Pesticides dangereux : enfin une interdiction de production en Europe et d’exportation ?
Après des mois de pression, la Commission européenne s’est enfin engagée à mettre fin à l'exportation de pesticides dangereux interdits dans l'UE, dans un document stratégique sur les produits chimiques publié fin 2020 et dans un courrier de réponse à foodwatch et plus de 70 autres ONG. C’est une bonne nouvelle ! Encore faut-il que cette promesse se concrétise et que ces pesticides ne reviennent pas dans nos assiettes par la porte de derrière avec les accords de commerce comme le CETA ou le MERCOSUR…
L'UE a finalement réagi à la pression exercée par foodwatch et de nombreuses autres ONG et membres du Parlement européen : nous avions lancé plusieurs appels pour que l'Europe s'attaque au problème du « double standard » sur les pesticides.
La situation actuelle est en effet inacceptable : les pesticides dangereux pour la santé et l’environnement dont l'utilisation est interdite dans l'UE peuvent toujours être produits dans les pays européens et exportés vers d'autres pays aux règlementations moins contraignantes pour y être utilisés. Les résidus de pesticides reviennent ensuite dans nos assiettes via les importations de fruits et légumes qui ont été traités avec ces substances toxiques. C’est l’effet "boomerang" que foodwatch a décrit dans son rapport en avril .
La stratégie publiée par la Commission stipule que l'UE va "montrer l'exemple et, conformément aux engagements internationaux, veiller à ce que les produits chimiques dangereux interdits dans l'Union européenne ne soient pas produits pour l'exportation, y inclus en modifiant la législation si nécessaire".
L'action de foodwatch contre l'exportation des pesticides toxiques
La France a déjà pris des mesures pour interdire la production, la vente et l'exportation de ces pesticides toxiques dès 2022, mais il faut que ces mesures soient étendues le plus tôt possible à toute l’Europe.
En septembre dernier, foodwatch a écrit aux Commissaires européen concernés pour leur demander d'agir suite à notre pétition lancée en avril 2020. Puis, pour continuer à faire pression sur la Commission, foodwatch a cosigné une lettre avec le PAN (Pesticide Action Network) et 74 autres ONG en novembre, envoyée aux quatre commissaires européens concernés. La Commission a répondu à deux de nos demandes : arrêter l'exportation de pesticides qui ne sont plus autorisés dans l'UE et l'importation de produits agricoles fabriqués avec des pesticides qui sont interdits dans l'UE.
Le cheval de Troie des accords de commerce
C’est encourageant. Mais attention, le Canada, les Etats-Unis, le Brésil et d’autres de nos « partenaires » font pression avec les accords de commerce comme le CETA et le MERCOSUR pour contourner les interdictions européennes, en négociant des exceptions appelées « tolérances à l'importation » de résidus de pesticides.
Dans sa réponse à la lettre à foodwatch et la coalition d’ONG, la Commission reconnaît ce problème mais reste trop floue sur ses engagements.
On maintient la pression, avec vous !
foodwatch va continuer à suivre de très près les mesures prises et les pièges cachés entre les lignes des accords de commerce et autres coups tordus des lobbies des géants des pesticides.
Car, en attendant les mesures concrètes, les Bayer-Monsanto, BASF et Syngenta continuent de produire et d’exporter en toute impunité leurs produits toxiques.
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