FAQ Huile de palme et alimentation

Matière grasse sous le feu des critiques depuis de nombreuses années, marqueur de l’alimentation ultra-transformée, l’huile de palme parcourt des milliers de kilomètres pour finir dans nos assiettes. Pourquoi y a-t-il de l’huile de palme dans notre alimentation ? L’huile de palme est-elle moins bonne pour la santé que d’autres huiles ? Comment la repérer dans les aliments ? foodwatch répond à vos questions. 

Nos réponses à vos questions

On retrouve de l’huile de palme dans la composition de nombreux produits alimentaires, majoritairement transformés, comme les céréales du petit déjeuner, les biscuits, la margarine, les gâteaux apéritifs, les biscottes, les chips, les friandises, les soupes déshydratées, les bouillons cubes, les plats cuisinés et même les poudres de laits pour bébés. L’huile de palme a déboulé dans notre alimentation lorsqu’il s’est agi pour les entreprises agroalimentaires de remplacer dans les plats industriels les graisses partiellement hydrogénées, pointées du doigt pour leurs effets néfastes sur la santé. Les multinationales se sont donc reportées sur l’huile de palme pour remplacer le beurre ou des graisses animales et ont commencé à alimenter la machine de la déforestation aux conséquences désastreuses. Pour le secteur, elle est avant tout pratique, peu chère et ainsi plus rentable.

L’huile de palme, comme l’huile de coco, fait partie des huiles végétales les plus riches en acides gras saturés connus pour favoriser le mauvais cholestérol et augmenter le risque de maladies cardio-vasculaires selon l’Anses. L’huile de palme hydrogénée est largement utilisée par l’industrie agroalimentaire dans des produits majoritairement transformés.  Elle n’est pas recommandée pour la santé. Il faudrait alors lui privilégier l’huile d’olive, de noix, de soja ou encore de colza, qui sont moins riches en acides gras saturés et ont de meilleures propriétés pour la santé  

Aujourd’hui on sait remplacer l’huile de palme par des matières grasses alternatives, que ce soit le beurre dans la pâte feuilletée ou l’huile de tournesol ou de colza dans les biscuits ou les produits à base de chocolat. Les 10 exemples épinglés par foodwatch illustrent parfaitement ce point : nous avons trouvé des produits comparables avec et sans huile de palme. Il est donc possible de s’en passer. Les produits dans lesquels les industriels ne peuvent pas, pour des raisons techniques, remplacer l’huile de palme par une autre huile, semblent être aujourd’hui selon foodwatch très peu nombreux. Il est important que l’huile de remplacement choisie permette de ne pas dégrader la qualité nutritionnelle des produits et soit plus durable sur le plan environnemental.

Depuis 2014, l’Europe oblige les industriels à faire figurer sur les emballages la présence d’huile de palme dans les ingrédients. Auparavant, la plupart des produits portaient seulement la mention « huile végétale ». Si ce règlement a permis un peu plus de transparence, il reste parfois difficile de traquer l’huile de palme, qui peut se cacher derrière des mentions qui induisent les consommatrices et consommateurs en erreur : graisse de palme, huile palmiste, oléine de palme, stéarine de palme, etc. On la trouverait dans l’alimentation et dans les cosmétiques sous plus de 200 dénominations et additifs (E304, E335, E431, E434, etc.), qui manquent de transparence et qui ne permettent pas aux consommatrices et consommateurs de savoir exactement derrière lesquels se cache l’huile de palme. De plus, la liste des ingrédients est parfois cachée dans le pli des paquets ou imprimée en très petits caractères. Les fabricants de produits d’hygiène ou de cosmétique ne sont pas, eux, tenus d’en signaler la présence dans leur composition.

On peut lister plusieurs critères qui permettent de garantir qu’une huile de palme ait le moins d’impacts environnementaux et sociaux-économiques possibles : être issue de l’agriculture biologique et de forêts éco-gérées, garantie commerce équitable et produite au plus haut niveau de certification sur les chaînes d’approvisionnement RSPO (“Identité Préservée”). A l’heure actuelle, la production industrielle d’huile de palme, qui sert à l’approvisionnement de l’industrie agroalimentaire, dans des filières dans laquelle la traçabilité n’est pas suffisamment assurée, ne répond pas à ces critères de durabilité. Seul un petit nombre d’acteurs utilise ce cahier des charges. 

Face au tollé environnemental provoqué par l’huile de palme, les acteurs concernés ont entrepris de promouvoir une filière de production “durable”. Une initiative privée baptisée « table ronde pour une huile de palme durable » (RSPO pour Roundtable on Sustainable Palm Oil) qui a abouti à créer en 2004 un « standard » sur la base d’une certification volontaire, attribuant aux entreprises un label. 

Le label RSPO est censé garantir un certain nombre de critères de durabilité comme la préservation des forêts et des écosystèmes, la protection sociale des populations ou encore le respect des droits fonciers et coutumiers, etc. Depuis sa création, de nombreuses organisations de défense de l’environnement et des droits humains ont démontré par des enquêtes de terrain documentées que la certification ne permet en fait pas de garantir la durabilité de l’huile de palme produite

Le cahier des charges RSPO a évolué et est aujourd’hui plus strict sur la traçabilité, avec 4 niveaux de certification dits “crédits” et “mass balance” pour les niveaux de certification les plus bas. Le Ministère de l’écologie français reconnaît lui-même que ces niveaux sont « moins robustes » et que « leur utilisation ne permet pas d’atteindre l’ambition fixée par la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation ». Aux niveaux de certification les plus hauts, “ségrégué” et “identité préservée”, la transparence sur la chaîne d’approvisionnement d’un produit labellisé RSPO, de l’utilisateur final jusqu’aux plantations, est bien mieux garantie. En supermarchés et sur les étiquettes, les consommatrices et consommateurs ne peuvent pas savoir quel est le niveau de certification RSPO de l’huile utilisée. Et les sites internet des marques ne sont pas non plus transparents sur ce point. 

Tant que la filière ne mettra pas en place une traçabilité complète de bout en bout de la chaîne de production pour garantir que l’on puisse retracer la provenance de l’huile depuis la plantation jusqu’aux supermarchés, l’huile de palme, même certifiée, ne pourra pas se targuer d’améliorer l’impact environnemental de l’alimentation et encouragera le greenwashing pur et simple auprès de consommatrices et consommateurs qui cherchent à avoir accès à une alimentaire plus responsable. Pour garantir des pratiques durables et de la transparence, la traçabilité doit aller de pair avec la durabilité : huile de palme biologique, issue de forêts éco-gérées et certifiée commerce équitable. 

A notre échelle, on peut choisir d’acheter des produits sans huile de palme, quand notre portefeuille nous le permet. Malheureusement, produire avec de l’huile de palme coûte généralement moins cher que produire avec des alternatives. Les produits les moins chers peuvent être plus susceptibles d’en contenir. Cela dit, certaines grandes marques nationales plus chères en rayon en utilisent aussi, et cela certainement pour maximiser leurs marges. 
Cela n’empêche pas d’agir, d’autant que pour foodwatch, c’est l’action collective qui permet de changer les choses durablement. foodwatch propose aux citoyens et citoyennes d’interpeller les industriels de l’agroalimentaire qui n’ont pas encore sauté le pas des alternatives : notre association est convaincue que le changement peut venir de l’impulsion du pouvoir citoyen

foodwatch n’appelle pas au boycott des aliments contenant de l’huile de palme. Le problème, c’est l’huile de palme industrielle et sa production massive, qui génère de la déforestation, contribue aux changements climatiques et cause des violations des droits humains : si le boycott peut s’envisager à l’échelle individuelle, il doit s’accompagner d’une demande ou de pressions pour changer le système : les acteurs visés par le boycott ont en effet peu de chance de disparaître par le biais du ‘seul’ boycott. Vouloir réformer le système, c'est s’attaquer au problème par la racine, c’est le sens du travail de foodwatch. 

Si le texte est appliqué en l’état, il garantit que tout produit commercialisé en Europe ne provient pas de la déforestation importée. C’est un grand pas en avant pour les questions environnementales et pour les consommatrices et consommateurs. Le texte ne permettra pas toutefois de répondre de manière suffisamment ambitieuse aux enjeux de droits humains. 
Le règlement a pourtant tristement récemment fait la une de l’actualité : la Commission européenne a annoncé début octobre vouloir reporter son entrée en vigueur, prévue fin 2024, d’un an. Les négociations qui vont s’ouvrir avec le Parlement et le Conseil européen seront cruciales pour l’avenir du texte, pierre angulaire du Pacte vert, visant à interdire l’importation et l’exportation de produits (huile de palme, soja, cacao, bois, etc.) issus de la déforestation.