L’industrie alimentaire fait du lobbying sans scrupule pour bloquer des mesures de santé publique, même face à la crise de surpoids et d’obésité chez les enfants. C’est ce que révèle une lettre que foodwatch s’est procurée, envoyée par l’ANIA – Association nationale des industries alimentaires - le 28 octobre à quatre ministres. Cette lettre est honteuse. Elle vise à faire barrage à l’une des propositions de la Convention citoyenne pour le climat qui fait peur aux géants de la malbouffe : interdire la publicité pour les produits trop sucrés, trop gras, trop salés.
La très grande mauvaise foi du lobby de l’industrie alimentaire
Nestlé, Unilever, Mondelez, Bel, Ferrero, Coca-Cola, Danone et les autres entreprises qui se cachent derrière l’ANIA osent dans cette lettre demander au Gouvernement de ne pas mettre de règles pour encadrer davantage publicité et marketing de la malbouffe, mais plutôt de se contenter de faire confiance à l’« engagement sans faille » des entreprises. Ils vont même jusqu’à prétendre être « convaincus que la co-régulation des acteurs est plus efficace que des mesures d’interdiction inscrites dans la loi ».
Les failles et les débordements sont pourtant bien connus. La co-régulation, qui consiste à laisser faire les entreprises sur fond de simples engagements volontaires, brille par son inefficacité depuis des années participe activement à la situation actuelle : 1 enfant sur 6 est en surpoids ou obèse en France.
La publicité pour la malbouffe est un fléau de santé publique. L’épidémie d’obésité que dénonce l’OMS depuis des années s’aggrave, et s’avère en plus un facteur aggravant dans la crise du Covid-19 que nous traversons.
Tous les experts sont unanimes : il faut une loi
Commission d’enquête parlementaire sur l’alimentation industrielle de 2018, rapport de la Cour des comptes sur la prévention et la prise en charge de l’obésité de 2019, étude de Santé publique France de 2020 « Exposition des enfants et des adolescents à la publicité pour des produits gras, sucrés, salés », Organisation mondiale de la Santé, Institut national de la santé et de la recherche médicale, UNICEF... tous les experts s’accordent sur le sujet : compter sur le seul bon vouloir des entreprises par des chartes et autres engagements « volontaires » est complètement inefficace. Il faut une loi pour protéger enfin les enfants et leur santé de la surexposition au marketing de la malbouffe, à la télé et sur internet.
Ne pas opposer santé et économie
Même sur le plan économique, le laisser-faire de ces dernières années est désastreux : en France, le coût sociétal du surpoids et de l’obésité est estimé à plus de 20 milliards d’euros par an. Ainsi, une loi qui encadre la publicité et le marketing pour la malbouffe permettra non seulement de protéger la santé des plus jeunes, mais aussi de faire des économies de santé publique.
Quant aux pertes redoutées par l’audiovisuel, elles ne doivent pas servir de prétexte à l’immobilisme. Un système d’accompagnement et de compensations financières pourrait bien sûr être mis en place. Il n’y a donc vraiment aucune raison fondée pour que le Gouvernement écoute le lobby de l’industrie alimentaire et refuse d’acter l’interdiction de la publicité et du marketing qui ciblent les enfants pour les produits trop sucrés, trop gras, trop salés.
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