Dioxyde de titane (E171) : 22 organisations interpellent Bercy à le suspendre comme promis avant 2019
Dans une tribune publiée dans Le Monde, 22 organisations de la société civile*, dont foodwatch, interpellent Bercy pour concrétiser la suspension du dioxyde de titane (E171). Cet engagement avait été pris dans la nouvelle loi sur l’agriculture et l’alimentation du 30 octobre 2018. Mais depuis, Bercy bloque et refuse de prendre les mesures nécessaires à la suspension du E171. Inacceptable !
Le dioxyde de de titane (ou E171) est un additif alimentaire utilisé pour colorer ou faire briller les aliments – particulièrement ceux consommés par les enfants. Composé en partie de nanoparticules, 10 000 fois plus petites qu’un grain de sel, il n’a aucune vertu nutritionnelle, juste une visée esthétique. Si l’agroalimentaire l’a beaucoup utilisé dans de nombreux produits (bonbons, chewing-gums, chocolats, pâtisseries, sauces, etc.), elle a commencé à le supprimer ou le remplacer. Certaines bûches de Noël en contiennent encore, mais déjà beaucoup moins que l’année dernière. Il s’agit désormais de s’assurer que le E171, sorti par la porte, ne revienne pas par la fenêtre (ou la cheminée).
Un engagement pris mais Bercy rétropédale
C’est la première fois qu’autant d’organisations de domaines différents (consommation, alimentation, environnement, famille, santé) s’expriment publiquement et unanimement sur le sujet. Susceptible d’être source de toxicité, de problèmes immunitaires voire de cancer colorectal, le dioxyde de titane alimentaire doit être suspendu par un arrêté ministériel de Bercy. Au printemps, le gouvernement s’était engagé à ce qu’avant fin 2018 les denrées alimentaires vendues en France ne contiennent plus de E171. Les parlementaires ont conforté cette décision dans la loi alimentation.
Mais le Ministère de l'Economie bloque le processus.
Lors d’une réunion à l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) fin novembre, les représentants de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont expliqué que Bercy n’a pas l’intention de rédiger l'arrêté pour l’instant ; il n’y aurait selon eux “pas de danger grave ou immédiat". Alors que les alertes scientifiques sur le dioxyde de titane s’accumulent et que les fabricants freinent l’évaluation des risques liés à cette substance, ce rétropédalage de Bercy est inacceptable. Les organisations signataires en appellent à la cohérence et au courage politiques afin que le gouvernement suspende le E171 au plus vite, le temps de lever les incertitudes sur son innocuité. Il s’agit ni plus ni moins de la protection de la santé publique et Bercy ne devrait pas entraver une décision importante comme celle-ci.
Liste des 22 organisations signataires
Agir pour l'Environnement, Bio Consom'acteurs, Comité pour le développement durable en santé (C2DS), Consommation Logement Cadre de vie (CLCV), Foodwatch, France Nature Environnement (FNE), Générations Cobayes, Générations futures, Greenpeace, Health and Environment Alliance (HEAL), Institut national de la Consommation (INC) – 60 Millions de consommateurs, Léo Lagrange Défense des Consommateurs, Ligue contre le cancer, Mouvement de l'Agriculture Bio-Dynamique (MABD), Miramap, Réseau Environnement Santé (RES), Sciences citoyennes, Terre et Humanisme, UFC-Que Choisir, Union Nationale des Associations Familiales (UNAF), WECF France, Yuka