Dernière mise à jour : 31 janvier 2018
Les chiffres révèlent l’ampleur du scandale : 12 millions de boîtes de lait infantiles Lactalis et 85 pays sont concernés par le scandale de la contamination aux salmonelles qui a éclaté en France début décembre 2017. Scandale après scandale – viande de cheval, fipronil et maintenant lait contaminé – foodwatch défend les droits des consommateurs∙rices, pointe du doigt les responsabilités et agit pour que des sanctions dissuasives soient prises. Cette affaire qui touche cette fois des nourrissons aux quatre coins du globe démontre l’incapacité de notre système à nous protéger des dangers sanitaires liés à notre alimentation. Signe qu’il est urgent de réformer en profondeur ce système inefficace…
Des alertes à la salmonelle antérieures au scandale
Des alertes à la salmonelle antérieures au scandale L’usine de Craon (Mayenne) d’où est parti le scandale Lactalis, avait déjà été épinglée en 2005 pour une contamination à la salmonelle qui avait rendu malades plus de 140 nourrissons. Selon l’Institut Pasteur, c’est la même bactérie qui fait scandale douze ans plus tard. De son côté, Lactalis, qui a racheté cette usine en 2006, reconnaît qu’elle avait trouvé de la salmonelle dans l’usine lors d’autocontrôles effectués en août et novembre 2017. L’entreprise affirme avoir tout nettoyé ensuite. Quand les autorités françaises alertent sur le nombre inquiétant de salmonellose début décembre, Lactalis se montre surprise et se défend en affirmant que les 2600 analyses qu’elle a effectuées depuis janvier 2017 sont toutes conformes…
Une inspection vétérinaire (dépendant du Ministère de l’agriculture) réalisée en septembre 2017 sur le site de Craon n’aurait quant à elle « rien vu », d’après un article du Canard Enchaîné. Pourtant, lorsque les services de contrôle de la DGCCRF (dépendant du Ministère de l’Economie) inspectent l’usine en décembre 2017, elle est « infestée » de salmonelle, selon le journal.
Résultat : une vingtaine de bébés de moins de six mois répartis sur huit régions de France sont contaminés - le chiffre officiel est monté à 38 dans dix régions mais il serait bien plus élevé, d’après l’association des victimes de Lactalis.
Début décembre 2017, les Ministères de l’économie et de la santé procèdent donc au rappel de lots de laits infantiles produits par Lactalis dans l’usine de Craon. foodwatch écrit à Lactalis et au Gouvernement le 12 décembre pour les interpeller sur les zones d’ombre inquiétantes : Quels contrôles ont été effectués depuis 2005 ? Depuis combien de temps Lactalis savait-elle qu’elle exposait les bébés à un risque ? A-t-elle prévenu les autorités, comme la loi le prévoit ? Quelles mesures ont prises les autorités ? Aucune réponse n’a été reçue à ce jour. Publiquement, le Ministre de l’agriculture affirme qu’il n’y a eu aucune défaillance de l’Etat, mais l’enquête suit son cours...
Des rappels au compte-goutte et en catimini
Dans l’affaire Lactalis, le flou des rappels de produits s’ajoute au flou des contrôles… On compte 5 rappels avec des informations différentes entre le 2 décembre et le 12 janvier. On est passé ainsi du rappel de 12 lots (2 décembre) à plus de 1345 références de produits infantiles (21 décembre), pour finalement conclure sur le rappel de tous les lots produits sur le site de Craon (12 janvier), soit une liste de plus de 3350 lots publiée sur le site de Lactalis au 17 janvier. C’est d’ailleurs un père de famille victime de l’affaire qui a révélé que la liste initiale publiée le 10 décembre ne contenait pas cinq lots qui ont été rajoutés par la suite.
Dans ce scandale comme dans d’autres, la liste des lots rappelés et des pays concernés s’est allongée au fil des jours. Les citoyen∙ne∙s quant à eux manquent de visibilité sur le risque potentiel lié aux produits présents dans leurs placards, si ce n’est déjà consommé par leurs bébés.
Des produits dangereux toujours en vente malgré les rappels
Le 11 janvier 2018, le Ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire annonce que 91 établissements détiennent des boîtes de lait infantile qui auraient pourtant dû être rappelés : 30 grandes surfaces, 44 pharmacies, 2 crèches, 12 hôpitaux et 3 grossistes.
Une deuxième vague de contrôles, dont les résultats sont tombés le 26 janvier 2018, a ensuite révélé que les produits continuaient d'être disponibles dans 2 supermarchés, 13 pharmacies, 1 clinique, 6 détaillants et 61 sites de commerce en ligne.
L’alerte est partie des consommatrices et consommateurs, qui ont témoigné, preuves à l’appui, que la grande distribution continuait à vendre des produits Lactalis potentiellement contaminés à la salmonelle malgré les rappels. La semaine du 8 janvier, E.Leclerc, Auchan, Carrefour, Système U, Cora, Casino et Intermarché ont admis avoir vendu plus de 2 000 produits Lactalis pourtant rappelés. C’est très grave et illégal. Les distributeurs, comme Lactalis, portent une lourde responsabilité dans cette affaire puisqu’ils doivent s’assurer de ne pas commercialiser des produits représentant un risque pour la santé de leurs clients. En attendant que la justice se prononce, foodwatch a lancé une pétition demandant aux distributeurs de rendre des comptes.
S'excuser ne suffit pas
Le premier responsable dans cette affaire est évidemment Lactalis, une entreprise opaque qui pratique le culte du secret. Mais dans ce scandale, les dysfonctionnements et défaillances concernent tous les acteurs : producteur, distributeurs et bien sûr les autorités publiques… qui se renvoient tous la balle et refusent pour le moment d’admettre leurs responsabilités, pourtant très claires dans la règlementation européenne et les lois en France.
Les « regrets » et les excuses de Lactalis et de quelques distributeurs ne suffisent pas. foodwatch a adressé un nouveau courrier le 19 janvier 2018 aux Ministères de l’économie, de l’agriculture et de la santé. Pour foodwatch, il est essentiel de faire toute la lumière sur ce scandale planétaire mais surtout de faire en sorte que cela ne se reproduise plus.