Face au tollé environnemental provoqué par l’huile de palme, les acteurs concernés ont entrepris de promouvoir une filière de production “durable”. Une initiative privée baptisée « table ronde pour une huile de palme durable » (RSPO pour Roundtable on Sustainable Palm Oil) qui a abouti à créer en 2004 un « standard » sur la base d’une certification volontaire, attribuant aux entreprises un label.
Le label RSPO est censé garantir un certain nombre de critères de durabilité comme la préservation des forêts et des écosystèmes, la protection sociale des populations ou encore le respect des droits fonciers et coutumiers, etc. Depuis sa création, de nombreuses organisations de défense de l’environnement et des droits humains ont démontré par des enquêtes de terrain documentées que la certification ne permet en fait pas de garantir la durabilité de l’huile de palme produite.
Le cahier des charges RSPO a évolué et est aujourd’hui plus strict sur la traçabilité, avec 4 niveaux de certification dits “crédits” et “mass balance” pour les niveaux de certification les plus bas. Le Ministère de l’écologie français reconnaît lui-même que ces niveaux sont « moins robustes » et que « leur utilisation ne permet pas d’atteindre l’ambition fixée par la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation ». Aux niveaux de certification les plus hauts, “ségrégué” et “identité préservée”, la transparence sur la chaîne d’approvisionnement d’un produit labellisé RSPO, de l’utilisateur final jusqu’aux plantations, est bien mieux garantie. En supermarchés et sur les étiquettes, les consommatrices et consommateurs ne peuvent pas savoir quel est le niveau de certification RSPO de l’huile utilisée. Et les sites internet des marques ne sont pas non plus transparents sur ce point.
Tant que la filière ne mettra pas en place une traçabilité complète de bout en bout de la chaîne de production pour garantir que l’on puisse retracer la provenance de l’huile depuis la plantation jusqu’aux supermarchés, l’huile de palme, même certifiée, ne pourra pas se targuer d’améliorer l’impact environnemental de l’alimentation et encouragera le greenwashing pur et simple auprès de consommatrices et consommateurs qui cherchent à avoir accès à une alimentaire plus responsable. Pour garantir des pratiques durables et de la transparence, la traçabilité doit aller de pair avec la durabilité : huile de palme biologique, issue de forêts éco-gérées et certifiée commerce équitable.