Nous avons écrit aux principales marques concernées par le retrait-rappel : : Mc Cormick (Ducros), Albert Ménès, Thiriet, Picard, Gerblé, Bjorg/Bonneterre, Atelier Blini, perl’amande, Markal, Pasquier, Bridor, Wasa/Harry’s, Tipiak, Guyader, Jacquet, Biofournil. Certaines semblent faire l’autruche. Nous vous livrons ci-dessous les réponses reçues de celles qui ont daigné répondre à nos/vos inquiétudes. Nous avons aussi interpellé la grande distribution : Auchan, Carrefour, Monoprix, Intermarché, Système U, Lidl, E.Leclerc, Metro, Cora, Casino, Aldi, Leader Price, Biocoop, La Vie Claire, Picard. Seuls Picard, Biocoop, La Vie Claire et E. Leclerc ont pris la peine de nous répondre.
Premier constat : de nombreux opérateurs attendent que les autorités fassent le job et leur fournissent la liste des entreprises indiennes concernées !
Chez Albert Ménès, on nous répond : « Nous avons été informés du risque d’oxyde d’éthylène dans les graines de sésame début septembre lors de la parution de l’alerte européenne RASSF. Ainsi nous avons aussitôt pris contact avec nos différents fournisseurs nous livrant des produits finis ou des composants à base de sésame. Ces derniers nous ont attesté ne pas être concernés par cette alerte ; ils ne s’approvisionnaient pas auprès des producteurs indiens cités en premier lieu par les alertes. Nos fournisseurs sont revenus vers nous fin novembre, pour nous informer des non-conformités de certains produits livrés au premier semestre 2020. » Idem chez Perl’Amande : « L’identification des usines concernées par une présence d’oxyde d’Ethylène en Inde par la répression des fraudes a été effectué et communiqué au fur et à mesure dans le temps. Nos fournisseurs n’étant pas concernés au début de la crise, nos lots ont malheureusement été identifiés à posteriori ». Malheureusement…
Albert Ménès semble avoir revu ses processus : « Nous demanderons systématiquement des analyses d’oxyde d’éthylène que cela soit sur les graines de sésame brutes, les produits transformés contenant du sésame, mais aussi les autres produits récoltés en Inde. Nous réaliserons également des autocontrôles. (…) Face à ce type d’alerte, nous ne pouvons que renforcer nos procédures qualité, traçabilité et nos cahiers des charges ».
Aucune des marques sollicitées ne nous apporte de réponse satisfaisante concernant l’évaluation des risques et la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement. Plusieurs marques – Bjorg, Pasquier, Gerblé, E.Leclerc - indiquent que le risque de contamination à l’oxyde d’éthylène n’avait pas été identifié avant cette crise. La substance est désormais intégrée dans leur plan de surveillance.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, aucune information n’est disponible en page d’accueil de la plupart des chaînes de supermarchés, ni sur les sites de grandes marques comme Bjorg, Gerblé, Ducros… ou alors l’info est vraiment, vraiment bien cachée.
Concernant l’évaluation des risques et l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement, McCormick (Ducros) nous écrit : « Dans le cadre de notre processus d’évaluation de la vulnérabilité, nous prenons toujours soigneusement en compte le risque de toute forme e transformation ou de traitement (incluant l’ETO) sur nos produits ». L’ETO, c’est l’oxyde d’éthylène, toujours pris en compte… ? Toutefois McCormick affirme n’avoir appris qu’en janvier 2021 d’un fournisseur qu’un lot fourni à une usine française fin 2019 dépassait les limites réglementaires.
Pasquier confirme être concerné par la contamination atteignant parfois des seuils jusqu’à 100 fois la limite de résidus autorisée. Brioche Pasquier affirme avoir mis en branle le système de traçabilité dès octobre dernier et informé les autorités. Cela a mené parfois à l’arrêt de productions en cours, à d’autres investigations sur les productions précédentes et une vigilance accrue sur les autres matières premières en provenance d’Inde.
Du côté des supermarchés, seuls E.Leclerc, Picard, Biocoop et La Vie Claire ont pris la peine de nous répondre. Chez toutes les autres enseignes de distribution, pour l’instant, c’est silence radio. E.Leclerc n’avait pas identifié ce risque avant l’alerte mais dit avoir interpellé tous ses fournisseurs de graine de sésame dès octobre 2020 pour vérifier s’ils étaient concernés. Biocoop affirme : « nous avons fait procéder à des analyses sur toutes nos références contenant du sésame. Normalement, les analyses d’oxyde d’éthylène ne sont prévues que sur les graines de sésame. Tous les lots avec des résultats avec une détection, même inférieure à 0,02 mg/kg (seuil règlementaire pour le bio) et même en cas de résultats conformes sur des lots de matières 1ères ont été rappelés ». Biocoop a par ailleurs pris la décision de suspendre totalement l’utilisation de sésame d’origine Inde et ce, « quelles que soient les garanties (depuis le 24/11) ». Picard a mis l’information à disposition sur son site internet dans la rubrique « rappel produits » signalée tout en bas de la page d’accueil. Picard précise : « Tous les lots de graines de sésame destinés à être utilisés dans nos recettes font désormais l’objet d’une analyse libératoire avant mise en œuvre ». La Vie Claire reconnaît que : « Nous étions en alerte depuis septembre, mais les alertes concernaient uniquement les produits conventionnels. La 1ere contamination avérée sur un produit La Vie Claire a été détectée fin octobre 2020. (…) La recherche d’ETO a été ajoutée au plan de surveillance dans les produits contenant du sésame, ainsi que d’autres matières premières venant d’Inde ».