C'est quoi le problème avec l'huile de palme dans notre alimentation ?

En un quart de siècle, l’huile de palme s’est invitée dans notre alimentation. Son faible coût fait d’elle une aubaine pour les industriels. Elle est ainsi passée d’une huile traditionnellement utilisée dans la cuisine de certains pays à l’huile végétale la plus consommée dans le monde. Marqueur de l’alimentation ultra-transformée, on peut la retrouver dans les pâtes à tartiner, la margarine, les chips, les biscuits, les bouillons cube, les soupes déshydratées ou encore les céréales du petit déjeuner, jusque dans des poudres de lait pour bébés. Or, non seulement elle est néfaste pour la santé, mais elle a aussi des impacts environnementaux et sociaux intolérables dans les pays où elle est produite. Jusque dans les rayons de nos supermarchés et dans nos assiettes, elle illustre tristement un système alimentaire de surconsommation destructeur.  

L’huile de palme, un ingrédient controversé de notre alimentation

L’huile de palme est sous le feu des critiques depuis de nombreuses années, et pour cause : cette matière grasse qui parcourt des milliers de kilomètres pour se retrouver dans nos aliments en France et en Europe a des impacts néfastes sur l’environnement, la biodiversité, les droits humains et n’est pas sans conséquence pour notre santé.  

Huile de palme et impact environnemental : brûler une partie de la planète pour finir dans nos assiettes

Qui dit huile de palme, dit trop souvent déforestation. La culture intensive du palmier à huile sur de gigantesques surfaces en monoculture dévaste méthodiquement des pans entiers de la forêt tropicale. Les arbres y sont abattus au bulldozer ou brûlés pour défricher des parcelles entières de forêt et de tourbières. Sur la carte du monde, c’est l’Asie du Sud-Est qui en fait la première les frais. Selon Global Forest Watch, l’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, a perdu en un peu plus de 20 ans 19% de son couvert végétal, soit 30 millions d’hectares rasés ou partis en fumée. Entre 1990 et 2015, environ 15% de cette déforestation serait liée directement aux plantations de palmiers à huile.  

La production intensive d’huile de palme a des impacts catastrophiques sur l’environnement et la biodiversité. La déforestation est l’une des causes des changements climatiques, car le déboisement massif fait disparaître le principal réservoir de carbone sur Terre que sont les forêts. Et c’est encore pire si l’on prend en compte les feux de déforestation -lorsque des parcelles sont brûlées pour y implanter des cultures – qui libèrent dans l’atmosphère des quantités astronomiques de carbone. Pas étonnant que la déforestation compte pour environ 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Qui dit culture intensive d’huile de palme, dit aussi trop souvent engrais chimiques et pesticides, qui provoquent des dégâts considérables sur l’environnement, notamment sur les sols et les cours d’eau.  

La culture à grande échelle des palmiers à huile entraîne aussi des conséquences catastrophiques sur l’habitat de la faune sauvage qui vit dans ces régions. C’est le cas des Orangs-outans, devenus l’emblème de ce désastre. L’orang outan, une espèce déjà menacée (par l’activité humaine), et que l’on ne retrouve plus qu’à Sumatra ou à Bornéo, est à présent en voie critique d’extinction. Sur la liste des espèces directement mises en danger par la déforestation, on trouve aussi le tigre de Sumatra, l’éléphant d’Asie et plusieurs sous-espèces de rhinocéros. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, la culture d’huile de palme menace 405 espèces animales dans le monde.  

La déforestation importée : détruire des forêts à l’autre bout du monde pour l’alimentation occidentale

On dit de l’huile de palme qu’elle est un produit issu de la déforestation importée, un qualificatif qui désigne des matières premières ou des produits transformés importés dont la production industrielle a contribué, directement ou indirectement, à la déforestation. C’est aussi le cas par exemple du soja, du café ou du cacao.  

Aujourd’hui, notre consommation en Europe aggrave la déforestation à l’autre bout du monde. Entre 2010 et 2020, l’Union européenne aurait été responsable de 10% de la déforestation mondiale , alors qu’elle ne comptait que 5,5% de la population mondiale. L’Europe est un acteur prépondérant du commerce d’huile de palme  (elle en est le second plus grand importateur, avec 9 millions de tonnes importées en 2018).  

Pour réduire l’impact environnemental de l’alimentation, l’Union européenne s’est dotée en 2023 d’une directive qui vise à interdire l’importation de produits ayant contribué à la déforestation (huile de palme, soja, café, cacao, etc.). Concrètement, à partir du 31 décembre 2024, les opérateurs et les négociants devront prouver, certificat à la clé, que leur huile de palme ne provient pas de terres récemment déforestées ou dégradées. En cas d’infraction, des sanctions pourront être appliquées et, chose rare, publiées sur le site internet de la Commission européenne. Sauf qu’avant même que le règlement soit entré en vigueur, certains États Membres, Autriche en tête, souhaitent déjà en assouplir les exigences. Affaire à suivre.  

Huile de palme et droits humains : quel prix pour les populations locales ?

A ce désastre écologique s’ajoutent des conséquences dramatiques et largement documentées pour les droits humains. Plusieurs ONG internationales, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ne cessent d’alerter sur les nombreuses violations des droits humains commises dans les palmeraies, en documentant sur le terrain les conditions de travail déplorables des ouvrières et ouvriers en Indonésie. Pour ces organisations, le constat est accablant : les compagnies forestières font travailler des enfants et rémunèrent très faiblement les travailleuses et travailleurs qu’elles emploient.  

Les communautés autochtones dans leur ensemble paient un lourd tribut depuis l’implantation des compagnies forestières sur leurs terres. Les nuages de fumées toxiques occasionnées par les feux de déforestation rendent régulièrement l’air irrespirable. La pollution atmosphérique engendrée favorise les infections respiratoires. Par ailleurs, le développement à marche forcée de la monoculture intensive des palmiers à huiles s’est fait au détriment de l’agriculture vivrière, c’est-à-dire de l’agriculture qui permet aux populations locales de subvenir à leurs besoins économiques et alimentaires. L’accaparement des terres par les compagnies forestières pour répondre à la demande de l’industrie alimentaire occidentale entraîne dans bien des cas le déplacement forcé de populations autochtones.   

Huile de palme dans notre alimentation : la santé dans le viseur des industriels

Côté santé, l’huile de palme fait partie des huiles végétales les plus riches en acides gras saturés (50% de la composition contre en moyenne 15% pour l’huile d’olive par exemple), connus pour favoriser le mauvais cholestérol et augmenter le risque de maladies cardio-vasculaires. Parmi les acides gras saturés présents dans l'huile de palme, on trouve de l’acide palmitique : selon l’Anses, consommé en excès, cet acide gras non-essentiel est athérogène, c’est-à-dire qu’il favorise le dépôt de plaques riches en cholestérol sur la paroi interne des artères, pouvant les boucher. Autrement dit, l’acide palmitique favorise les dépôts graisseux à l’intérieur des vaisseaux sanguins, ce qui explique les risques de maladies cardio-vasculaires évoqués, et ce dans un contexte où 43% des adultes et 34% des enfants en France consomment déjà trop de lipides, c’est-à-dire de graisses. 

Petit guide des huiles alimentaires : qu'est-ce qui les différencie dans leur composition ?

Au rayon des huiles végétales, il y a quatre familles qui se distinguent selon leur composition en acides gras. 

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De la production à la transformation, l’huile de palme profite surtout à l’industrie agroalimentaire

Les coûts cachés humains et environnementaux, de la production de l’huile de palme, des palmeraies jusqu’à nos assiettes, sont énormes. Les impacts négatifs de la culture de l’huile de palme ne sont pas pris en compte dans le prix des produits alimentaires qui en contiennent, malgré leurs conséquences dévastatrices. Malgré ces problèmes largement connus et documentés, l’industrie agroalimentaire continue d’utiliser de l’huile de palme dans de nombreux produits, même là où on ne l’attend pas, même là où des alternatives sont possibles. Pour le secteur, elle est avant tout pratique, peu chère et ainsi plus rentable, coûte que coûte.  

Où trouve-t-on de l’huile de palme dans l’alimentation ?

Si on vous demande de penser à un produit contenant de l’huile de palme, c’est probablement et sans surprise le Nutella qui vous viendra à l’esprit en premier ! La pâte à tartiner du groupe Ferrero s’est rendue tristement célèbre par sa contribution à la déforestation massive en Asie du Sud-Est. Mais on retrouve de l’huile de palme dans la composition de tas d’autres produits comme les céréales du petit déjeuner, les biscuits, la margarine, les gâteaux apéritifs, les biscottes, les chips, les friandises, les soupes déshydratées, les bouillons cubes et même les poudres de lait pour bébés.   

Dans les supermarchés, on trouve aussi de l’huile de palme dans les produits d’hygiène (dentifrices, gels douches, mousses à raser) et les produits cosmétiques (fonds de teint, mascaras, etc.) où l’huile de palme a remplacé les produits d’origine animale. Enfin, elle est présente dans les agro-carburants (produits à partir de matière organique).

Huile de palme et étiquette : quelle transparence ?

Depuis 2014, l’Europe oblige les industriels à faire figurer sur les emballages la présence d’huile de palme dans les ingrédients. Auparavant, la plupart des produits portaient seulement la mention « huile végétale ». Si ce règlement a permis un peu plus de transparence, il reste parfois difficile de traquer l’huile de palme, qui peut se cacher derrière des mentions qui induisent les consommatrices et consommateurs en erreur : graisse de palme, huile palmiste, oléine de palme, stéarine de palme, etc. On la trouverait dans l’alimentation et dans les cosmétiques sous plus de 200 dénominations et additifs (E304, E335, E431, E434, etc.). Les fabricants de produits d’hygiène ou cosmétiques ne sont pas, eux, tenus d’en signaler la présence dans leur composition.  

Pourquoi les industriels usent et abusent de l’huile de palme ?

Issue de la pulpe du fruit du palmier à huile, l’huile de palme a déboulé dans notre alimentation lorsque les entreprises agroalimentaires ont remplacé dans les plats industriels les graisses partiellement hydrogénées, pointées du doigt – à raison – pour leurs effets néfastes sur la santé. Les multinationales se sont donc reportées sur l’huile de palme pour remplacer le beurre ou des graisses animales, ce qui a amené à la machine implacable de la déforestation importée aux conséquences désastreuses que l’on connaît aujourd’hui.  

Le palmier à huile était historiquement cultivé en Afrique de l’Ouest à des fins alimentaires et cosmétiques. Pour satisfaire la demande mondiale, la production d’huile de palme a explosé, passant de 24,84 millions de tonnes en 2001 à 49,56 millions de tonnes en 2011, pour atteindre 80,58 millions de tonnes en 2021. C’est surtout en Asie du Sud-Est que s’est concentré l’essor de la production : à elles deux, l’Indonésie et la Malaisie réalisent 83% de la production mondiale. Viennent ensuite, loin derrière, la Thaïlande, la Colombie, le Nigéria et le Guatemala.  

L’huile de palme est très recherchée par les industriels pour son faible coût et ses propriétés physico-chimiques. Non seulement elle est bon marché mais pour les industriels, elle a bien des avantages sur les chaînes de production : stable à haute température, elle ne rancit pas, apporte ici de l’onctuosité, là du croquant, se conserve longtemps et se transporte bien.   

Mais surtout, pour les multinationales, l’huile de palme est ultra-rentable : c’est ce qu’on constate en comparant les quantités moyennes d’huile produite par hectare de terre par grand type de culture (palme, colza, tournesol, olive, etc.) à l’échelle mondiale. Par exemple, une plantation de palmier à huile produit en moyenne 3 tonnes d’huile par hectare. C’est quatre à six fois plus que la quantité d’huile produite dans une plantation de colza, de tournesol ou de soja. 

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Ce graphique représente les rendements en huile par type de culture dans le monde en 2021. De bas en haut, le graphique montre les rendements en huile pour la culture d’huile de palme, de colza, de tournesol, de soja, d’olive, de noix de coco, d’arachide, de coton et de sésame. Les rendements globaux en huile sont mesurés comme la quantité moyenne d'huile végétale produite (en tonnes) par hectare de terre. Cette comparaison n’est pas complète : ce chiffre est différent du rendement total de la culture, car seule une partie de cette culture est disponible sous forme d'huile végétale (le reste peut par exemple servir à l’alimentation animale. La comparaison par rendement en huile n’est pas suffisante pour pointer du doigt l’impact de chaque culture dans son ensemble. Source : Our World in Data
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 Ajouter à cela des coûts de production parmi les moins élevés du marché - en particulier la main-d’œuvre, et on obtient l’huile végétale la moins chère à produire. Ces raisons expliquent la transition qui s’est opérée au début des années 2000 vers l’huile de palme, au détriment des conséquences environnementales et humaines que cela a engendré.  

L’huile de palme durable : greenwashing ou réalité ?

Huile de palme « durable » : RSPO, un système opaque par l'industrie pour l'industrie

Face au tollé environnemental de l’huile de palme, les acteurs concernés ont entrepris de promouvoir une filière de production “durable”. Une initiative privée baptisée « table ronde pour une huile de palme durable » (RSPO) qui rassemble des planteurs, des producteurs, des transformateurs et certaines ONG et qui a abouti à créer en 2004 un « standard » sur la base d’une certification volontaire, attribuant aux entreprises un label.  

Le label RSPO est censé garantir un certain nombre de critères de durabilité, comme la préservation des forêts et des écosystèmes, la protection sociale des populations ou encore le respect des droits fonciers et coutumiers, etc. Depuis, d’autres standards ont vu le jour, notamment gouvernementaux comme l’ISPO (Indonesian Sustainable Palm Oil) ou encore le MSPO (Malaysian Sustainable Palm Oil en Malaisie), mais le label RSPO reste le plus répandu.  

Pourtant, pour beaucoup d’organisations environnementales ou de défense des droits humains internationales – comme Greenpeace, Amnesty International ou les Amis de la Terre – ou locales qui ont enquêté sur le terrain, la certification ne permet en fait pas de garantir la durabilité de l’huile de palme produite. Plusieurs rapports documentés ont pointé du doigt de graves violations des conditions de travail, des menaces pour la biodiversité ou l’environnement dans des parcelles labellisées RSPO. En cause, un système déficient, entre audits superficiels et insuffisants car trop coûteux et incomplets et condamnations trop rares et lentes des entreprises n’ayant pas respecté le cahier des charges sur lequel elles s’étaient pourtant engagées. 

Face aux critiques, en 2018, l’initiative a renforcé ses normes, afin par exemple d'interdire aux fournisseurs de défricher les tourbières pour y planter des palmiers. Cependant, la certification, selon les critères utilisés par la grande majorité de l’industrie agroalimentaire aujourd’hui, est loin d’être suffisamment stricte. Ses critères ne permettent pas d’empêcher la déforestation de la forêt tropicale - elle interdit seulement le défrichage des forêts primaires et des tourbières -, ni les dégâts sur la biodiversité. De même, ils n’excluent pas non plus la pollution des sols et de l’eau, car la certification RSPO n’interdit pas le recours à des pesticides. Les critères de ce label sur les produits alimentaires ne permettent donc en aucun cas de garantir la consommation d’une huile de palme « durable ». 

Derrière le label RSPO, il y a aujourd’hui plusieurs niveaux de certification correspondant à différents types de chaîne d’approvisionnement. Bien que ces niveaux ne se valent pas, le niveau de certification choisi par l’industriel n’est pas précisé sur les étiquettes portant le label RSPO, ce qui ne permet pas aux consommatrices et consommateurs de savoir ce qu’il y a derrière.  

Les plus bas niveaux de certification du label RSPO :

  • Dans le cas du plus bas niveau de certification, appelé  “Crédits” (anciennement « Book and Claim »), les entreprises s’approvisionnent en huile de palme non-certifiée, c’est-à-dire conventionnelle, puis achètent purement et simplement des certificats en gage de compensation financière. Ils ne peuvent pas utiliser le label RSPO mais peuvent tout de même indiquer « participe à la lutte contre la déforestation » sur leurs emballages. Pour le durable, on repassera…  
  • La certification RSPO « Mass Balance » (MB) autorise de transférer la certification d’un produit vers un produit cultivé de manière conventionnelle. Concrètement, cela signifie qu’une barre chocolatée peut très bien prétendre qu’elle « contient de l’huile de palme durable » alors qu’une partie de son huile provient de terres déforestées. 

Le Ministère de l’écologie français reconnaît lui-même que ces niveaux sont « moins robustes » et que « leur utilisation ne permet pas d’atteindre l’ambition fixée par la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation ».  

Les plus hauts niveaux de certification du label RSPO sont plus strictes :

  • La certification « ségréguée » (SG) indique que les produits issus du palmier à huile proviennent exclusivement de plantations certifiées, mais les audits censés vérifier le respect de ses critères restent coûteux et la traçabilité jusqu’aux plantations de palmiers à huile compliquée.  
  • Le niveau de certification le plus strict, IP, pour « identité préservée » retrace la chaîne d’approvisionnement d’un produit labellisé RSPO, des plantations jusqu’à l’utilisateur final. Lorsqu’il est associé à d’autres critères – détaillés ci-après, il permet d’assurer ce qui peut être qualifié - par foodwatch et d’autres acteurs - d’huile de palme durable.   

D’après un rapport de WWF publié en 2021, la certification « Mass Balance » représente 53% des volumes d'huile de palme certifiée. La certification « Book and Claim » représente 18% des volumes d'huile de palme certifiée tandis que les certifications « Identité Préservée » et « ségréguée » représentent 28% des volumes d'huile de palme certifiée. A l’échelle mondiale, seules 14% des entreprises engagées dans la démarche RSPO utilisent à 100% les niveaux « IP » et « SG ». 

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Tant que la filière ne mettra pas en place une traçabilité complète de bout en bout de la chaîne de production - de la parcelle jusqu’au produit final - l’industrie agroalimentaire ne pourra pas utiliser de l’huile de palme tout en se targuant de limiter ses impacts environnementaux néfastes. Pire encore, cela encouragera le greenwashing pur et simple auprès de consommatrices et consommateurs qui cherchent à avoir accès à une alimentation plus responsable.

Ainsi, pour pouvoir qualifier une huile de « durable », l’industrie agroalimentaire devrait à minima s’assurer que l’huile de palme récoltée soit biologique, issue de forêts éco-gérées et du commerce équitable, et au plus haut niveau de certification RSPO (« IP »).  

Si on considère le système alimentaire dans son ensemble, la solution la plus durable serait de supprimer l’huile de palme des produits dès que cela est possible. Remplacer l’huile de palme par une alternative plus responsable permettrait notamment de relocaliser en Europe la production des huiles qui font la matière première des aliments que l’on consomme et de cesser d’importer des matières premières issues de la déforestation et de la violation de droits humains.  

Parler d’huile de palme autrement avec le film « Sauvages »

Partenaire du film d’animation « Sauvages », foodwatch propose de mobiliser le pouvoir de l’image pour faire agir et sensibiliser à l’impact de notre alimentation, à travers l’exemple de l’huile de palme. Réalisé par Claude Barras, « Sauvages » raconte l’histoire de la jeune Kéria : avec son cousin Sélaï et un bébé orang-outan recueilli dans une plantation de palmiers à huile, la petite fille va tout faire pour sauver la forêt ancestrale de la destruction par les compagnies forestières. Ce conte poétique et écologique est un appel à l’action, dont s’est saisi foodwatch pour faire lumière sur le manque de transparence et l’impunité de l’industrie agroalimentaire.   

En savoir + sur « Sauvages », film en partenariat avec foodwatch 

Le marketing de l’huile de palme durable : attention greenwashing !

Ces dernières années, dans les rayons des supermarchés, des labels et mentions ont fleuri : « contient de l’huile de palme durable », « participe à la lutte contre la déforestation », « zéro déforestation », etc. Pour de nombreuses associations, ces labels sont davantage un outil de communication qui induit les consommatrices et consommateurs en erreur qu’une garantie de quoi que ce soit. Dit autrement, ce n’est que du greenwashing.  

En 2010, des multinationales – L’Oréal, Nestlé, Unilever, etc. – avaient pris des engagements. Elles avaient promis de ne plus se fournir auprès de fournisseurs et d’usines qui refusaient de dévoiler la provenance de leur huile de palme. La transparence et la traçabilité sont en effet le seul moyen de vérifier qu’une entreprise honore ses promesses de ne pas faire de ravages sur les forêts. En 2018, Greenpeace avait démontré que plusieurs d’entre elles, dont Kellogg’s et Kraft Heinz, refusaient toujours de publier la liste de leurs fournisseurs.  

Plus récemment, c’est un rapport de l’association Rainforest Action Network qui a alerté sur l’usage croissant d’huile de palme dans l’alimentation des vaches laitières aux Etats-Unis, que ce soit sous forme de tourteaux ou de compléments alimentaires. Un élément que les multinationales – Danone, Ferrero, Lactalis, Nestlé ou encore Unilever - ne prendraient pas suffisamment en compte lorsqu’elles prétendent être « zéro déforestation », reproche l’association.  

Pourtant, pour réduire l’impact environnemental de l’alimentation, plusieurs entreprises et enseignes de la grande distribution se sont engagées à bannir purement et simplement l’huile de palme de la liste de leurs ingrédients. En France, c’est le cas des marques Sodebo, Picard, Findus ou encore Vico. Comme quoi c’est possible (à condition bien sûr que l’huile de palme ne soit pas remplacée par des additifs ou des texturants, souvent marqueurs d’ultra-transformation et pouvant présenter un risque pour la santé).  

Revers de la médaille, comme sur d’autres sujets, on se heurte trop souvent à un système alimentaire à deux vitesses. D’un côté, des produits alimentaires « sans huile de palme » mais plus chers  ou contenant parfois des alternatives comme l’huile de coco ou la coprah, dont l’impact environnemental et sur la santé n’est pas meilleur que l’huile de palme. De l’autre, de la malbouffe bon marché contenant de l’huile de palme, controversée pour son impact sur l’environnement, les droits sociaux et la santé. Le constat est sans appel : il est urgent d’agir et de changer de modèle agricole et alimentaire, afin de permettre aux consommatrices et consommateurs d’avoir accès à une alimentation saine, durable, choisie et abordable.  

L’huile de palme est devenue l’emblème d’un système alimentaire mondialisé, incontrôlable et dominé par des multinationales qui cherchent à faire toujours plus de profits. En tant que consommatrices et consommateurs, citoyennes et citoyens, il y a un enjeu à faire pression pour faire changer le contenu de notre alimentation : en exigeant de l’industrie agroalimentaire qu’elle supprime l’huile de palme de ses produits, et, en attendant, en chassant de nos caddies les produits qui contiennent cet ingrédient qui détruit forêts, biodiversité et droits humains, fait des milliers de kilomètres pour se retrouver dans notre alimentation et, en prime, nous expose à un risque pour notre santé !
Audrey Morice Chargée de campagnes foodwatch France

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