Huile de palme : Lu, Herta, Oasis, Kellogg’s & co, ces 10 industriels qui pourraient s’en passer
Il n’a pas fallu longtemps à foodwatch pour identifier 10 produits de grandes marques qui contiennent de l’huile de palme, alors que d’autres fabricants proposent des recettes identiques sans cet ingrédient controversé. Alors qu’on trouve encore de l’huile de palme dans trop de produits transformés du supermarché, il est temps de faire changer les rayons alimentation, pour la planète, pour les droits humains et pour notre santé ! C’est pourquoi foodwatch lance une action d’interpellation envers l’industrie agroalimentaire, qui ne fait pas encore suffisamment le choix des alternatives.
Alimentation et huile de palme : 10 produits épinglés par foodwatch
Toujours fréquemment alertée par des consommatrices et consommateurs sur la présence d’huile de palme dans l’alimentation, l’équipe foodwatch est retournée arpenter les rayons des supermarchés pour constater que malgré les controverses bien connues et documentées autour de l’huile de palme, trop d’industriels continuent d’en utiliser.
foodwatch épingle donc 10 exemples de produits qui contiennent de l’huile de palme, quand les industriels pourraient lui préférer une alternative. Preuve en est : notre équipe a repéré dans les rayons des produits similaires, qui ne contiennent pas d’huile de palme mais une autre matière grasse. Avoir des produits comparatifs sans huile de palme permet de montrer que les industriels ciblés peuvent faire sans et qu'ils doivent donc changer leurs recettes. Ca ne signifie pas que ces industriels ou distributeurs sont exemplaires sur d'autres sujets.
C’est très clair : dans la plupart des produits, l’industrie agroalimentaire pourrait faire le choix d’une matière grasse produite de manière plus durable et responsable. Alors pourquoi ne le fait-elle pas ? C’est la question que pose foodwatch, appuyée par ces produits à recette équivalente qui n’en contiennent pas.
L’huile de palme dans l’alimentation, surtout profitable pour l’industrie agroalimentaire
L’huile de palme est aujourd’hui l’huile végétale la plus consommée au monde : son utilisation par l’industrie agroalimentaire a explosé dans les années 2000, dès qu’il s’est agi de remplacer dans les plats industriels le beurre ou les graisses animales pointées du doigt – à raison - pour leurs effets néfastes sur la santé.
Pour l’industrie agroalimentaire, c’était une aubaine : de la production à la transformation, l’huile de palme est extrêmement rentable, car c’est l’huile la moins chère à produire. Dans les plantations, à l’échelle mondiale, le palmier à huile a les meilleurs rendements d’huile produite à l’hectare, par comparaison aux rendements d’autres huiles comme le soja, le tournesol ou le colza. L’huile de palme est très recherchée par les industriels pour ses propriétés physico-chimiques. Stable à haute température, elle ne rancit pas, se conserve longtemps et se transporte bien.
Mais l’utilisation massive de l’huile de palme n’est pas sans conséquences. La production intensive d'huile de palme provoque une déforestation massive, particulièrement en Asie du Sud-Est, détruisant des millions d'hectares de forêts tropicales. La déforestation contribue directement aux changements climatiques, en libérant d'importantes quantités de carbone, ce qui affecte gravement la biodiversité, et notamment menace des espèces comme les orangs-outans et le tigre de Sumatra. Les conditions de travail dans les palmeraies sont très préoccupantes, avec des violations des droits humains documentées. Les communautés locales sont souvent déplacées de force, au mépris de leurs droits et des terres qui leur appartiennent. Enfin, l'huile de palme pose aussi des risques pour la santé en raison de sa forte teneur en acides gras saturés.
foodwatch est partenaire du film « Sauvages »
foodwatch interpelle l’industrie agroalimentaire sur l’utilisation de l’huile de palme à l’occasion de la sortie en salles du film d’animation « Sauvages », au cinéma le 16 octobre 2024. En tant que partenaire du film, foodwatch veut mobiliser et donner envie d’agir autour de l’alimentation, de la (sur)consommation et de la responsabilité que joue l’industrie agroalimentaire dans nos assiettes.
L’huile de palme durable, argument marketing et mythe à déconstruire
Dans les années 2000, obligée de réagir face au tollé provoqué par la surproduction d’huile de palme et ses conséquences, l’industrie agroalimentaire a entrepris de mettre en place une filière de production « durable » de l’huile de palme. La « table ronde pour une huile de palme durable » (RSPO) a accouché d’un label portant le même nom, censé garantir un certain nombre de critères de durabilité environnementaux et sociaux.
Très largement décrié par des organisations environnementales et de défense des droits humains dans leur travail d’enquête sur le terrain, RSPO ne permet pas en réalité de garantir la durabilité de l’huile de palme produite. Si depuis sa création, les critères du label ont évolué et ont progressé sur la question de la traçabilité – uniquement quand les industriels l’utilisent aux plus hauts niveaux de certification prévus, ce qui n’est pas le cas de la grande majorité d’entre eux – le mot « durable » reste fourre-tout.
C'est quoi le problème avec l'huile de palme dans notre alimentation ?
En un quart de siècle, l’huile de palme s’est invitée dans notre alimentation. Pourquoi est-ce un ingrédient controversé? A qui sa production profite t-elle? L'huile de palme durable : mythe ou réalité?
La certification est loin d’être suffisamment stricte. Ses critères ne permettent pas d’empêcher la déforestation de la forêt tropicale - elle interdit seulement le défrichage des forêts primaires et des tourbières -, ni les dégâts sur la biodiversité. De même, ils n’excluent pas non plus la pollution des sols et de l’eau, dès lors qu’elle n’interdit pas le recours à des pesticides.
Les promesses du label RSPO sur les produits alimentaires ne permettent donc en aucun cas de garantir la consommation d’une huile de palme « durable », ce qui n’empêche pas les industriels d’utiliser ce mot à tort et à travers dans leur marketing, tout en évitant de mener des actions concrètes contre les ravages provoqués par la culture industrielle d’huile de palme.
Pour pouvoir qualifier une huile de « durable », l’industrie agroalimentaire devrait a minima s’assurer que l’huile de palme récoltée soit biologique, issue de forêts éco-gérées et du commerce équitable et au plus haut niveau de certification RSPO (« IP »). Si on considère le système alimentaire dans son ensemble, la solution la plus durable serait de supprimer l’huile de palme des produits dès que cela est possible.
Remplacer l’huile de palme par une alternative plus responsable permettrait notamment de relocaliser en Europe la production des huiles qui font la matière première des aliments que l’on consomme et de cesser d’importer des matières premières issues de la déforestation et de la violation de droits humains.Chargée de campagnes foodwatch France
Questions / Réponses sur l'huile de palme et Alimentation
Pourquoi y a-t-il de l’huile de palme dans notre alimentation ? L’huile de palme est-elle moins bonne pour la santé que d’autres huiles ? Comment la repérer dans les aliments ? foodwatch répond à vos questions.
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