Actualités 29.11.2023

Inflation alimentaire : les marges indécentes de l’industrie et de la grande distribution dans le viseur

La situation est alarmante : dans le contexte d’une inflation alimentaire de 20% sur les 2 dernières années, de plus en plus de personnes n’ont plus accès à des produits sains et durables au quotidien. Malgré les grands discours et les pseudo-initiatives de lutte contre l’inflation scandées par les industriels de l’agroalimentaire et par la grande distribution, c’est désormais très clair : les deux profitent de la crise. Avec pour conséquences une précarité alimentaire grandissante et un pouvoir d’achat drastiquement réduit pour des millions de gens. Il est temps d’agir ! foodwatch lance une pétition avec trois autres associations de consommateurs : Familles Rurales, UFC-Que Choisir et la CLCV.  

Qui profite de l’inflation ? Poker menteur entre fabricants et supermarchés ?

À les entendre, les fabricants comme les distributeurs des produits qui se retrouvent dans les rayons alimentation des supermarchés font tout ce qui est en leur pouvoir pour limiter l’envolée des prix de l’alimentation. Plus encore, lorsqu’ils sont interrogés, dans les médias par exemple, le moins qu’on puisse dire est qu’ils se refilent la patate chaude, sur fond de « c’est pas moi c’est l’autre ». 

Pourtant, à qui prend le temps de décortiquer les nombreux rapports et de croiser les chiffres publiés au compte-gouttes par différentes institutions, par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, c’est une toute autre chanson, comme le montre notre analyse sur le sujet. 

Des marges mirobolantes en période d’inflation : la recette juteuse des grandes marques de l’industrie agroalimentaire

Malgré la difficulté d’accès à des informations détaillées (merci l’opacité…), le constat général ne laisse pas de doute : les gros industriels de l’agroalimentaire aggravent l’inflation par leurs marges injustes, qui sont passées de 28% fin 2021 à…un niveau historique de plus de 48 % au deuxième trimestre 2023 selon l’INSEE. À tel point que depuis plusieurs mois, des institutions financières ont elles-mêmes lancé l’alerte.

Le président de l’Autorité de la concurrence s’inquiétait ainsi en juin 2023 que « deux tiers de l'inflation dans la zone euro viennent des profits des entreprises ». Même Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque Centrale européenne, dénonçait en mars 2023 le « comportement opportuniste des entreprises qui pourrait retarder la baisse de l'inflation » car « elles [ont] augment[é] les prix au-delà de ce qui était nécessaire pour absorber les augmentations de coûts».

La stratégie de la grande distribution : des marges en catimini sur les rayons… les plus sains

Les informations disponibles sur les marges des supermarchés sont vraiment incomplètes. Mais le peu d’informations partagées par l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges Alimentaires (OFPM) illustre une tendance de la grande distribution très inquiétante.  

En pleine crise de pouvoir d’achat et d’explosion de la précarité alimentaire, les supermarchés ont augmenté leurs marges sur des rayons de première nécessité comme les pâtes, les légumes ou encore le lait…  

L’OFPM pointe du doigt par exemple une augmentation de la marge brute du secteur de la distribution en grandes et moyennes surfaces (GMS) de 57% sur les pâtes alimentaires toutes gammes et de 12,7 % sur un panier saisonnier de légumes entre 2021 et 2022.  

Les personnes les plus précaires, victimes des marges indécentes sur l’alimentation

Pendant que les voyants de l’industrie agroalimentaire et des distributeurs sont au vert, l’inflation alimentaire fait des ravages : près d’1 Français·e sur 3 déclare devoir sauter un repas par manque d’argent selon Familles Rurales  et des millions de personnes sont confrontées à la précarité alimentaire. 

Familles Rurales, UFC-Que Choisir et la CLCV soulignent :   

Pour les personnes les plus précaires, c’est la double peine : elles paient un prix encore plus fort, car plus les budgets sont serrés, plus la qualité nutritionnelle de l’alimentation est difficile et contrainte. Aujourd’hui, avec l’inflation, les produits les plus sains, dont les fruits et les légumes, deviennent de plus en plus inaccessibles pour des millions de personnes. C’est inadmissible.   

Dans ce contexte d’inflation et d’attaques sur le pouvoir d’achat, comment agir pour le droit de toutes et tous à une alimentation saine, choisie, durable et abordable ? En commençant par exiger de la transparence sur les marges des uns et des autres et des règles qui empêchent les marges excessives sur les produits sains comme les fruits et légumes, les légumineuses, etc.  

Des marges rendues publiques : la meilleure façon de décourager les abus

Comment est-ce possible que cette situation profondément injuste dure et perdure ? La réponse en un mot : l’opacité. Nous le savons bien chez foodwatch : pour l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, le manque de transparence nourrit l’impunité. Pas vu, pas pris ! 

Autrement dit, tant que les fabricants et les distributeurs sont libres de ne pas communiquer les marges qu’ils réalisent par produit, c’est la porte ouverte à tous les abus. Ils sont libres de dire tout et n’importe quoi et d’agir comme bon leur semble, en dégageant des marges toujours plus injustes sur le dos des consommateurs et consommatrices. C’est d’autant plus inacceptable sur les produits sains essentiels. 

Rendre obligatoire la publication de ces informations, c’est permettre à des associations de défense des consommateurs et consommatrices comme foodwatch d’interpeller les industriels, les distributeurs et les pouvoirs publics sur la base de chiffres vérifiés et consolidés. C’est aussi les obliger à rendre des comptes et leur enlever la possibilité de se renvoyer la balle et d’affirmer à coups de grands discours qu’ils ne sont pour rien dans l’inflation. Si vous dites que vous n’y êtes pour rien, quel risque courez-vous à partager la réalité de vos marges ? 

Inflation, coûts cachés, précarité, santé : un système alimentaire à la dérive

En 2 ans, l’inflation a fait grimper les prix des courses au rayon alimentation de plus de 20%. foodwatch décrypte pour vous les rouages d’un système qui marche sur la tête et les actions à mener pour enfin défendre le droit de toutes et tous à une alimentation saine, durable, choisie et abordable. 

LIRE LE DOSSIER

Limiter les marges excessives, un moyen de rendre les produits sains et durables plus accessibles

Bien que la transparence sur les marges aurait certainement un effet dissuasif sur les abus constatés depuis plusieurs mois, elle n’est pas une fin en soi, notamment pour résoudre le problème de la précarité alimentaire. Il faut donc aller au-delà, en réglementant les marges sur les produits recommandés pour la santé afin que les excès actuels ne soient plus possibles. 

C’est l’objet de la seconde demande formulée par foodwatch, Familles rurales, UFC-Que Choisir et CLCV, à laquelle nous vous proposons de vous associer en signant notre pétition « En finir avec les profits excessifs de l’industrie agro-alimentaire et des distributeurs ! »

Il est temps que le Gouvernement agisse pour la fin de ces pratiques abusives !

Face à l’explosion de la précarité alimentaire, mobilisez-vous avec nous : signez notre pétition ! Plus de transparence dans la construction des prix de l’alimentation et des règles pour empêcher les marges abusives sur les produits les plus sains et durables : deux demandes concrètes pour agir contre l’inflation et l’impunité des fabricants et des supermarchés.

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