ensemble, à exiger des entreprises qu’elles prennent leur responsabilité et arrêtent leur stratégie d’évitement.
Vous vous posez des questions ?
Soyons clairs, vos enfants ne sont pas exposés à un danger immédiat et aïgu. Mais la contamination des produits alimentaires par des huiles minérales aromatiques (MOAH) est inacceptable, surtout pour les bébés, car ces substances sont potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens.
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