foodwatch en action devant la Commission européenne : l’UE ne protège pas les consommateurs des scandales alimentaires
Le président de la Commission de l’Union européenne, Jean-Claude Juncker, a échoué massivement en matière de santé et de protection des citoyens. Alors que l’Europe est régulièrement ébranlée par d’énormes scandales alimentaires, la Commission ne parvient toujours pas à protéger efficacement les consommateurs, explique foodwatch dans une lettre ouverte au président Juncker.
La Commission européenne soutient que la législation alimentaire européenne offre au consommateur une protection suffisante contre les risques pour sa santé. Cette déclaration est déconnectée des réalités. Si la législation alimentaire générale de l’Union européenne n’est pas réformée en profondeur, le prochain scandale alimentaire ne saurait tarder à éclater.
Action à Bruxelles
À Bruxelles, les militants de foodwatch ont manifesté et procédé à la remise d’une lettre ouverte à la Commission européenne. Grimé en Jean-Claude Juncker, un manifestant présidait à une table garnie d’aliments mis en cause lors des derniers scandales, dont des œufs au fipronil, des lasagnes à la viande de cheval et du lait pour bébé Lactalis, vantant de délicieux produits à savourer sans problème par tous les consommateurs en Europe.
Comment l'UE a échoué à protéger les consommateurs
« Œufs au fipronil, lait pour bébé Lactalis contaminé à la salmonelle ou lasagnes à la viande de cheval, l’Europe est frappée par des scandales alimentaires à répétition, dont beaucoup mettent en danger la santé des consommateurs∙rices. Au lieu de protéger les 500 millions de citoyen∙ne∙s en corrigeant les lacunes de la législation de l’UE, le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker semble encore faire fi du problème », explique Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez foodwatch.
L’ONG de défense des consommateurs a communiqué à la Commission son analyse des lacunes de la législation alimentaire européenne, ainsi que huit propositions d’amélioration concrètes. foodwatch appelle, entre autres, à garantir la traçabilité des produits alimentaires.
Le scandale du fipronil est la preuve de l’incapacité de l’UE à assurer une traçabilité complète des produits du début à la fin de la chaîne de fabrication – un réel besoin à combler dans la législation alimentaire de l’Europe. Il est par ailleurs nécessaire d’imposer aux entreprises du secteur alimentaire des contrôles spécifiques et systématiques.
De plus, l’inefficacité du système d’alerte est criante : la législation alimentaire européenne doit formuler des dispositions strictes obligeant les autorités à informer les consommateurs instantanément et de façon détaillée en cas d’éventuels risques sanitaires, mais aussi de fraude alimentaire. Dans ces cas, les autorités devraient avoir à divulguer les noms des fabricants et des produits en cause. En outre, les associations de consommateurs devrait avoir le droit de traduire en justice les autorités qui ignoreraient leurs obligations telles qu’elles sont définies par la législation européenne. C’est le seul moyen de donner aux ONG les leviers nécessaires pour réellement défendre les droits du consommateur.
Jean-Claude Juncker lui-même semble ne pas voir de nécessité particulière à agir. Récemment, une porte-parole de la Commission soutenait que l’ensemble de la chaîne de fabrication et d’approvisionnement de tous les produits alimentaires au sein de l’UE pouvaient être retracé – sinon, il aurait été impossible de surmonter aussi rapidement le scandale du fipronil. Ces allégations sont complètement fausses et irrespectueuses à l’égard des citoyens européens. Les autorités n’ont toujours pas déterminé le nombre d’œufs contaminés par l’insecticide fipronil – ils se comptent par millions – et les endroits précis où ils ont été distribués.
En avril, la Commission européenne a proposé un ensemble de réformes de la législation alimentaire, susceptibles d’amender les dispositions concernant l’évaluation des risques pour les produits phytosanitaires, mais en fermant les yeux sur tous les autres problèmes. Cette proposition est inadaptée. Au lieu de se fixer sur un seul problème, la Commission devrait éliminer les lacunes fondamentales de la législation européenne. La “législation alimentaire générale” de l’Europe, règlement (EC) No. 178/2002, a été adoptée en 2001 à la suite de la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB ou maladie de la vache folle). La Commission européenne prépare actuellement une révision de cet arsenal juridique dans le cadre du processus “REFIT” (Programme pour une réglementation affûtée et performante).