Dans une action d’interpellation, foodwatch appelait en début d’année les principaux distributeurs français à mettre fin au marketing et à la publicité ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de leurs marques distributeurs, première étape vers une interdiction stricte et généralisée de ces pratiques. En février, foodwatch dévoilait le Baromètre des engagements des distributeurs. Depuis, nous avons obtenu grâce à votre mobilisation de belles avancées et des engagements sérieux de la part de plusieurs distributeurs à mettre fin à ces pratiques. Décryptage.
Baromètre des engagements : les distributeurs peuvent mieux faire !
Pour inciter les distributeurs à s’engager, foodwatch a donné le « top départ » d’une course à l’engagement : plus de 19 000 signatures citoyennes et de nombreux échanges avec les distributeurs plus tard, l’équipe foodwatch a passé à la loupe les engagements pris – et ceux qui restent à prendre – par les principaux distributeurs français pour protéger les enfants d’un marketing agressif pour leurs produits trop gras, trop sucrés, trop salés.
Baromètre des engagements des distributeurs, dernière mise à jour le 09/10 à 17h
Ils prennent des engagements volontaires sérieux
Ces distributeurs ont pris des engagements sérieux, une première étape nécessaire pour réduire l’impact du marketing de la malbouffe sur les enfants:
Biocoop
Depuis 2017, le réseau de magasins bio spécialisés s’est engagé à ne produire « aucune publicité visant à instrumentaliser les enfants ». Un engagement à saluer : d’autres devraient suivre l’exemple !
Intermarché
Le groupement Les Mousquetaires, qui possède Intermarché, s’est engagé à mettre fin à la publicité ciblant les moins de 16 ans et à modifier la recette et le packaging de ses produits distributeurs trop gras, trop sucrés, trop salés afin que le marketing de la malbouffe ne cible plus les enfants : une victoire et un pas en avant important !
MONOPRIX
Depuis notre première interpellation, à l’occasion de laquelle Monoprix s’était engagé à cesser la publicité ciblant les enfants, les équipes du groupe ont continué de plancher et de dialoguer avec foodwatch. Bonne nouvelle : d’ici à 2024, les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de la marque du distributeur verront disparaître tout dessin, mascotte ou visuel enfantin ciblant les plus jeunes.
Système U
Six mois après notre première interpellation, Système U a enfin réagi, et bonne nouvelle : le distributeur prend des engagements sérieux pour limiter l’exposition des enfants au marketing et à la publicité les ciblant. Le groupe s’engage à mettre fin à la publicité sur ses produits distributeur et à modifier ses emballages de sorte que, d’ici à 2025, on ne trouve plus dans ses rayons de produits de sa marque ciblant les enfants et déséquilibrés pour leur santé, selon les recommandations de l’OMS.
LIDL
En mars 2023, Lidl a mis fin à la publicité ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de ses marques distributeurs. Avant 2025, il cessera le marketing ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de ses marques distributeurs. Seuls les produits équilibrés pourront faire l’objet d’une publicité ou d’un marketing ciblant les enfants. Si c’est un premier pas très important, Lidl a tout de même annoncé des exceptions pour Pâques, Halloween et Noël, ce sur quoi foodwatch restera vigilant.
ALDI
En février, nous apprenions qu’Aldi ne faisait pas de publicité pour les enfants. Depuis, après plusieurs mois de dialogue avec notre association, le géant du discount a même fait un pas décisif de plus : d’ici à 2026, le distributeur va supprimer les visuels attrayants pour les enfants sur les emballages de ses produits considérés comme mauvais par l’OMS. Comme Lidl, Aldi a tout de même annoncé des exceptions pour les périodes des fêtes.
Auchan
Bonne nouvelle : d’ici à janvier 2024, Auchan mettre fin à la publicité et au marketing ciblant les enfants, sur les produits trop gras, trop sucrés, trop salés, tel que recommandé par l’OMS. Malheureusement, le groupe n’appliquera pas ces engagements sur les périodes de fêtes.
Carrefour
En 2018, Carrefour a cessé la production de sa marque dédiée aux enfants « Carrefour Kids » : c’est une très bonne décision, en accord avec les recommandations préconisées par les experte·s de santé. Après avoir échangé avec notre équipe, le groupe a pris l’engagement de revoir l’emballage des produits trop gras, sucrés, salés de sa gamme distributeur d’ici à 2026 pour y supprimer les dessins enfantins et de cesser toute publicité à destination des enfants : c’est une décision à saluer ! foodwatch regrette néanmoins que le groupe choisisse de faire des exceptions pour les glaces et les confiseries, allant ainsi à l’encontre des préconisations de l’OMS.
CORA
Malgré le temps mis à répondre à l’interpellation de foodwatch – avant-dernier des distributeurs à réagir – Cora a pris des engagements sérieux pour limiter l’exposition des enfants au marketing et à la pub des produits trop gras, trop sucrés, trop salés de ses marques. Fait assez rare pour être souligné : le distributeur ne faisait pas de publicité ciblant les plus jeunes. Là où ça bouge pour la santé des enfants, c’est que Cora s’engage auprès de foodwatch à revoir la recette des produits de sa marque ciblant les enfants pour suivre les recommandations nutritionnelles de l’OMS. A surveiller : le distributeur annonce une échéance (lointaine) 2027 mais indique « ne pouvoir s’engager à ce stade sur cette date ». Un peu mou du genou, mais on compte bien les garder à l’œil !
Ils prennent des engagements volontaires insuffisants
D’autres distributeurs ont pris des engagements volontaires insuffisants, qui ne protègent pas vraiment la santé des enfants. Nombre d’entre eux ont souligné les efforts faits pour améliorer leur responsabilité sociétale, alors qu’ils vendent encore des produits trop gras, trop sucrés, trop salés avec des techniques marketing ciblant les enfants. Ces actions ne répondent donc pas directement à l’urgence d’interdire le marketing et la publicité ciblant les plus jeunes. Aucune ne reprend l’intégralité des recommandations nutritionnelles de l’Organisation mondiale de la Santé.
Ces distributeurs doivent aller plus loin !
e.Leclerc
Dans son courrier adressé à foodwatch, E.Leclerc a mis en avant l’amélioration des recettes des produits de sa gamme distributeur, son engagement en faveur du Nutri-Score et l’arrêt de la distribution des prospectus… une réponse un peu à côté de la plaque ! Malgré nos demandes de rendez-vous, c’est malheureusement radio silence chez E.Leclerc !
Casino
Le groupe Casino ne fait pas de publicité à destination des enfants, mais commercialise une gamme de produits ciblant spécifiquement les enfants : Doodingues, dans laquelle, selon les critères de l’OMS, on trouve des produits trop gras, trop sucrés, trop salés qui ne devraient pas fait l’objet d’un marketing enfantin utilisant des petites mascottes au-devant de leurs emballages. A supprimer !
Ils ne répondent pas et ignorent les citoyen·nes mobilisé·es et la santé des enfants
Restés sur la ligne de départ, ces distributeurs ne se sentent visiblement pas concernés par la santé des enfants : s’en inquiètent-ils réellement ?
Leader Price n’a donné aucune réponse à notre courrier, à nos emails et à nos propositions de rendez-vous. Surtout, ils n’ont pas jugé nécessaire de répondre à l’interpellation de plus de 19 000 citoyen·nes. C’est grave car on parle là d’un enjeu de santé publique, dans lequel ce distributeur a un rôle à jouer. Ils commercialisent en effet dans leur gamme distributeur des produits trop gras, trop sucrés, trop salés qu’ils promeuvent directement auprès des enfants.
Ensemble, continuons à secouer les distributeurs ! Notre mobilisation les met face à leurs responsabilités et exposent le décalage entre leur communication et la réalité de leurs actions pour protéger la santé des enfants.
Vers une règlementation encadrant le marketing de la malbouffe ciblant les enfants
Interpeller les distributeurs n’est qu’une étape dans le combat pour interdire ces pratiques : seule une règlementation contraignante permettra de bannir le marketing et la publicité de la malbouffe ciblant les enfants.
Les pouvoirs publics se réfugient derrière l’auto-régulation de l’industrie agroalimentaire. Le Baromètre des engagements de foodwatch le prouve : la majorité des distributeurs se cache derrière un éventail de mesures hors sujet et ne prennent pas d’engagements sérieux pour protéger la santé des enfants. La bonne volonté des industriels n’est donc pas suffisante. foodwatch le demande depuis plusieurs années déjà : le gouvernement doit prendre ses responsabilités et légiférer !
Une interdiction stricte réduirait durablement et efficacement l’exposition des enfants à des produits alimentaires dangereux pour leur santé. Il s’agirait d’interdire toute forme de message publicitaire et activité promotionnelle (incluant sponsoring, placement de produit et promotion) ciblant les enfants de moins de 16 ans pour des produits alimentaires et des boissons trop riches en sucre, sel et/ou matières grasses, sur tout support de communication (télévision, site web, réseaux sociaux, jeux vidéo, étiquetage, etc.).
Ce ne serait pas une première : plusieurs États à travers le monde, comme le Chili ou le Royaume-Uni, ont d’ailleurs suivi l’avis des expert∙es en légiférant sur le sujet : ces encadrements ont eu des impacts positifs scientifiquement avérés sur la santé des enfants. L’Allemagne semble emboiter le pas, l’Espagne aussi - la France doit suivre le mouvement pour enfin protéger activement la santé des enfants !
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