Lait Lactalis contaminé à la salmonelle : 85 pays touchés, le scandale de trop
Article mis à jour le 29/01/2017
Après les premières révélations sur le lait Lactalis contaminé par la salmonella agona, le fabricant a exprimé ses « profonds regrets » dans un communiqué laconique. Le scandale touche désormais 85 pays. Depuis quand Lactalis, qui a commercialisé des produits qui mettaient en danger la santé de très jeunes enfants, savait-elle ?
Des millions de boîtes et au moins 7000 tonnes de lait Lactalis sont concernées par un risque de contamination par des salmonelles, d’après le Ministère de la Santé. Parti de France, le scandale touche désormais 85 pays. Le gouvernement français, après avoir mené des investigations début décembre, a rapidement établi que « les mesures prises par l’entreprise n’étaient pas de nature à maîtriser le risque de contamination de produits destinés à l’alimentation d’enfants en bas-âge. » Ce dimanche 10 décembre, les Ministères de la Santé et de l’Economie ont donc décidé de suspendre la commercialisation et l’exportation de plusieurs références de produits de nutrition infantile fabriqués en 2017 par le groupe Lactalis et ont diffusé une liste pour rappeler plus de 600 lots, commercialisés aux quatre coins du globe.
L’usine déjà impliquée dans une même contamination en 2005
Comment en est-on arrivé là ? L’usine de Craon (Mayenne) aujourd’hui pointée du doigt, qui appartenait au groupe Célia avant d’être rachetée par Lactalis, avait déjà été épinglée en 2005 pour une contamination similaire qui avait rendu malade une vingtaine de nourrissons. Douze ans plus tard, foodwatch constate que le groupe Lactalis n’a manifestement pas rempli ses obligations, pourtant claires tant dans la règlementation européenne que française : il est responsable de s’assurer de la sécurité des produits qu’il commercialise. Ceux-ci ne doivent d’aucune façon constituer un risque pour la santé des consommateurs.
D’après Lactalis, la cause probable de la contamination de ses produits est survenue sur l’une de ses tours de séchage entre le 1 et le 6 mai 2017. Mais le fabricant reconnaît qu’une alerte positive à la salmonelle avait également été détectée en juillet et novembre derniers. Alors depuis combien de temps Lactalis savait-elle qu’elle exposait les bébés à un risque ? L’entreprise avait-elle fait les contrôles réguliers qui s’imposent ? Avec quels résultats ? A-t-elle prévenu les autorités compétentes, comme la loi le prévoit ? Si oui, comment se fait-il que la contamination ait pris cette ampleur ? Autant de questions pour l’instant sans réponses.
Lactalis « regrette »
Les « regrets » exprimés par Lactalis paraissent bien légers face aux responsabilités que la loi fait peser sur le groupe.
85 pays sont désormais touchés par le scandale. Il est urgent de faire toute la lumière, d’établir les responsabilités et d’appliquer les sanctions qui s’imposent. foodwatch a interpellé par courrier le groupe Lactalis ainsi que les Ministères de la Santé et de l’Economie pour exiger la totale transparence sur cette affaire qui aurait pu et aurait dû être évitée.
Le fait que l’alerte ait été donnée sur 12 lots d’abord puis plus de 600, qu’une dizaine de pays seulement ait été mentionnée sur le réseau européen RASFF avant que la liste ne s’allonge à 85 pays doit inquiéter. C’est le signe que le système de traçabilité des aliments ne fonctionne toujours pas, comme foodwatch le dénonçait déjà avec le scandale du fipronil.
Enfin, pourquoi la France n’a-t-elle communiqué l’information sur le réseau européen que le 4 décembre ? Comment les autres pays situés aux quatre coins du globe sont-ils informés du risque pour la santé des nourrissons ?
A noter :
Les infections à Salmonella agona surviennent dans les 3 jours suivant l’ingestion, et provoquent une gastro-entérite avec des vomissements, une diarrhée parfois sanglante, et fébrile dans la majorité des cas. L’apparition de ces signes chez un nourrisson doit conduire les familles à consulter un médecin.