Alors qu’un enfant sur six est en surpoids ou obèse en France, certains industriels manipulent les plus jeunes à coup de marketing et de publicité ciblés pour leur vendre toujours davantage de leurs produits, même quand ils sont trop gras, trop sucrés ou trop salés. Ces prochaines semaines, les parlementaires ont l’occasion d’interdire ces pratiques grâce à une loi dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel. Encore faut-il qu’ils aient le courage politique d’aller jusqu’au bout, et de tenir tête aux mirages des engagements sur base volontaire.
Les enfants, cible privilégiée du marketing de la malbouffe
Tout est méticuleusement calculé : la couleur, le petit personnage qui attire l’œil, le jeu sur le paquet, le « cadeau » à collectionner à l’intérieur… tout cela placé volontairement, pile-poil à hauteur des yeux (et des mains) des enfants dans les rayons. Une mise en scène classique de laquelle on pourrait penser pouvoir facilement tenir éloignés nos enfants, mais c’est sans compter sur le matraquage publicitaire. Produits habilement masqués dans des jeux vidéo, promotion par des sportifs ou des héros de séries, publicités ciblées sur les réseaux sociaux ou lorsque que les enfants regardent leurs influenceurs préférés sur YouTube ou Twitch. Certains industriels ont bien compris les grandes marges de manœuvre qui existent sur ces nouveaux médias et n’hésitent pas à les utiliser pour contourner l’attention des parents et manipuler les enfants.
A la fin de la semaine, bombardés de toute part, les enfants réclament les marques qui leur ont lavé le cerveau en se rendant « tendance » à leurs yeux. Et même si les parents résistent, l’industrie de la malbouffe sait qu’elle a gagné : au premier argent de poche ou plus tard, ils seront de futurs consommateurs !
Il faut mettre fin à ces pratiques agressives qui n’ont qu’un but : vendre toujours plus, même quand on parle de produits et de boissons qui ont trop de sucre, de gras ou de sel !
Les experts dont l’organisation mondiale pour la santé (OMS) sont formels : il faut une loi pour réduire l’exposition des enfants à ce matraquage de publicités et de marketing.
Une nouvelle loi dans laquelle, en l’état, le gouvernement laisse carte blanche aux industriels
Les débats sur la réforme de l’audiovisuel démarrent à l’Assemblée nationale le 26 février et vont durer plusieurs semaines. Dans sa version actuelle, le projet de loi ne permet aucunement de protéger les enfants - et leur santé - du matraquage publicitaire. Le gouvernement s’est contenté d’y inscrire que les industriels pourraient adopter des « codes de bonne conduite » … sur base volontaire !
C’est inacceptable. Le gouvernement joue en fait un double jeu : il reconnaît le problème puisqu’il inscrit un article dans le projet de loi, mais décide de laisser carte blanche aux industriels.Responsable de campagnes foodwatch France
Pourtant, plusieurs études ont montré que les engagements volontaires n’étaient pas du tout efficaces pour assurer une prévention de la publicité et du marketing ciblant les enfants pour des aliments déséquilibrés. C’est aussi la conclusion du rapport de la Cour des comptes sur la prévention et la prise en charge de l’obésité de novembre 2019 : « La France devrait se doter d’une régulation normative de la publicité pour enfant ».
Les parlementaires ont déjà raté le coche avec la loi EGALIM en 2018. Ils doivent se ressaisir et enfin s’engager à protéger la santé des enfants et adolescents. C’est aussi l’occasion de réduire les dépenses publiques puisque les coûts liés à l’obésité et au surpoids sont comparables à ceux de l’alcool et du tabac, c’est-à-dire environ 20 milliards d’euros par an…
Avec foodwatch continuez à vous mobiliser afin d’interdire la pub qui cible les enfants pour les produits de la malbouffe !
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