Compte à rebours : les Etats généraux de l’alimentation accoucheront-ils d’une souris ?
Le projet de Loi Agriculture et Alimentation est débattu en ce moment à l’Assemblée nationale. Après près de 10 mois de travaux, ce projet de Loi n’est décidément pas à la hauteur des ambitions annoncées lors des Etats Généraux de l’Alimentation (EGA). Malheureusement, le texte mis sur la table est très insuffisant pour prétendre à une « alimentation saine et durable » pour tous. foodwatch pousse pour l’adoption de trois amendements importants.
Il y a encore une chance de muscler cette Loi : en la renforçant par l’adoption d’amendements. En voici trois exemples, que foodwatch a proposé, argumenté, poussé, et qui ont été déposés par plusieurs députés.
1. Contamination de notre alimentation par des substances chimiques dangereuses
Du glyphosate dans des céréales de petit-déjeuner, des hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH) dans des lentilles corail, des nanoparticules dans des bonbons, des résidus de pesticides, des perturbateurs endocriniens et autres additifs controversés : la liste des substances chimiques qui s’invitent dans les produits alimentaires est longue, très longue. Or beaucoup n’ont rien à y faire.
Le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde, est emblématique de ce problème de santé publique et la nouvelle Loi Agriculture et Alimentation offre le meilleur cadre pour ancrer la promesse d’Emmanuelle Macron d’interdire le glyphosate en France d’ici 3 ans. Surprise : cela n’est pas l’avis du Ministre de l’Agriculture… foodwatch a lancé une pétition et réuni plus de 30 organisations pour demander que l’engagement du Président soit confirmé.
Il y a urgence : la décision d’inclure ou non l’interdiction du glyphosate dans la Loi sera débattue à l’Assemblée dans les prochains jours. Signez la pétition et partagez-là.
2. Un enfant sur six en France est en surpoids ou obèse : on peut pourtant protéger nos enfants de la malbouffe !
Les contenus nutritionnels de notre alimentation sont essentiels si on prétend vraiment à une « alimentation saine ». Pour lutter contre le surpoids et l’obésité, il faut une vraie politique de prévention et faire évoluer le cadre juridique, en ne se contentant pas d’approches volontaires de l’industrie agroalimentaire. Notre équipe à d’ailleurs épinglé les produits de la Gamme Lulu et lancé une pétition déjà signée par des milliers de personnes.
C’est pourquoi foodwatch a proposé un amendement efficace, soutenu par plus d’une trentaine de députés : inscrire dans la Loi l’interdiction de la publicité ou du marketing ciblant les enfants de moins de 16 ans pour des produits trop sucrés, trop gras ou trop salés, sur tout support de communication (télé, Internet, etc.).
3. Sécurité sanitaire : les enseignements de Lactalis
Lorsque foodwatch a porté plainte en février dans l’affaire Lactalis, nous avions listé des recommandations pour améliorer la sécurité sanitaire de nos aliments. Certaines de ces recommandations ont été reprises par le Gouvernement et les députés en charge du projet de Loi. Mais il faut aller plus loin, notamment en redonnant les moyens à l’Etat d’être plus efficace, en exigeant plus de transparence sur les contrôles, la prévention et la gestion des crises et en stoppant l’impunité grâce à des sanctions exemplaires.
Pour plus de transparence, foodwatch demande notamment que l’ensemble des contrôles officiels réalisés par les services de l’Etat en lien avec les produits alimentaires commercialisés soient rendus publics.