Le débat sur l’interdiction du glyphosate, pesticide « probablement cancérogène » atteint des sommets d’absurdité. Alors que l’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) refuse toujours de dévoiler une partie des études sur lesquelles se fonde sa proposition de prolonger pour 15 ans cette autorisation, le Commissaire européen se voit obligé de quémander ces informations auprès du lobby agrochimique… Et leur réponse vaut le détour, c’est le cas de le dire !
En mai prochain, l’Union européenne devrait décider du sort du glyphosate, pesticide reconnu « cancérogène probable » par le Centre de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Chaque pays membre se prononcera sur la proposition de la Commission, à savoir prolonger ou non de 15 ans son autorisation. Pour parvenir à cette position, la Commission européenne s’est basée sur l’avis de l’autorité européenne de sécurité sanitaire, l’EFSA.
Or l’EFSA refuse de dévoiler l’ensemble des études prises en compte dans l’élaboration de son avis. Une aberration, dénoncée par le CIRC lui-même, mais que l’agence justifie par le souci de protéger le « secret industriel ». Il s’agit notamment de trois études financées par l’industrie du glyphosate dont l’importance est cruciale puisque José Tarazona, chef du département pesticides à l’EFSA, les a qualifiées d’ « essentielles ».
La Commission européenne se retrouve donc contrainte à demander au principal lobby agrochimique européen, la « glyphosate task force » de bien vouloir publier ces études. Le Commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis – ciblé par la pétition de foodwatch, la Ligue contre le cancer et Générations Futures – a pris sa plus belle plume pour demander à Monsanto, Dow Chemicals, Syngenta et consorts de bien vouloir rendre publics ces documents.
Leur réponse ne manque pas de sel : le Commissaire est invité à se rendre à Parme (Italie) ou à Brunswick (Allemagne) pour les consulter dans une salle de lecture, sous supervision. La transparence à la sauce Monsanto, en somme. foodwatch, ainsi que des dizaines d’ONG européennes continuent d’exiger la publication de l’ensemble des études examinées par l’EFSA.