Actualités 25.01.2022

Scandaleux : on a mangé des bûches de Noël contaminées à l’oxyde d’éthylène depuis… 2019

Depuis quelques jours, des centaines de lots de glaces, sorbets, cornets et surtout bûches de Noël sont rappelées  pour cause de contamination à l’oxyde d’éthylène. C’est avec un scandaleux retard que ces bûches de Noël sont rappelées, en plein mois de janvier 2022. Pire, certaines bûches concernées de la marque Nestlé, Aldi, Auchan, Carrefour ou Casino sont commercialisées depuis… 2019 ! Elles sont contaminées à l’oxyde d’éthylène, pesticide interdit qui inonde l’Europe. Ce scandale sanitaire est pourtant connu depuis septembre 2020. Un retard qui met en lumière d’évidentes défaillances dans le système de traçabilité et de surveillance des denrées. Et devinez quoi ? Cela se fait au détriment de notre santé et celle de nos enfants. 

Contamination à l’oxyde d’éthylène : un scandale connu depuis 2020

L’oxyde d’éthylène est un pesticide interdit depuis longtemps en Europe mais qu’on retrouve pourtant massivement – et donc illégalement - dans nos aliments : déjà près de 16.000 références d’aliments divers rappelées  en France depuis que l’affaire a éclaté il y a un an et demi et ce n’est pas fini. 

Cette contamination est préoccupante car l’oxyde d’éthylène est :

  •  dangereux pour la santé humaine, selon l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ;
  •  classé comme mutagène, cancérogène et toxique pour la reproduction ;
  • utilisé comme désinfectant, pour prévenir notamment tout risque de salmonelle, dans les pays lointains qui exportent leurs denrées vers l’Europe ;
  • aussi caché dans des additifs, des épaississants comme la farine de caroube (E410) ou gomme de guar (E412). 

Le scandale de la contamination de nos aliments a éclaté en septembre 2020, avec une première alerte de la Belgique qui a prévenu les Etats membres européens. Depuis lors, les industriels et fabricants ne peuvent prétendre ignorer le problème.  
 

Deux ans pour rappeler des bûches de Noël : une honte

Pourtant, la liste des bûches de Noël rappelées en plein mois de janvier est infiniment longue : elles ont été vendues dans les grandes chaînes de supermarché et concernent beaucoup de marques, y compris une foule de produits glacés plébiscités par les enfants. 

C’est scandaleux. Pourquoi ? Parce que le problème 1/ est connu et 2/ suppose que les fabricants et distributeurs auraient dû vérifier la conformité de leurs ingrédients tout au long de leur chaîne d’approvisionnement avant de mettre les produits sur le marché. C’est prévu par la réglementation : il est absolument interdit de commercialiser des aliments exposant les consommateurs et consommatrices à un potentiel danger pour leur santé. Et pourtant…
Dans la longue liste mise à jour régulièrement, nous prenons connaissance de rappels de bûches vendues à Noël dernier mais aussi certaines depuis… 2019 !

Comme ces bûchettes vanille et fruits rouges Carrefour, par exemple, ou encore tous ces produits Nestlé vendus largement dans tous les supermarchés également depuis 2019 mais rappelés avec deux ans de retard : toutes les bûches Madeleine Vanille ou Ananas ou Mangue et Citron ou parfum Crème Brulée ou Chocolat Blanc Framboise ou Poire Chocolat.  Idem du côté d’Aldi, Auchan et Casino : deux ans pour rappeler leurs produits !
Et ce n’est pas tout. Les chics bûches Signature Nestlé de 2019  figurent aussi sur la liste. Ce produit Desserts Individuels Nestle Signature 4 pots citron meringué a fait l’objet d’un rappel en août 2021 déjà . Quatre mois plus tard, en décembre 2021 : rebelote, ce même produit est encore rappelé pour les mêmes raisons, cette fois avec une affichette  de Nestlé qui ne montre que les Desserts Croquant praliné, mentionne bien les 4 pots citron meringué mais sans les montrer. De qui se moque-t-on ?  

Il est choquant de trouver dans cette liste de rappels énormément de produits consommés par les enfants comme ces bûchettes Smarties, les petits pots Gelatelli  (Lidl), des Figgy’s  vanille fraise (Thiriet) des glaces Oasis  mais un nombre impressionnant de glaces et sorbets. 

Vous n’êtes pas exposé à un risque aigu foudroyant pour votre santé si vous en avez mangé au pied du sapin. Mais cette affaire est un nouvel exemple que la traçabilité (une obligation pour tous les opérateurs) ne fonctionne pas. Et, surtout, que les fabricants et distributeurs, ne gèrent pas la situation comme il se doit. 

Surveillance et traçabilité : l’urgence de renforcer les obligations des industriels

A l’été 2021, les industriels ont tenté de minimiser le scandale en arguant que même s’il était interdit, il n’y en avait finalement pas tant que ça. Mais les autorités européennes et françaises, sous la pression de foodwatch , n’ont rien lâché : les produits devaient massivement être rappelés. C’est pour cela que la liste des rappels est aujourd’hui kilométrique.

Il faut de toute urgence revoir les obligations qui pèsent sur les industriels: leur système de traçabilité et de surveillance des denrées est de toute évidence défaillant. Cela fait des mois que nous alertons  sur ce point. Et une nouvelle étude (janvier 2022) par deux chercheuses, Aleksandra Kowalska et Louise Manning qui se sont penchées sur le rôle du secteur privé - Food Safety Governance and Guardianship: The Role of the Private Sector in Addressing the EU Ethylene Oxide Incident , vient confirmer ce besoin de faire évoluer cette surveillance : « Il est essentiel que l'évaluation des risques en matière de sécurité alimentaire ne soit pas considérée comme une évaluation des dangers individuels susceptibles de survenir, mais à un niveau plus systémique, en considérant comment les facteurs contributifs d'un danger peuvent conduire à un autre risque émergent ».

Bref, prévenir plutôt que guérir. Et responsabiliser car pour l’instant, tous ces acteurs économiques échappent complètement à leurs responsabilités. Un autre scandale dans le scandale. 

Questions / Réponses sur l'oxyde d'éthylène.

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