Camille, notre responsable de campagnes et Karine, directrice de foodwatch France ont été entendus à l’Assemblée nationale par la mission d’information parlementaire sur les sels nitrités, ces additifs potentiellement cancérogènes que nous voulons faire bannir de nos assiettes. Nous avons ainsi porté la voix de plus de 200 000 personnes qui ont signé la pétition pour une alimentation sans nitrites et nitrates ajoutés
Cette pétition, nous l’avions lancée conjointement avec Yuka et la Ligue contre le cancer en novembre 2019. Presque un an plus tard, le sujet donne matière à débat dans les différentes instances politiques. Un projet de taxe sur les additifs E249, E 250, E251 et E 252 a d’abord été évoqué. La proposition a finalement été rejetée, mais une Commission parlementaire a été nommée en février 2020 pour étudier de plus près les mesures à prendre face aux risques pour la santé des nitrites et nitrates ajoutés dans l’alimentation, qui font consensus dans la communauté scientifique.
C’est dans ce cadre que nous avons pu nous faire entendre – et porter la voix des signataires - auprès des rapporteur·e·s de cette mission parlementaire, Michèle Crouzet, Barbara Bessot-Ballot et Richard Ramos.
Voir l’audition complète (durée : 1h54)
Rappeler les enjeux pour notre santé
S’il y avait un enjeu à mettre d’emblée en avant dans cet échange avec la Commission parlementaire, c’est bien celui de la santé.
Nous avons donc rappelé l’existence de nombreuses études sur les additifs nitrés (E249 à E252), dont celle réalisée par le Centre international de la recherche pour le cancer (CIRC, entité de l’OMS) en 2015. Les experts ont conclu que chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement accroît le risque de cancer colorectal de 18%. 50 grammes, c’est l’équivalent d’un peu plus d’une tranche de jambon, d’un quart de saucisson ou encore un knacki et demi !
Outre le cancer colorectal, deuxième cancer le plus mortel après celui des poumons, les nitrites ajoutées favoriseraient également l’apparition du cancer de l’estomac.
En 2018 enfin, le CIRC a avancé le chiffre effrayant de 4 400 nouveaux cas de cancer par an (estomac et colon) liés à la consommation de viande transformée – et donc à l’usage des additifs nitrés -, qui pourraient être évités en France.
Les risques pour la santé que représentent les additifs à base de nitrites et de nitrates dans notre alimentation ne peuvent donc être remis en question.
En revanche, le principal argument des industriels de l’agro-alimentaire pour continuer d’utiliser ces additifs demeure : « on ne sait pas faire sans ». Vraiment ?
Là aussi, nous n’avons pas hésité à mettre les deux pieds dans le plat pour rétablir la vérité auprès des parlementaires.
Insister sur l’existence d’alternatives
Les nitrites, c’est ce qui rend bien rose votre tranche de jambon blanc, donnent un goût particulier à certaines charcuteries, ou bien permettent une conservation plus longue.
Mais, face à la pression scientifique et citoyenne, plusieurs marques ont déjà décidé de s’en passer. Mieux : le « sans nitrite » est devenu un véritable marché porté notamment par Fleury Michon, Herta (Nestlé) ou Madrange, mais aussi plusieurs marques des distributeurs.
Si l’absence de cet additif controversé pour la santé fait vendre, elle masque pourtant une absence de cohérence à l’échelle des rayons : tous ces fabricants ont encore recours à des additifs nitrés dans au moins un de leurs produits. Ils créent alors une consommation à deux vitesses : les produits « sans nitrites » vendus plus chers sont accessibles aux plus aisés, pendant que les plus modestes doivent continuer à acheter des produits contenant toujours ces additifs dangereux pour la santé.
Dans les bases de données de Yuka, ce sont au total plus de 12 000 références qui contiennent aujourd’hui des additifs à base de nitrites ou nitrates dans leur composition : charcuteries, produits transformés, plats préparés…
Epinglée en 2017 par foodwatch pour la présence de nitrite de sodium (E250) dans sa poêlée rustique « La Parisienne », Bonduelle a mis près d’un an et demi à modifier sa recette pour faire disparaître cet additif.
Allons-nous demander, produit par produit, à ce que les autres marques en fassent autant ?
Bien sûr que non. Nous exigeons une loi qui oblige, dans des délais raisonnables, TOUS les industriels concernés de se passer des nitrites ajoutés dans les produits alimentaires. Pour que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde.
C’est possible, et c’est un enjeu de santé publique !
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