Fraude : des milliards de bouteilles d’eau Nestlé traitées illégalement depuis plus de 15 ans
Le scandale de l'eau minérale qui touche notamment le groupe Nestlé va de rebondissement en rebondissement. Mediapart, qui a eu accès au rapport des enquêteurs remis au procureur d’Epinal (qui gère notre plainte), révèle que Nestlé a eu recours à des procédés de traitement de ses eaux depuis plus de 15 ans, et dans certains cas depuis les années 90, tout en continuant de la vendre comme « eau minérale naturelle », sans en informer les consommatrices et consommateurs.
Selon Mediapart, Nestlé a ainsi vendu depuis des années des milliards de bouteilles qui n’avaient plus rien d’une eau minérale naturelle : en France, en Europe voire dans le monde sans jamais en informer les consommatrices et consommateurs.
« L’ampleur de la fraude par Nestlé est inédite. Par sa durée : plus de quinze ans, et par son montant : plus de 3 milliards d’euros au minimum »le 18 juillet 2024
Les eaux Nestlé : une "volonté de tromper"
Cela confirme ce que nous suspections avec notre plainte déposée en février 2024 pour neuf infractions pénales : une fraude massive organisée par la multinationale. C’est grave. Les enquêteurs de Bercy parlent même d’une ‘stratégie du groupe’ et de la ‘volonté’ de Nestlé de tromper les consommatrices et consommateurs.
Compte tenu de ces informations, foodwatch s’étonne que cette affaire soit toujours au stade de l’enquête préliminaire et réclame l’ouverture d’une information judiciaire sans tarder. D’après les enquêteurs cités par Mediapart, « la responsabilité morale de Nestlé doit être retenue à titre principal ».
Traitements illégaux de l'eau : Nestlé se justifie, le flou règne toujours
On a pu lire dans la presse que Nestlé justifiait une partie de ses traitements pour garantir la sécurité sanitaire de ses produits. Or, selon Mediapart, des traitements – dont certains remonteraient à 1993 – « ne répondent nullement à des ‘besoins de sécurité sanitaire’ ».
L’utilisation de filtres à charbon actif, là encore interdite, permet de retenir « d’éventuelles traces de résidus de pesticides » dans les eaux. Mais, lors de son audition par les enquêteurs, l’ancien directeur des usines du groupe dans les Vosges explique que cette technique visait surtout à « la protection de la réputation de la marque [Vittel, en l’occurrence – ndlr]. Il était possible de détecter des traces d’herbicides en très faible quantité ».
Le rapport des inspecteurs souligne que lorsque Nestlé a arrêté les traitements UV interdits, il a fallu cesser « l’exploitation de certains captages qui étaient contaminés microbiologiquement ».
Le flou règne toujours non seulement sur ce qui a réellement été commercialisé, consommé, depuis quand, où et en quelle quantité mais aussi sur ce qu’il en est aujourd’hui.
Sources d'eau exploitées par Nestlé : la question sanitaire toujours en suspens
Au-delà de la fraude massive opérée dans l’opacité totale, la question sanitaire reste posée. Selon une expertise sur les eaux du groupe Nestlé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) communiquée au gouvernement en octobre dernier et révélée par Le Monde et France Info en avril qui parle d’une « contamination généralisée des sources exploitées par Nestlé » sur les sites qui produisent les marques Hépar, Perrier et Vittel, le risque sanitaire n’a pas été totalement écarté. Certaines de ces eaux minérales étaient contaminées par des matières fécales, des pesticides, des PFAS ou de la bactérie E. coli.
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