C’est une décision que nous tenions à l’œil : le Gouvernement a bien renouvelé pour 2021 la suspension de la mise sur le marché en France de produits alimentaires contenant du dioxyde titane (E171). Mais la bataille est loin d’être terminée pour obtenir enfin l’interdiction de cet additif dans toute l’Union Européenne.
Le dioxyde de titane (E171), c'est quoi ?
Composé en partie de nanoparticules, 10 000 fois plus petites qu’un grain de sel, cet additif n’a aucune vertu nutritionnelle mais il comporte des risques pour la santé selon l’agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). Le dioxyde de titane E171 est utilisé pour colorer ou faire briller les aliments – particulièrement ceux consommés par les enfants (bonbons, chewing-gums, chocolats, etc).
La 1ère bonne nouvelle
Il avait fallu une bataille de haute lutte pour obtenir la suspension en France de cet additif dans les produits alimentaires à partir de 2020. L’arrêté, enfin signé par Bruno Lemaire en avril 2019, ne prévoyait cette mesure que pour un an. Nous suivions donc de près le Ministère de l’économie pour s’assurer que cette décision serait renouvelée en 2021. C’est chose faite et c’est une bonne nouvelle.
Mais la bataille se joue aussi au niveau européen, pour obtenir une interdiction du dioxyde de titane dans tous les produits alimentaires commercialisés dans l’ensemble des pays de l’Union européenne.
La 2ème bonne nouvelle
Comme pour les nitrites ajoutés, les fabricants industriels savent déjà s’en passer et recourir à des alternatives. Il n’y a donc aucune raison d’attendre.
foodwatch a d’ailleurs participé à des réunions à Bruxelles avec la direction européenne de la santé. Nous avons également co-signé des lettres communes avec d’autres associations, adressées à la Commissaire européenne en charge afin d’exiger, sur la base du principe de précaution, la prise de cette mesure simple. Ou plutôt, qui parait simple…
La mauvaise nouvelle
Espérer une interdiction rapide à travers toute l’Europe, c’était sans compter avec les lobbies de la chimie qui défendent cet additif et se démènent pour bloquer une telle décision. Il faut dire que les intérêts économiques en jeu sont colossaux, car le dioxyde de titane est aussi très utilisé dans des produits comme les médicaments et le dentifrice. Ces géants de la chimie craignent donc qu’une interdiction dans l’alimentation soit ensuite étendue aux autres secteurs d’utilisation du E171.
Une des tactiques utilisées – décidément classique – est de semer le doute sur les études scientifiques et la dangerosité du dioxyde de titane. Le principe de précaution dicte aux autorités publiques de prendre des mesures conservatoires, comme ici la suspension de l’utilisation de cet additif, dès lors qu’il y un nombre suffisant et crédible d’études scientifiques qui pointent du doigt des risques pour la santé. Mais la Commission européenne se retranche derrière le soi-disant doute scientifique pour ne pas prendre de décision.
L’interdiction du E171 est donc désormais suspendue à de nouvelles publications scientifiques attendues courant 2021, dont un avis de l'EFSA, l’agence européenne d’évaluation des risques sanitaires dans l’alimentation.
Le combat continue !
foodwatch, avec Agir pour l’Environnement et d’autres ONG très engagées va continuer à mettre la pression sur la Commission et les Etats membres pour obtenir cette interdiction partout en Europe.
D’ailleurs, le débat politique avance : le 8 octobre 2020, une résolution au Parlement européen demandant l’interdiction de l’E171 a été adoptée à une large majorité.
Il est temps de supprimer de nos assiettes les substances potentiellement dangereuses, à commencer par les additifs alimentaires controversés pour la santé.
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