Victoire : « stop aux arnaques », le gouvernement annonce la fin de la shrinkflation !
Le 31 août, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé que les fabricants auront désormais l’obligation légale d’informer les consommateurs et consommatrices lorsque la quantité de contenu d’un produit a baissé mais pas son prix, signant la disparition prochaine de la shrinkflation des rayons ! Près d’un an après l’enquête de foodwatch, c’est une victoire pour les dizaines de milliers de personnes mobilisées à nos côtés pour exiger la fin de ces pratiques. Bien sûr, en cette période d’inflation des prix de notre alimentation, la shrinkflation n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le combat face à l’omerta sur l’inflation alimentaire et contre la précarité alimentaire grandissante continue.
Bonne nouvelle sur le front des arnaques au prix, des actions concrètes doivent suivre
Pratiquer la shrinkflation en catimini – réduire la taille des aliments et augmenter leur prix au kilo ou au litre -, c’est bientôt fini. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a été très clair sur ses intentions de mettre fin à la shrinkflation : « Nous lutterons contre ces pratiques trompeuses, contre ces pratiques abusives. ». Au menu pour les industriels ? Une obligation légale de faire figurer le changement de contenu lorsque la taille du produit a réduit et que son prix n’a pas en parallèle diminué. Dans le journal Le Parisien, la Première ministre Elisabeth Borne a aussi mis les points sur les “i” : “C’est choquant. Et nous allons l’interdire. Dès novembre, tous les produits concernés par des changements de quantité devront le signaler sur les étiquettes pour ne plus tromper le consommateur.”
Pour foodwatch, qui veille au grain, ces annonces doivent désormais se concrétiser dans les rayons, et très rapidement. Transformer les paroles en actes est toujours une étape cruciale et maintenir la pression sur Bruno Le Maire est pour cela essentiel.
C’est une victoire importante face à l’impunité, un véritable camouflet pour les industriels et les distributeurs qui pensaient pouvoir continuer induire en erreur les consommateurs et consommatrices en toute impunité. Cela dit, il serait intolérable que le gouvernement se serve de cette mesure comme réponse unique à l’inflation.
Les distributeurs sur le pont contre la shrinkflation : des coups de communication selon foodwatch
On vous le donne en mille : les fabricants et les distributeurs ont essayé de se tailler la belle part du gâteau dans ces débats ! Alors que foodwatch avait donné l’alerte et interpellé plusieurs marques de l’agro-alimentaire et les distributeurs, responsables du prix fixé en rayon, aucun ne s’est engagé durant l’année écoulée. Loin de nier la pratique, de déclaration outrée en interview, ces groupes – E. Leclerc, Système U ou encore Carrefour - n’avaient pas bougé le petit doigt pour s’assurer que l’inflation masquée disparaisse de leurs supermarchés.
Et lorsque le gouvernement annonce resserrer la vis, les voilà vent debout contre cette pratique. Lidl, Système U, Carrefour… Ces derniers jours, plusieurs distributeurs ont fustigé l’inflation masquée, voire ont braqué les projecteurs sur des marques épinglées. La guéguerre des industriels, ça nous fait bien rigoler chez foodwatch : où étaient-ils ces distributeurs quand des dizaines de milliers de consommateurs et consommatrices tapaient du poing sur la table pour se faire entendre avec foodwatch ?
Pour foodwatch, la palme d’or de l’hypocrise revient à Carrefour, qui depuis mi-septembre 2023 affiche des mises en garde contre certains produits concernés par l’inflation masquée dans ses magasins. Carrefour, qui a lui-même été épinglé par foodwatch pour… shrinkflation !
Le constat est clair : seule une règlementation pourra contraindre les industriels, tous les industriels, à agir. Et notre demande est précise : l’affichage de la shrinkflation, c’est en face avant des produits, pour une durée minimum de trois mois, et en rayon et sur les sites de vente en ligne.
Inflation masquée : retour sur une enquête choc
En septembre 2022, foodwatch révélait cette pratique insidieuse et malhonnête : la shrinkflation, ou inflation masquée, qui consiste pour les fabricants et distributeurs à réduire la taille de leurs produits tout en augmentant, sans information claire aux consommateurs et consommatrices, leur prix au kilo ou au litre.
Chiffres et archives de catalogue promotionnel à l’appui, notre petite équipe démontrait qu’une réduction de taille de 10 à 20% d’un produit permettait, l’air de rien, de réaliser de jolis profits à l’insu des consommateurs et des consommatrices ; les prix grimpant jusqu’à +37% au litre ou au kilo. foodwatch avait épinglé plusieurs marques qui n’avaient pas daigné être plus transparentes : Kiri, St Hubert, Saint Louis, Salvetat, Lindt, Teisseire, Uncle Ben’s, Carrefour, et interpellé les distributeurs, qui loin de nier ces pratiques abusives, s’étaient bien gardés de s’engager à y mettre un terme.
L’enquête de foodwatch faisait l’effet d’une bombe en pleine période inflationniste et alors que chacun et chacune, en particulier les ménages les plus modestes, tentait de faire des économies. Et à raison : quoi de plus scandaleux qu’une pratique destinée à répercuter, pour les industriels, le coût de l’inflation, en la masquant aux yeux des consommateurs et consommatrices. Pour foodwatch, le profit avant la transparence, c’était non !
Dès le jour de ces révélations, la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, réagissait et demandait l’ouverture d’une enquête auprès de la répression des fraudes. Réaction saluée, foodwatch ne s’en est pas contentée. De produits épinglés, en marques pointées du doigt, notre petite équipe, soutenue par la mobilisation de dizaines de milliers de personnes , n’a pas relâché la pression mise sur le gouvernement pour obtenir la fin de cette pratique malhonnête.
En juin, Olivia Grégoire passait finalement la seconde et annonçait pour la rentrée une saisine du Conseil national de la consommation , organisme consultatif du ministère de l’Economie chargé d’émettre un avis sur le moyen le plus efficace de réglementer la shrinkflation. Le début de la fin pour cette arnaque sur l’étiquette alors que le gouvernement a annoncé que cette saisine serait effectuée en parallèle de mesures immédiates, en vigueur début novembre.
La fin de l’opacité sur ces pratiques d’inflation masquée est sans nul doute une victoire et la preuve que notre mobilisation citoyenne peut faire bouger les lignes dans les rayons alimentation. Mais pour foodwatch, le combat continue face à l’omerta sur l’inflation alimentaire - et qui en profite - et face à la précarité alimentaire grandissante. Les autorités doivent mettre en place des règles du jeu beaucoup plus claires sur la construction des prix sur toute la chaîne : qui prend quelles marges sur les prix alimentaires ? Quid des surmarges sur les produits les plus sains, comme les fruits et légumes ? Il est urgent d’exiger plus de transparence et de contrôles des prix dans ce secteur agroalimentaire qui semble trop souvent se croire tout permis, mais aussi une vraie politique pour l’accès pour toutes et tous à une alimentation saine, choisie et durable.
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