L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) vient de publier son évaluation très attendue du glyphosate, ce pesticide controversé plus connu en France sous l’étiquette Roundup. Consternation : l’EFSA minimise les risques, concluant qu’il est « improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l'homme » ! Par « improbable » faut-il comprendre « peut-être bien que oui », « peut-être bien que non » ?
Sur la base de ce rapport, c’est désormais à la Commission européenne de trancher. La Commission européenne a remis sa décision (initialement prévue pour la fin 2015) à juin 2016. Le glyphosate pourra-t-il encore être utilisé pendant les 10 années à venir ?
Pour rappel, en mars dernier, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui dépend de l’organisation mondiale de la santé (OMS) concluait que le glyphosate était « probablement cancérogène chez l’humain ». 10 000 tonnes de ce pesticide sont déversées chaque année sur les cultures françaises - pour l’essentiel sous la forme du Roundup de Monsanto - et nous exposent ainsi à un potentiel risque cancérogène.
Un pas en avant… deux pas en arrière ?
Les 115.000 consommateurs qui ont signé la pétition foodwatch en Allemagne, aux Pays-Bas et en France en collaboration avec la Ligue contre le cancer demandaient instamment à l’autorité européenne de prendre en considération l’étude du CIRC. Cette mobilisation a porté ses fruits : dans un courrier adressé à foodwatch, le président de l’EFSA Bernhard Url, s’est engagé à tenir compte du risque cancérogène mis en lumière par l’OMS.
Pour l’EFSA, le risque cancérogène est « improbable »
Une petite victoire avant la douche froide : dans son évaluation, l’EFSA ne parvient certes pas à réfuter l’avis de l’OMS… mais elle tire des conclusions opposées en qualifiant le risque cancérogène d’ « improbable ». L’EFSA semble faire la part belle aux revendications des industriels. On peut donc craindre que l’autorisation du glyphosate soit prolongée, alors même que les conclusions alarmantes de l’OMS sur sa dangerosité restent d’actualité.
L’heure est à la décision politique
Les avis des scientifiques divergent, il appartient désormais aux politiques de trancher. D’ici fin juin 2016, la Commission européenne devra prendre une décision qui engagera l’Europe pour dix ans. foodwatch et la Ligue contre le cancer pressent la Commission d’appliquer strictement le principe de précaution en vigueur dans l’UE. En clair, tant que des doutes subsistent sur l’innocuité d’une substance, la priorité doit aller à la protection de la santé. Or dans le cas du glyphosate, « probablement cancérogène » selon l’OMS, les soupçons pèsent lourd et rendent inacceptable l’utilisation de ce pesticide. Nous ne voulons pas d’un renouvellement pour dix ans supplémentaires ; l’autorisation de commercialisation du glyphosate doit être purement et simplement retirée.
foodwatch a décidé de ne pas s’arrêter là
foodwatch s’est alliée à une quarantaine d’organisations européennes de la société civile - telles que Les amis de la Terre, Générations Futures, Greenpeace, Réseau Environnement Santé, la Ligue contre le cancer, etc. - pour faire pression sur la Commission et faire primer l’intérêt des consommateurs sur celui des fabricants de pesticides.